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Les tests ADN avaient donné raison au président Alvaro Uribe
Colombie - otages : les FARC admettent qu'Emmanuel est à Bogota

BOGOTA, samedi 5 janvier 2008 (LatinReporters.com) - La guérilla marxiste colombienne des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) reconnaît samedi dans un communiqué que l'un de ses otages emblématiques, l'enfant Emmanuel, n'est plus en son pouvoir et se trouve à Bogota. Le résultat de tests ADN l'avait déjà confirmé le 4 janvier, donnant raison au président colombien Alvaro Uribe contre les affirmations initiales des FARC et du président vénézuélien Hugo Chavez.

Le petit Emmanuel, né en captivité il y a près de quatre ans, sa mère Clara Rojas, enlevée par les FARC en février 2002 avec Ingrid Betancourt dont elle était la plus proche collaboratrice politique, ainsi que l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez de Perdomo étaient les trois otages colombiens que la guérilla promettait de libérer unilatéralement fin décembre 2007 dans le cadre de la très médiatisée "Opération Emmanuel" organisée par le président Hugo Chavez du Venezuela.

Avec l'accord du président colombien Alvaro Uribe, cette opération avait été préparée en Colombie avec des hélicoptères vénézuéliens, sous l'égide de la Croix-Rouge et en présence d'observateurs de sept pays (Argentine, Bolivie, Brésil, Cuba, Equateur, France, Suisse). Mais le 31 décembre, un communiqué des FARC, lu à Caracas par Hugo Chavez qui exprimait sa confiance aux rebelles, invoquait "les intenses opérations militaires" de l'armée colombienne pour justifier un report indéfini par la guérilla de la libération des trois otages dans le sud de la Colombie.

Le président colombien Alvaro Uribe répliquait alors que les FARC n'avaient pas procédé à la triple libération attendue parce que "l'enfant Emmanuel n'est plus en leur pouvoir". Donnant raison au président Uribe, le résultat de tests ADN pratiqués sur la mère et le frère de Clara Rojas confirmait le 4 janvier, avec "une très forte probabilité", qu'Emmanuel et un garçonnet placé à Bogota dans une famille d'accueil par l'Institut colombien du bien être familial (ICBF) sous le nom de Juan David Gomez Tapiero sont une seule et même personne.

Contrairement à ce qu'elle escomptait, la guérilla n'aurait pas pu récupérer Emmanuel, confié en 2005 par les FARC à un Colombien. Ce dernier, selon la thèse officielle, se fit passer d'abord pour le grand-oncle du bambin au moment de sa prise en charge par l'ICBF après une hospitalisation d'Emmanuel en juin 2005, puis pour son père en tentant de le récupérer en décembre dernier sur ordre des FARC, avant de tout avouer aux autorités alertées par sa démarche suspecte et par d'autres indices.

Dans son communiqué diffusé le 5 janvier par l'agence ANNCOL, proche des FARC, la guérilla admet ne plus détenir Emmanuel et s'en explique en prétendant que ce serait le président Uribe qui "séquestre" désormais le garçonnet à Bogota.

Extraits du communiqué des FARC :

"Le gouvernement narco-paramilitaire d'Uribe Vélez, après avoir consulté son maître à Washington, s'est résolu à séquestrer à Bogota l'enfant Emmanuel dans l'intention malheureuse de saboter la remise de sa mère Clara Rojas et de Consuelo Gonzalez de Perdomo au président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez...

...L'opinion publique nationale et internationale comprend très bien qu'Emmanuel ne pouvait pas demeurer au milieu des opérations de guerre du Plan Patriote
[vaste offensive de l'armée colombienne; ndlr], des bombardements et des combats, de mouvements permanents et des contingences de la jungle. C'est pourquoi cet enfant, de père guérillero, a été confié à Bogota aux soins de personnes honnêtes jusqu'à la signature de l'accord humanitaire. Uribe ... séquestre maintenant Emmanuel ... Emmanuel allait être remis, avec sa mère, au président Chavez du Venezuela...

...Le processus de libération de Clara Rojas et Consuelo Gonzalez de Perdomo suivra son cours, comme nous l'avons offert au gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela...".


Victoire morale et politique d'Alvaro Uribe

Dans leur communiqué, les FARC réitèrent "la nécessité de démilitariser Pradera et Florida" [deux municipalités comptant ensemble plus de 110.000 habitants et s'étendant sur 800 km² dans le sud-ouest colombien; ndlr], pour y négocier "l'échange humanitaire avec, obligatoirement, l'accompagnement de la communauté internationale". Il s'agit de l'échange d'une quarantaine d'otages dits politiques de la guérilla, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains, contre les quelque 500 guérilleros emprisonnés, y compris deux chefs des FARC extradés aux Etats-Unis pour y répondre d'enlèvements et de trafic de drogue.

La guérilla juge aussi "nécessaire" la poursuite de "l'engagement humanitaire" du président vénézuélien Hugo Chavez "dans la recherche d'une solution politique et diplomatique au conflit social et armé que vit la Colombie".

Néanmoins, les observateurs politiques notent en Colombie que tant ladite "communauté internationale" que le président Chavez ont été placés dans une position délicate, voire ridiculisés, par le fiasco de "l'Opération Emmanuel" et l'éclatement de la vérité sur le sort du fils de Clara Rojas.

Les FARC et leur allié idéologique Hugo Chavez subissent une forte érosion de crédibilité. Par contre, celle du président Uribe est renforcée. Systématiquement critiqué par divers médias et associations dans certains pays européens (mais quasi pas en Espagne, où l'on connaît mieux l'Amérique latine), souvent vilipendé aussi par des membres de la famille d'Ingrid Betancourt qui affirment parfois "faire plus confiance aux FARC qu'à Alvaro Uribe", le chef de l'Etat colombien vient de remporter une importante victoire morale et politique.




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