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Alors que renaît la guerre froide entre Washington et Moscou
Venezuela-Russie: manoeuvres militaires navales conjointes en mer des Caraïbes

CARACAS, dimanche 7 septembre 2008 (LatinReporters.com) - Alors que renaît un climat de guerre froide entre Washington et Moscou, des forces navales de la Russie et du Venezuela antiaméricain de Hugo Chavez effectueront des manoeuvres conjointes sans précédent dans la mer des Caraïbes, du 10 au 14 novembre prochains, a annoncé le 6 septembre l'état-major naval vénézuélien.

L'annonce de ces manoeuvres militaires survient alors que la crise du Caucase fait régner une vive tension diplomatique entre les Etats-Unis et la Russie, devenue le principal fournisseur d'armes du Venezuela.

Contrairement à Washington et à l'Union européenne, qui ont condamné la reconnaissance par Moscou de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, le président vénézuélien Hugo Chavez estimait fin août que la Russie "a répondu dignement" à la guerre déclenchée par la Géorgie qui voudrait conserver ces deux régions caucasiennes avec l'appui diplomatique et économique des puissances occidentales.

Le 2 septembre, le Nicaragua du président sandiniste Daniel Ortega, allié du socialisme radical de Hugo Chavez, a été jusqu'à reconnaître lui aussi officiellement, comme la Russie, l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

C'est la première fois depuis la dislocation de l'Union soviétique que l'Amérique latine redevient l'un des théâtres potentiels d'une guerre froide naissante, au moment où la région est dominée par des régimes de gauche inquiets de la réactivation de la 4e flotte américaine dans la mer des Caraïbes et dans l'Atlantique Sud.

La Russie, qui veut réaffirmer son statut de puissance mondiale, a déjà vendu au Venezuela 24 avions de chasse Sukhoï, 53 hélicoptères et 100.000 fusils Kalachnikov pour un total de plus de trois milliards de dollars. Hugo Chavez, voisin ombrageux de la Colombie armée par les Etats-Unis, a en outre envisagé publiquement à diverses reprises l'achat de sous-marins russes. Le 31 août dernier, il confirmait qu'arrivera "bientôt" au Venezuela "un système intégral de défense antiaérienne à longue portée" de fabrication russe, incluant des missiles d'une portée de 200 km.

Du 10 au 14 novembre prochains, quatre navires et un millier de militaires russes et, pour la partie vénézuélienne, des frégates équipées de missiles, des patrouilleurs, des sous-marins et des unités aéro-navales participeront aux manoeuvres a déclaré le contre-amiral Salbatore Cammarata, directeur du Renseignement stratégique de l'état-major naval du Venezuela.

Selon le contre-amiral, cité le 6 septembre par plusieurs quotidiens de Caracas (notamment Ultimas Noticias et Vea), des manoeuvres d'une telle nature n'auraient pas de précédent en Amérique latine. Leur objectif, dit-il, est de renforcer "les liens d'amitié et de coopération" entre les forces navales russes et vénézuéliennes.

Salbatore Cammarata révèle qu'une délégation russe conduite par le commandant en chef de la marine russe, Popov Fedorovich, s'était rendue au Venezuela, à une date non précisée, pour planifier les manoeuvres de novembre.

"Si un jour une flotte russe venait aux Caraïbes, nous hisserions les drapeaux, nous frapperions les tambours et ferions entendre l'hymne du Venezuela et l'hymne de la Russie, car ce serait la venue d'un ami qui viendrait nous donner la main. Ce serait l'arrivée d'un allié. La Russie s'est convertie aujourd'hui en l'un de nos principaux alliés" déclarait le président Chavez le 22 juillet, lors d'une conférence de presse pendant sa dernière visite à Moscou.

L'agence d'information russe Interfax, aussitôt reprise par les agences internationales, en déduisait alors que Hugo Chavez invitait la Russie à établir des bases militaires au Venezuela. Le président Chavez a fermement démenti cette interprétation, précisant que la Constitution bolivarienne du Venezuela prohibe la présence de bases militaires étrangères sur le sol national.

Hugo Chavez déclarait encore, le 31 août, que si un bombardier stratégique russe faisant éventuellement le tour de la planète avait besoin d'une escale technique au Venezuela, elle lui serait accordée.




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