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Bolivie : le président Evo Morales face au référendum révocatoire

LA PAZ, 11 mai 2008 (LatinReporters.com) - Les observateurs fixent à août ou septembre 2008 la date du référendum dit révocatoire en Bolivie. L'occasion pour les Boliviens de dire oui, tu restes, ou non, fais tes valises, à leur président amérindien de gauche Evo Morales. Son allié vénézuélien Hugo Chavez avait survécu en 2004 à cette version sud-américaine de la roulette russe.

Dernière heure : en promulguant lundi 12 mai la loi sur le référendum révocatoire, le président Morales a fixé au 10 août 2008 la date de ce référendum.

Référendum révocatoire et démocratie

Introduite dans la Constitution du Venezuela par le président Hugo Chavez, la possibilité d'un référendum révocatoire visant les élus de divers échelons, y compris le chef de l'Etat, est souvent présentée comme le fleuron démocratique du socialisme dit bolivarien dont se réclame aussi Evo Morales.

Toutefois, le député chaviste Luis Tascon publia la liste des plus de 2,5 millions de Vénézuéliens qui obtinrent la convocation, en août 2004, d'un référendum révocatoire contre Chavez, lequel surmonta l'épreuve. L'opposition vénézuélienne affirme que la "liste Tascon" servirait aujourd'hui encore à écarter des emplois publics les signataires de la sollicitude du référendum.

En Bolivie, ce dérapage grave n'est pas à craindre, du moins aujourd'hui, puisque le référendum révocatoire est activé à la fois par le président Morales et son opposition parlementaire, sans nécessité de l'aval d'un contingent d'électeurs. Evo Morales a besoin d'un plébiscite. Ses adversaires croient que les urnes le désavoueront et qu'il devra s'en aller.
Le président Morales n'a pas encore franchi l'équateur de son mandat de cinq ans. Il avait élaboré l'an dernier la loi introduisant le référendum révocatoire, mais c'est l'opposition conservatrice qui vient de l'activer en débloquant son vote final au Sénat.

Pour défenestrer Evo Morales, il faudra qu'au référendum le non surpasse à la fois les 53,7% et les 1.544.374 voix de son triomphe à la présidentielle de décembre 2005.

"Les urnes et non les armes", comme le dit Evo Morales, seraient donc appelées à dénouer la crise, à conjurer les risques d'une guerre civile entre, d'une part, l'ouest andin défavorisé où dominent les autochtones de gauche et, d'autre part, l'est amazonien riche en hydrocarbures que veut gérer une majorité de libéraux blancs et métis.

Jugeant illégale pour vices de forme et de fond le projet de nouvelle Constitution socialiste et indigéniste du président Morales, le département de Santa Cruz, le plus vaste et le plus riche de Bolivie, a plébiscité le 4 mai par 85,6% de oui son autonomie régionale.

Les départements de Pando, Beni et Tarija comptent faire de même en juin. La fièvre des autonomies, qualifiées aussi d'illégales, coupe ainsi le pays en deux, couvrant la totalité de l'orient bolivien.

Evo Morales y voit un "complot impérialiste". Le vénézuélien Hugo Chavez se dit prêt à le soutenir militairement.

L'opposition bolivienne est persuadée que le référendum révocatoire sera fatal au président Morales, mais ce dernier croit que le peuple, dont il se réclame, balaiera plutôt les gouverneurs qui ont pris la tête de la fronde régionale.

Le référendum révocatoire décidera en effet non seulement de la continuité du chef de l'Etat, mais aussi de celle des gouverneurs des neuf départements boliviens.




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