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Après son triomphe aux primaires avant la présidentielle d'octobre
Argentine : la réélection de Cristina Kirchner semble assurée
 

par Caroline Behague

BUENOS AIRES, vendredi 26 août 2011 (LatinReporters.com) - Sondage grandeur nature avant la présidentielle du 23 octobre prochain, les élections primaires du 14 août, obligatoires pour les partis et les électeurs, ont définitivement bousculé le panorama politique de l'Argentine avec un vote massif pour la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, péroniste de gauche au pouvoir depuis 2007.

Eduardo Duhalde est parti en vacances, Ricardo Alfonsín sort de l'hôpital et Elisa Carrió a disparu de la circulation. Pas de doute: le résultat des primaires a mis KO les opposants à Cristina Kirchner. Le 14 août dernier, l'actuelle présidente a totalisé 50,07% des suffrages, laissant loin derrière Ricardo Alfonsín (Unión Cívica Radical) qui, avec 12,17%, arrivait en seconde position, coiffant sur le fil du rasoir l'ex-président et péroniste de centre droit Eduardo Duhalde (Partido Justicialista dissident), avec 12,16%.

Ces primaires ne laissent aucun doute sur l'issue de la présidentielle d'octobre. La veuve du président défunt Nestor Kirchner a obtenu 10.400.000 votes, ce qui permet d'envisager sa réélection dès le premier tour, d'autant que, selon la Constitution, elle serait acquise avec seulement plus de 45% des votes valables ou avec au moins 40% et plus de 10 points d'avance sur le concurrent le plus proche.

"Je ne m'y attendais pas" s'est surpris Anibal Fernandez, chef de cabinet de Cristina, "même si j'ai toujours été convaincu que nous allions clairement gagner".

Lune de miel

La situation économique est favorable à l'Argentine depuis 2003 avec un taux de croissance moyen se situant autour de 7% (exception faite de 2009). Le taux de chômage atteignait 7,3% au second trimestre 2011. Mais ce confort matériel - que fragilise néanmoins une forte inflation - n'explique pas à lui seul ce vote massif et cet état de grâce. Car en 2008, une réforme de la taxation agricole voulue par le couple présidentiel avait déclenché l'ire populaire et fait descendre des millions de personnes dans la rue.

Le mauvais résultat des élections législatives de 2009 avait fragilisé le pouvoir "K". Mais la commotion provoquée par le brusque décès de Nestor Kirchner, en octobre 2010, a créé un fort courant de sympathie envers Cristina Kirchner. La présidente s'est montrée fragile, sentimentale, évoquant son mari avec des tremblements dans la voix. Elle a cassé l'image autoritaire et hautaine que le couple cultivait jusqu'alors.

"Il faut approfondir le modèle. L'important c'est d'être Argentin, pas radical ou péroniste. Sans un projet pour le pays, il est impossible d'avancer" a déclaré la présidente dans un discours où la conciliation a désormais sa place

Qui tire son épingle du jeu?

L'opposition reste fragmentée. A l'exception d'Elisa Carrió, aucun des candidats présidentiels ne se décourage. Le bloc radical et le bloc péroniste dissident continueront donc à se livrer bataille, au plus grand bénéfice de Cristina Kirchner.

Néanmoins, l'opposition n'a pas que des déçus. Ainsi le gouverneur socialiste de la province de Santa Fé, Hermes Binner, a fait un score plus qu'honorable (10,26%). L'autre grand gagnant de cette primaire est un candidat qui a choisi de ne pas s'y présenter, Mauricio Macri. Il est décidé à consolider son pouvoir dans la capitale, Buenos Aires, où il vient d'être réélu maire avec une très confortable avance sur son rival "K", Daniel Filmus.

Locomotive du parti de centre droit Propuesta Republicana, Mauricio Macri s'est probablement épargné une humiliation en ne briguant pas cette année la présidence, mais il se place désormais comme le seul opposant crédible pour… 2015. Il a, par ailleurs, déclaré ne soutenir aucun des candidats en lice pour la présidentielle du 23 octobre.


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