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4,6 millions de chômeurs
Espagne : le chômage surpasse 20%, les Espagnols émigrent à nouveau

MADRID, mardi 27 avril 2010 (LatinReporters.com) - A la fin du premier trimestre 2010, le taux de chômage en Espagne atteignait 20,05% de la population active avec un total de 4.612.700 chômeurs, soit 286.200 de plus que fin décembre 2009, selon le quotidien madrilène ABC. Il citait mardi, trois jours avant sa publication officielle, l'enquête trimestrielle de l'Institut national de la statistique (INE). D'autres sources relèvent que la crise pousse les Espagnols à redécouvrir l'émigration.

L'enquête trimestrielle de population active de l'INE est considérée dans les milieux économiques comme le meilleur reflet de la situation réelle. Les enquêtes successives montrent que le nombre de chômeurs a littéralement explosé en Espagne, se multipliant par 2,4 depuis fin 2007, date des premiers effets de la crise économique et financière mondiale.

A l'époque, préparant les législatives qu'il gagna en mars 2008, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero niait pour raison électorale tout risque grave pour l'Espagne et rejetait les mesures d'austérité prônées par l'opposition conservatrice et les organismes internationaux. Les analystes attribuent la débâcle actuelle tant à cette attitude, qui conditionna longtemps M. Zapatero même après les élections, qu'au caractère peu compétitif de l'économie espagnole, trop dépendante de la construction et du tourisme.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'Espagne serait en 2010 la seule des grandes économies occidentales à souffrir encore d'une baisse de son produit intérieur brut. Il ne progresserait d'au moins 2%, seuil nécessaire pour résorber substantiellement le chômage, qu'à partir de ... 2016 ! prédit le FMI. Ce dernier s'est souvent trompé dans le passé, réplique la ministre espagnole de l'Economie et des Finances, Elena Salgado. Pour sa part, M. Zapatero affirme pour la ixième fois depuis le début de la crise que le chômage aurait atteint son plafond et devrait donc descendre dès les semaines qui viennent.

Il n'empêche qu'après la quasi faillite de la Grèce et les craintes pour le Portugal, l'Espagne suscite une méfiance très perceptible sur les marchés financiers internationaux.

C'est dès l'issue du premier trimestre 2009 que l'INE annonçait le franchissement en Espagne de la barre historique des quatre millions de chômeurs. Depuis, donc au cours des douze derniers mois, leur nombre a progressé de 602.000. Quant au taux de chômage de 20,05%, il est le plus élevé depuis 1997. Il frappe 40,93% des jeunes de moins de 25 ans relevant de la population active.

Le nombre de personnes occupées au premier trimestre 2010 s'est réduit surtout dans la construction (-139.700), les services (-83.600) et l'industrie (-81.100). Par contre, il a augmenté de 52.600 dans l'agriculture.

Le nombre d'émigrés espagnols majeurs s'est accru de plus de 120.000 depuis 2008

Ce n'est pas l'exode dramatique des années 1950 et 1960, mais le nombre d'Espagnols majeurs (âgés d'au moins 18 ans) enregistrés dans les consulats à l'étranger était fin février 2010 de 1.325.348, soit 123.815 de plus qu'au début janvier 2008 relevait le 15 avril dernier le site d'information ElConfidencial.com en citant également l'INE.

L'accroissement de ces émigrés en 2009 (+74.814) doublait et même davantage celui de 2008. Les chiffres pour janvier et février 2010 (+12.602) consolident cette tendance. Elle semble en voie de revêtir un caractère structurel, d'autant que le nombre de nouveaux expatriés devrait être supérieur a celui enregistré, car tous les Espagnols qui s'installent à l'étranger ne s'inscrivent pas nécessairement dans les consulats.

ElConfidencial.com attribue cette hausse de l'émigration "à la crise économique, qui oblige de nombreux travailleurs [espagnols] à chercher un emploi hors du pays, mais aussi au degré croissant d'internationalisation des entreprises espagnoles".

En 2005, lorsqu'on parlait encore d'un "miracle économique espagnol", le gouvernement socialiste de M. Zapatero avait légalisé 600.000 immigrés sans-papiers, essentiellement Maghrébins et Latino-Américains. Aujourd'hui, Madrid leur propose des primes de départ.


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