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Malgré l'incertitude sur sa santé minée par un cancer
Venezuela : Chavez officiellement candidat à la présidentielle d'octobre
 

CARACAS, mardi 12 juin 2012 (LatinReporters.com) - Le président Hugo Chavez, dont le cancer ne cesse d'alimenter les rumeurs au Venezuela, a mobilisé lundi à Caracas des dizaines de milliers de partisans pour transformer en démonstration de force le dépôt officiel, devant le Conseil national électoral (CNE), de sa candidature à l'élection présidentielle du 7 octobre prochain.

En survêtement de sport aux couleurs nationales, coiffé du béret rouge militaire des grandes campagnes, le leader de la révolution bolivarienne a parcouru les rues séparant le palais présidentiel du CNE sur le toit d'un camion, flanqué de membres de sa famille et de notables du régime. Euphorique, le chef de l'État saluait la foule qui criait "Ouh ! Ah ! Chavez ne s'en va pas !". Il n'avait plus pris pareil bain de multitude depuis le début de sa maladie.

Son cancer, dont la nature n'a jamais été révélée, lui fut diagnostiqué dans la zone pelvienne en juin 2011 dans un hôpital cubain. Âgé de 57 ans, le président vénézuélien a subi trois opérations à La Havane et y a été soumis à des traitements médicaux lourds. Aussi sa sortie pour dépôt de candidature présidentielle, le dernier jour légalement autorisé, était-elle très observée malgré ses déclarations sur une présumée récupération.

"Je vous remets ceci avec la promesse de lutter, de me battre et, bien sûr, de gagner", a-t-il dit en remettant au CNE les documents de sa candidature, dont son programme de gouvernement pour la période 2013-2019. "Je m'engage devant le Venezuela et le monde à reconnaître le résultat de l'élection présidentielle" a poursuivi Hugo Chavez devant les commissaires électoraux.

Puis, il a harangué la foule massée sur la Plaza Caracas. Il a réitéré que "Je serai le premier à reconnaître le résultat des élections du 7 octobre", ajoutant à l'adresse de l'opposition : "Puisse le clan des minus [el majunchismo], puisse la bourgeoisie en faire autant".

Leader de la gauche radicale latino-américaine, le président vénézuélien, autoproclamé "candidat de la patrie", a promis à ses partisans d'approfondir sa révolution. Il les a aussi exhortés, contredisant tant soit peu sa promesse de se soumettre au verdict des urnes, à ne jamais accepter une "rétrogradation", c'est-à-dire un "retour au capitalisme".

Possibilité de "substituer" un candidat jusqu'à 10 jours avant le scrutin

La voix ferme de Chavez et le retour de son talent inégalé de tribun, soudainement optimiste au point de pousser la chansonnette, sont à mettre au crédit d'une apparente récupération. Mais peut-être ne se déplaçait-il pas avec pleine aisance, ce qui a conduit le candidat unique de l'opposition, le social-démocrate Henrique Capriles, à commenter peu charitablement sur Twitter : "Ce candidat ne marche pas, il est à court de carburant (...) Un avenir meilleur de progrès est en marche."

La veille, Henrique Capriles, 39 ans, avait pris dans la capitale la tête d'un imposant cortège de plusieurs centaines de milliers de sympathisants qui l'ont accompagné lors du dépôt de sa propre candidature.

La plupart des instituts de sondage créditent Hugo Chavez d'une avance confortable comprise entre 7 et 30 points. Une nouvelle victoire électorale en octobre serait pour lui la quatrième consécutive à une élection présidentielle, la première remontant à décembre 1998.

Mais quid d'un éventuel retrait forcé pour réactivation de tumeur maligne ? L'AFP indique que, selon le CNE, il serait alors possible de "substituer" un candidat jusqu'à 10 jours avant le scrutin et s'il n'y avait pas le temps de modifier les bulletins de vote, "ceux-ci seraient attribués au candidat substitué". Il n'empêche que, sans Chavez, le Venezuela verrait la révolution subir une autre révolution de signe encore indéterminé.


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