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Seul le président Uribe est plus populaire que la célèbre otage
Colombie - Ingrid Betancourt en route vers la présidence, malgré les barbelés des FARC

Liberté! pour Ingrid Betancourt
Affiche de www.Betancourt.info
BOGOTA, vendredi 14 mars 2008 (LatinReporters.com) - Devancée seulement par la popularité (opinions favorables) sans précédent de 84% du président conservateur Alvaro Uribe, celle de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ex-candidate présidentielle otage de la guérilla des FARC depuis plus de six ans, atteint 71% et surpasse la popularité des autres personnalités publiques du pays. Ces chiffres d'un sondage Gallup Colombia ont été diffusés le 13 mars.

Enlevée le 23 février 2002, Ingrid Betancourt, 46 ans, est plus populaire que les notables politiques régulièrement cités par les médias colombiens comme candidats potentiels à la succession du président Uribe, pour autant que ce dernier ne brigue pas en 2010 un troisième mandat comme l'y poussent ses partisans en dépit d'obstacles constitutionnels.

C'est peut-être la première fois depuis 2002 que la popularité d'Ingrid Betancourt émerge dans un sondage politique colombien, comme une prime à sa dignité, mieux mesurée aujourd'hui, dans un calvaire hors du commun.

"Elle sera un jour présidente de la Colombie!" s'exclamait il y a deux semaines l'un de ses compagnons de séquestration, l'ancien sénateur Luis Eladio Pérez, libéré par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) le 27 février dernier. En captivité, dans la jungle et souvent derrière des barbelés, Ingrid lui confiait sa vision politique d'une nouvelle Colombie.

"La guérilla s'est acharnée sur Ingrid Betancourt" indiquait l'ex-parlementaire, relevant la fermeté et l'attitude de défi de la Franco-Colombienne face à ses geôliers. La confirmation qu'elle ne s'est toujours pas rendue apparaissait dans un message récupéré de l'ordinateur de Raul Reyes, le numéro deux des FARC abattu le 1er mars près de la frontière colombo-équatorienne. "Cette dame est d'un tempérament volcanique, elle est grossière et provocatrice avec les guérilleros chargés de s'occuper d'elle. En outre, s'y connaissant en image et sémiologie, elle les utilise comme impact contre les FARC" écrivait Reyes au secrétariat (commandement collectif) de la guérilla.

Mais Luis Eladio Pérez a averti qu'Ingrid Betancourt, "dans un état physique et émotionnel délicat, très malade et physiquement et moralement épuisée, est peut-être encore plus diminuée" que sur les dernières preuves de vie, photo et vidéo, qui soulevèrent une émotion internationale fin novembre 2007.

Cette double image de souffrance et d'insoumission dans son bagne "révolutionnaire" a probablement forgé la popularité actuelle d'Ingrid. Elle était déjà grande à l'étranger, notamment en France. Mais en Colombie, la gloire de son époque de sénatrice s'était évaporée et son retour à la pointe des préférences des Colombiens était suffisamment inattendu pour que l'édition digitale de l'influent quotidien El Tiempo parle jeudi de "surprise".

Ingrid Betancourt fut critiquée par nombre de Colombiens pour s'être jetée dans la gueule du loup, malgré les avertissements officiels, sur une route du sud contrôlée par les FARC. En outre, l'intense pression diplomatique française sur Bogota en faveur de négociations avec la guérilla pour qu'elle libère la célèbre otage a longtemps importuné les Colombiens. Alors qu'elle était déjà séquestrée depuis près de trois mois, Ingrid se classa cinquième de l'élection présidentielle de mai 2002, sur le modeste score de 53.922 voix, soit moins d'un pour cent des suffrages (0,49% exactement). Une loi spéciale autorise en Colombie le maintien sur les listes électorales de candidats enlevés par la guérilla.

Si elle est libérée avant 2010 (la probabilité en est grande), Ingrid Betancourt aura des chances plus que raisonnables de devenir à Bogota la locataire du palais présidentiel de Nariño si sa popularité de 71% se maintient ou progresse.

Elle précède désormais d'un point l'éventuelle candidate à la présidence favorite de sondages précédents, l'ancienne ministre des Relations extérieures Noemi Sanin (popularité de 70%). Cette femme de caractère au grand charme brigua aussi la charge suprême en 2002, se classant 4e. Elle est aujourd'hui ambassadrice de Colombie à Londres.

Mais si Ingrid Betancourt ambitionne vraiment encore la présidence, il faut lui souhaiter d'abord, certes, d'être libérée, mais aussi de ne pas l'être de la main du président vénézuélien Hugo Chavez, allié idéologique des FARC auquel la guérilla a remis six otages depuis le début de l'année. Car, à en croire le sondage de Gallup Colombia, Hugo Chavez est détesté par 90% des Colombiens. Etre son obligée ne serait donc pas un capital politique bénéfique.

Preuve en est qu'une protégée du président vénézuélien et autre possible pré-candidate présidentielle, la sénatrice colombienne Piedad Cordoba, associée par les FARC et Chavez aux récentes libérations d'otages, ne recueille que 20% d'opinions favorables. Une réalité dont devra tenir compte la mère d'Ingrid Betancourt, Yolanda Pulecio. Elle critique plus le gouvernement colombien que les FARC et courtise le principal allié des guérilleros terroristes, Hugo Chavez.

Basé sur 1.000 entretiens téléphoniques à Bogota, Medellin, Cali et Barranquilla, le sondage a été effectué du 4 au 6 mars. Une grave crise diplomatique, dramatisée par des mouvements de troupes, opposait ces jours-là Bogota à Caracas et Quito après l'attaque qui permit à l'armée colombienne d'abattre le chef rebelle Raul Reyes dans un camp des FARC au nord de l'Equateur. Hugo Chavez menaçait alors d'entrer en guerre contre la Colombie si elle lançait une opération similaire au Venezuela.

Les Colombiens se sont unis autour de leur président note Jorge Londoño, gérant de Gallup Colombia, expliquant ainsi la popularité de 84% d'Alvaro Uribe, record de ses quasi six années de présidence.




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