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Espagne: répercussions de la victoire des indépendantistes monténégrins
ETA, Basques, Catalans et José Luis Rodriguez... Monténégro!

Javier Solana (à gauche) et José Luis Rodriguez Zapatero, deux socialistes espagnols concernés par le Monténégro
Photo Conseil de l'Union européenne
MADRID, lundi 22 mai 2006 (LatinReporters.com) - Référendum le 18 juin pour faire de la Catalogne une quasi nation. Dialogue officiel, dès juin aussi, entre l'Espagne et les indépendantistes basques de l'ETA... José Luis Rodriguez Zapatero, président socialiste du gouvernement espagnol, enfantera-t-il, fût-ce malgré lui, des Monténégros ibériques?

Dimanche, le jour même où les électeurs du Monténégro choisissaient l'indépendance, M. Zapatero confirmait au Pays basque son prochain tête à tête avec les pistoleros séparatistes.

Catalans et Basques trottinent patiemment vers l'autodétermination. Les premiers par la stratégie politique, les seconds en agitant en plus le sang versé et celui qui pourrait l'être.

Rien à voir avec le Monténégro, bientôt nation et Etat avec l'aval de l'Union européenne? Tout rapprochement entre dépeçage des Balkans et débat territorial ibérique relève du "delirium tremens" décrète à Bruxelles un autre socialiste espagnol, Javier Solana, le Monsieur Europe de la diplomatie communautaire. (En 1999, alors secrétaire général de l'OTAN, c'est le délire des bombes qu'il fit pleuvoir sur Belgrade, sans passer par le Conseil de sécurité des Nations unies).

Delirium ou non, le secrétaire à la Coopération extérieure du gouvernement régional catalan, Albert Royo i Mariné, saluait dimanche soir à Podgorica, métropole du Monténégro, le "précédent historique" du "premier processus d'indépendance mené sous la tutelle de l'Union européenne".

Enthousiasme identique de la délégation du gouvernement régional basque, dépêchée elle aussi à Podgorica. "Aujourd'hui en Europe, on peut décider démocratiquement du futur politique d'un pays et résoudre ainsi un conflit historique" dit dans un communiqué cette délégation conduite par Iñaki Aguirre, secrétaire général à l'Action extérieure du gouvernement basque.

Le référendum sur l'indépendance du Monténégro prouve la capacité de l'Union européenne d'organiser des processus d'autodétermination estimait en substance dès le 18 mai Arnaldo Otegi, leader du parti interdit Batasuna, vitrine politique de l'ETA, et acteur clé du processus de paix ouvert par M. Zapatero au Pays basque.

Le 24 mai, à Madrid, le secrétaire général de la Gauche Républicaine Catalane (ERC, indépendantiste), Joan Puigcercos, priera José Luis Rodriguez Zapatero de répondre en séance plénière du Congrès des députés à la question suivante: "Quelle est l'opinion du gouvernement [espagnol] à propos du dénouement du référendum sur la constitution en Etat de l'ex-République yougoslave du Monténégro, avec la reconnaissance par les autorités serbes du droit des Monténégrins à décider?"

Joseba Azkarraga, ministre régional de la Justice du gouvernement basque, souhaite clairement que les Basques puissent eux aussi décider rapidement. Tant les nationalistes dits modérés dont relève M. Azkarraga que les indépendantistes radicaux dans la mouvance de l'ETA estiment que l'autodétermination est un droit universel reconnu par les Nations unies.

Dans ce débat, M. Zapatero a déjà plusieurs fois relevé que la Constitution espagnole ignore l'autodétermination, qui ne pourrait en conséquence faire l'objet d'aucune négociation.

Mais l'essentiel aux yeux des Basques et des Catalans est que l'Union Européenne soit désormais capable d'avaliser un processus d'autodétermination avec des règles claires définies pour le référendum du Monténégro: seuils de 50% de participation électorale et de 55% de oui pour que l'indépendance l'emporte.

Ce précédent et ces chiffres, pas le moins du monde excessifs dans les cas basque et catalan, pèseront sur le futur de l'Espagne. Pour avoir ravivé les autonomies régionales par tactique électorale et parlementaire afin de conquérir en 2004 un pouvoir que lui offrirent plus facilement encore les attentats islamistes de Madrid, le socialiste Zapatero méritera-t-il malgré lui, dans les manuels d'histoire, le nom de José Luis Rodriguez Monténégro?




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