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Le président sandiniste du Nicaragua annule son voyage à Asunción
Paraguay-Lugo: le "violeur" Daniel Ortega indésirable au sacre du président Fernando Lugo

ASUNCION, vendredi 15 août 2008 (LatinReporters.com) - Gloria Rubin, en principe prochaine ministre de la Femme dans le gouvernement du nouveau président de gauche du Paraguay, l'ex-évêque Fernando Lugo, traite de "violeur" et de "coupable d'abus" ("violador", "abusador") le président sandiniste du Nicaragua, Daniel Ortega. Ce dernier a annulé son voyage à Asunción où il devait assister le 15 août à l'investiture du président Lugo.

Annoncée le 14 août par le gouvernement nicaraguayen, qui l'a justifiée par "des engagements intérieurs", l'annulation s'est produite au milieu d'une polémique ouverte au Paraguay pour protester contre la présence programmée de Daniel Ortega au sacre présidentiel de Fernando Lugo.

Les médias paraguayens publiaient le même 14 août un communiqué dans lequel des associations de femmes, des intellectuels, des groupes de défenses des droits humains et diverses organisations non gouvernementales rejetaient "la présence en qualité d'invité officiel" à Asunción du "violeur Daniel Ortega Saavedra, qui a réduit en esclavage sexuel pendant 20 ans la fille [Zoilamérica Narváez] de son épouse [Rosario Murillo]".

La future ministre paraguayenne Gloria Rubin est l'une des signataires de ce communiqué. Elle estime que son opinion "personnelle" sur Daniel Ortega "n'engage pas le président Lugo... En me faisant l'honneur de me choisir [comme ministre de la Femme], il m'a dit que j'avais les mains libres pour défendre mes principes et mes convictions". Gloria Rubin est aussi fondatrice de l'organisation "Kuñá Aty" ("Réunion de femmes", en guarani), qui offre assistance légale et psychologique aux femmes maltraitées et sans protection.

Les signataires du communiqué prient la Cour interaméricaine des droits de l'homme, établie au Costa Rica, "de se prononcer dans un délai raisonnable sur le cas très grave de déni de justice ouvert contre la République du Nicaragua".

Le scandale entourant Daniel Ortega remonte à 1998. Cette année-là, Zoilamérica Narváez l'accusait devant un tribunal de Managua de lui avoir infligé des abus sexuels et diverses agressions physiques et psychologiques dès 1979, alors qu'elle n'avait que 11 ans.

Les sévices que Zoilamérica impute à son beau-père, second mari de sa mère, présentent Daniel Ortega comme un pédophile d'une perversion, d'une immoralité et d'un sadisme rares. La simple lecture de la relation de ces sévices présumés est souvent insupportable.

La justice du Nicaragua ayant considéré prescrits les faits supposés toujours niés par Daniel Ortega, le dossier a été porté devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme par Zoilamérica, aujourd'hui sociologue de 41 ans, mariée et mère de famille.

"Je crois Zoilamérica. Elle ne s'exposerait pas publiquement de cette façon pour soutenir un mensonge, elle qui est mariée, avec un époux, avec des enfants. Ce n'est pas facile pour une femme d'exprimer des choses aussi douloureuses. Je la crois parce que je suis aussi femme et parce que je respecte son courage de dénoncer des faits aussi durs que ceux qui lui ont été infligés" a insisté la future ministre paraguayenne Gloria Rubin dans une brève interview publiée le 15 août par le journal nicaraguayen La Prensa.

L'absence inattendue et apparemment honteuse de Daniel Ortega à l'investiture de Fernando Lugo occupe de larges espaces dans les médias du Paraguay et du Nicaragua. "Les femmes domptent Ortega" titrait vendredi à la une La Prensa sur les photos de Zoilamérica, Daniel Ortega et Gloria Rubin. Ce scandale et la solidarité féministe sans frontières risquent de compliquer désormais nombre de déplacements internationaux du leader sandiniste.

Président du Nicaragua de 1985 à 1990, Daniel Ortega, 63 ans aujourd'hui, obtint un nouveau mandat en novembre 2006 avec à peine 38% des suffrages. Cette victoire lors de l'élection présidentielle à tour unique ne fut possible que grâce à la division en deux camps antagonistes d'un électorat libéral largement majoritaire.

Comme le Vénézuélien Hugo Chavez, le Bolivien Evo Morales et l'Equatorien Rafael Correa, le président Daniel Ortega devait parrainer symboliquement à Asunción l'entrée supposée du Paraguay de Fernando Lugo, surnommé "l'évêque des pauvres", dans le camp de la gauche radicale latino-américaine.


Dernière heure
ORTEGA ABSENT AUSSI À L'INVESTITURE DU PRÉSIDENT DOMINICAIN

MANAGUA, samedi 16 août 2008 (LatinReporters) - Après la soudaine annulation de sa présence à l'investiture du président paraguayen Fernando Lugo, le 15 août à Asunción, le président nicaraguayen Daniel Ortega vient aussi de renoncer à assister, ce 16 août à Saint-Domingue, à l'investiture de Leonel Fernandez, président de la République dominicaine.

Des problèmes techniques aériens ont été ajoutés aux "engagements intérieurs" pour expliquer officiellement l'inattendue bouffée de sédentarité du leader sandiniste.

De nombreux observateurs sont convaincus que l'allié nicaraguayen du président vénézuélien Hugo Chavez au sein de la gauche radicale latino-américaine veut éviter les projecteurs de l'actualité au moment où divers médias et organisations de droits humains de la région relancent le scandale des abus sexuels présumés de Daniel Ortega sur Zoilamérica Narváez (voir article ci-dessus).

Le dossier est entre les mains de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, qui siège au Costa Rica.

La Paraguayenne Gloria Rubin, signataire d'un communiqué dans lequel le président Ortega est qualifié de "violeur" ayant "réduit en esclavage sexuel pendant 20 ans la fille [Zoilamérica Narváez] de son épouse [Rosario Murillo]", a été investie officiellement le 15 août secrétaire à la Femme, avec rang ministériel, du gouvernement de Fernando Lugo, le nouveau président du Paraguay.




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