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Tests ADN: "forte probabilité" que la guérilla ne détienne plus Emmanuel
Colombie : Chavez mantient l'Opération Emmanuel et "offensive générale" verbale des FARC

CARACAS / BOGOTA, vendredi 4 janvier 2008 (LatinReporters.com) - Les tests ADN ont indiqué vendredi à Bogota avec une "très forte probabilité" que la guérilla marxiste colombienne des FARC ne détiendrait plus le petit Emmanuel. La récupération apparemment frustrée en Colombie de trois otages des FARC, baptisée "Opération Emmanuel" par son organisateur, le président Hugo Chavez du Venezuela, "se poursuit" déclarait néanmoins ce dernier jeudi soir à Caracas. Le chef présumé des FARC, Manuel Marulanda, rêve par ailleurs d'une "offensive générale".

"L'opération se poursuit, mais maintenant je ne dois en dire quasi rien, je n'en dis pas plus... Cela fait partie de la nouvelle phase" a affirmé au soir du 3 janvier le président Chavez en s'exprimant par téléphone sur la chaîne publique de télévision VTV. Il a de nouveau accusé le président colombien Alvaro Uribe d'avoir lancé le 31 décembre "une boule de fumée pour enterrer l'opération".

Hugo Chavez "nous a dit que cela continue et d'avoir confiance... l'opération n'est pas suspendue" a confirmé dans un hôtel de Caracas Patricia Perdomo, fille de l'ex-parlementaire et otage colombienne Consuelo Gonzalez de Perdomo.

Le petit Emmanuel, né en captivité il y a près de quatre ans, sa mère Clara Rojas, enlevée par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en février 2002 avec Ingrid Betancourt dont elle était la plus proche collaboratrice politique, ainsi que l'ancienne députée Consuelo Gonzalez de Perdomo sont les trois otages colombiens que la guérilla promettait de remettre au président Chavez ou à la personne qu'il désignerait, selon un communiqué diffusé par les rebelles le 18 décembre dernier.

Mais le 31 décembre, un autre communiqué des FARC, lu à Caracas par Hugo Chavez qui exprimait sa confiance aux rebelles,  invoquait "les intenses opérations militaires" de l'armée colombienne pour justifier un report indéfini par la guérilla de la libération des trois otages dans le sud de la Colombie. Le président colombien Alvaro Uribe répliquait que les FARC n'avaient pas procédé à la triple libération attendue parce que "l'enfant Emmanuel n'est plus en leur pouvoir".

Emmanuel serait à Bogota

Le procureur général de la Colombie, Mario Iguaran, a affirmé vendredi que le résultat de tests ADN pratiqués sur la mère et le frère de Clara Rojas confirment "de manière préliminaire", mais avec "une très forte probabilité" qu'Emmanuel et un garçonnet aux mêmes caractéristiques, placé à Bogota dans une famille d'accueil par l'Institut colombien du bien être familial (ICBF) sous le nom de Juan David Gomez Tapiero, sont une seule et même personne comme le supposait Alvaro Uribe. Selon une source proche du ministère de la Justice, il resterait une petite marge d'erreur et d'autres tests seraient réalisés en Espagne pour obtenir la certitude complète.

Contrairement à ce qu'elle escomptait, la guérilla n'aurait pas pu récupérer Emmanuel, confié en juin 2005 par les FARC à un Colombien. Ce dernier se fit passer d'abord pour le grand-oncle du bambin au moment de sa prise en charge par l'ICBF après une hospitalisation, puis pour son père en tentant de le récupérer en décembre dernier sur ordre des FARC, avant de tout avouer aux autorités alertées par sa démarche suspecte et par d'autres indices.

Cette hypothèse explosive désormais quasi confirmée aurait été lancée par Alvaro Uribe "pour dynamiter l'opération" humanitaire accusait Hugo Chavez le 31 décembre. Ce jour-là, l'ex-président argentin Nestor Kirchner et les autres membres de la délégation internationale de sept pays (Argentine, Bolivie, Brésil, Cuba, Equateur, France, Suisse) qui devaient, en collaboration avec la Colombie et le Venezuela, avaliser et garantir la libération frustrée des trois otages des FARC quittaient la base opérationnelle colombienne de Villavicencio. Les quatre hélicoptères vénézuéliens engagés dans l'opération sous l'emblème de la Croix-Rouge regagnaient le Venezuela le 3 janvier.

Le fiasco clôturait ainsi une semaine de spectacle médiatique international, plus politique qu'humanitaire. Le président Chavez n'excluait pas une opération "clandestine", quoique plus "risquée", pour recueillir des mains de la guérilla Clara Rojas, Emmanuel et l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez.

En affirmant maintenant que "l'opération se poursuit... dans une nouvelle phase", le président Chavez confirme-t-il qu'il a choisi d'impliquer le Venezuela dans une opération clandestine, menée en Colombie avec une guérilla considérée officiellement comme terroriste par l'Union européenne et par les Etats-Unis? Où verra-t-on plutôt apparaître les otages (un Emmanuel y compris?) en territoire vénézuélien, où les FARC sont plus que tolérées? Et des otages importants, Ingrid Betancourt et d'autres, ne seraient-ils pas depuis longtemps séquestrés par les FARC au Venezuela même, afin que l'armée colombienne ne puisse ravir aux rebelles leur principal atout pour forcer une négociation sous leurs conditions?

FARC : "Commencer à préparer les conditions pour organiser une offensive générale"

Dans un message de Noël daté du 24 décembre 2007, mais dont le texte intégral n'a été diffusé que le 2 janvier par l'Agence bolivarienne de presse (ABP) proche de la guérilla, le rêve d'une "offensive générale" contre le régime du président conservateur colombien Alvaro Uribe est caressé par Manuel Marulanda, chef présumé des FARC qu'il a créées en 1964. Présumé, car cet homme âgé en principe de 77 ans est médiatiquement invisible depuis 2002 et sa mort est une hypothèse parmi d'autres.

"Il convient de mettre à profit la crise générale que traverse le gouvernement et la fatigue reflétée dans certaines unités militaires pour commencer à préparer les conditions pour organiser une offensive générale" lit-on au début du troisième tiers du long message idéologique signé Manuel Marulanda Vélez et intitulé simplement  "Salut de Manuel Marulanda Vélez, commandant en chef des FARC".

Ni l'ABP ni sa consoeur idéologique ANNCOL, qui avait déjà diffusé de brefs extraits du message, n'ont mis en valeur, dans le titre ou d'une autre façon, ladite "offensive générale" qui n'est, selon les termes mêmes de Marulanda, qu'au début, pas encore concrétisé, du commencement de la préparation de son organisation...

Il faut lire la presse européenne pour découvrir des titres tels que "Offensive générale des FARC", semblant annoncer la prise imminente de Bogota. Dans les embouteillages de ces jours de fête, sur des routes encombrées que la guérilla dominait ou menaçait encore il y a quatre ou cinq ans, les Colombiens semblent peu préoccupés. Et le président Alvaro Uribe, réélu à la majorité absolue dès le premier tour en mai 2006, conserve dans les sondages une popularité supérieure à 70%.




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