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APRÈS LA TENTATIVE DE RETOUR DE MANUEL ZELAYA
Honduras : Obama appuie le rétablissement du président Zelaya, sans approuver sa politique

MOSCOU / WASHINGTON, mardi 7 juillet 2009 (LatinReporters.com) - Les Etats-Unis appuient le rétablissement du président démocratiquement élu du Honduras, Manuel Zelaya, bien qu'il se soit opposé à la politique de Washington, a affirmé le 7 juillet le président américain Barack Obama lors de sa première visite officielle à Moscou. Expulsé par l'armée le 28 juin, le président Zelaya tenta en vain de rentrer au Honduras le 5 juillet.

Dans un discours devant la Nouvelle école économique de Moscou, Barack Obama a assuré qu'il soutient le retour au pouvoir de Manuel Zelaya, "non pour être d'accord avec lui", mais parce que "nous respectons le principe universel selon lequel les gens doivent choisir leurs propres leaders, que nous soyons ou non d'accord avec eux".

Quoiqu'élu en 2005 président du Honduras comme candidat du Parti libéral (droite), Manuel Zelaya avait ensuite rallié la gauche radicale latino-américaine. Il concrétisait son alliance avec le président vénézuélien Hugo Chavez en signant en août 2008 l'adhésion du Honduras à l'Alternative [aujourd'hui Alliance; ndlr] bolivarienne pour les Amériques, l'ALBA, qui englobe actuellement le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, l'Equateur, le Honduras, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, ainsi que Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

C'est en exposant sa conception des relations entre les Etats-Unis et la Russie au 21e siècle que le président Obama s'est référé au coup d'Etat du 28 juin dernier au Honduras pour exprimer l'engagement de Washington aux côtés des systèmes démocratiques.

Il a promis que les Etats-Unis "ne chercheront à imposer aucun système de gouvernement à aucun pays et ne tenteront pas de définir le parti ou l'individu qui doit gouverner un Etat".

Lors du coup d'Etat du 28 juin, le président Manuel Zelaya fut expulsé du pays par l'armée et remplacé à la tête du pays par Roberto Micheletti, jusqu'alors président du Congrès national (Parlement) hondurien. Aucun pays n'a reconnu le nouveau gouvernement, jugé illégal par la communauté internationale. Suspendu de sa participation à l'OEA (Organisation des Etats américains) après le putsch, le Honduras, pays centraméricain de 7,3 millions d'habitants parmi les plus pauvres des Amériques, n'a en principe plus accès à d'importants mécanismes internationaux de financement et d'aide au développement.

Dès le 28 juin, Washington avait affirmé que Manuel Zelaya demeurait à ses yeux le président légitime du Honduras. Le président Zelaya devait rencontrer ce 7 juillet à Washington la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Le 5 juillet, il tenta en vain de revenir au Honduras dans un avion vénézuélien. Des camions militaires déployés sur la piste de l'aéroport de Tegucigalpa empêchèrent son atterrissage. Des heurts entre, d'une part, la police et l'armée et, d'autre part, quelque 30.000 manifestants favorables au président Zelaya firent alors deux morts et une dizaine de blessés parmi les manifestants aux portes de l'aéroport.

Le nouveau gouvernement hondurien de Roberto Micheletti a également dépêché une délégation à Washington dans l'espoir d'ouvrir ce 7 juillet un dialogue avec l'OEA et de dissiper "toute équivoque" sur le caractère "constitutionnel" de la relève présidentielle au Honduras. A Tegucigalpa, le nouveau gouvernement nie tout coup d'Etat. Il prétend que, le 28 juin, c'est en obéissant à la justice et au Parlement que l'armée avait expulsé le président Zelaya, accusé notamment d'avoir préparé un référendum inconstitutionnel devant ouvrir la porte à la réélection présidentielle, prohibée par la Charte suprême hondurienne.

Lors d'une téléconférence de presse tenue le 1er juillet dernier, un "senior official" du département d'Etat américain indiquait qu'il "serait raisonnable d'assumer que le maintien de la viabilité d'un gouvernement démocratique au Honduras devrait tenir compte d'une certaine façon" des "inquiétudes" liées au référendum proposé par Manuel Zelaya avant le coup d'Etat qui l'a écarté du pouvoir.



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