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Kadhafi : agonie, malgré l'épée de Bolivar offerte par Chavez

CARACAS, samedi 26 février 2011 (LatinReporters.com) - Cuba, par la plume de Fidel Castro, le Nicaragua du président sandiniste Daniel Ortega et le Venezuela bolivarien d'Hugo Chavez sont les seuls ou presque à afficher encore leur appui à Mouammar Kadhafi. Mitraillant le peuple soulevé, le régime du dictateur libyen est à l'agonie, malgré l'épée que Chavez offrit à Kadhafi, celle du légendaire Simon Bolivar, libertador historique de l'Amérique du Sud soumise au colonisateur espagnol.

Il s'agit plus exactement d'une réplique de cette épée, aussi vénérée par les socialistes chavistes que l'était Durandal par le chevalier Roland et l'empereur Charlemagne en lutte contre les Sarrasins.

En lui faisant ce présent extraordinaire le 28 septembre 2009 sur l'île vénézuélienne de Margarita, au lendemain du IIe Sommet Amérique du Sud - Afrique, le président Chavez s'adressa solennellement comme suit au maître de Tripoli, en qui il voit encore un ami et allié en dépit des tueries dont il endeuille aujourd'hui la Libye :

"Compagnon président Mouammar Kadhafi, ceci est la réplique de l'épée qui libéra l'Amérique il y a deux cents ans. C'est un bijou. Les peuples l'offrirent à Bolivar. (...) Elle a plus de trois mille pierres précieuses. L'originale était en or, en or pur.

Cette épée est vivante et aujourd'hui elle chemine en Amérique latine. Au nom de notre peuple, de la Révolution bolivarienne, je te la remets, à toi soldat révolutionnaire, leader du peuple libyen, de la Révolution libyenne, leader des peuples d'Afrique et leader aussi aux yeux des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes. Vive Bolivar ! Vive Kadhafi !"


Le journaliste chaviste en charge du reportage offrait alors sa propre opinion : "Il est ainsi démontré que l'épée de Simon Bolivar ne chemine pas seulement en Amérique latine, mais aussi sur le continent africain".

Selon l'agence de presse espagnole EFE, Hugo Chavez poussa le bouchon jusqu'à affirmer "Ce qu'est Bolivar pour nous, Mouammar Kadhafi l'est pour le peuple libyen". Cette phrase monumentale n'apparaît pas ci-dessus dans notre extrait du reportage télévisé en direct de la cérémonie, retransmise obligatoirement à l'époque par toutes les chaînes publiques et privées du Venezuela.

L'opposition vénézuélienne souhaite que Kadhafi rende l'épée

Le drame du peuple libyen a remis la fameuse épée sous les projecteurs de l'actualité. Lors d'une séance de l'Assemblée nationale vénézuélienne, jeudi dernier, le député d'opposition Gustavo Marcano pria le ministre des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, de ne pas laisser l'épée de Bolivar en mains indignes et donc d'appeler Kadhafi pour lui demander de la rendre.

Le ministre Maduro, homme de confiance d'Hugo Chavez, n'apprécia pas. En guise de réponse et très applaudi par les députés chavistes vêtus de rouge, il fit pendant dix minutes l'éloge du rôle historique qu'il attribue à Mouammar Kadhafi en Libye, en Afrique, ainsi qu'au sein de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et du Mouvement des non-alignés.

Comme Fidel Castro, le ministre croit que la Libye est menacée d'une "occupation militaire" étrangère visant son pétrole. Et Nicolas Maduro de conclure : "L'épée de Bolivar est aujourd'hui libre. Elle court de par le monde, avec sa valeur d'exemple, avec sa pensée, bien représentée, bien arborée, par notre peuple, par les peuples du monde, par les peuples d'Amérique latine. Cette épée est aujourd'hui revêtue de dignité".

Hugo Chavez, qui suivait probablement la séance parlementaire sur un téléviseur du palais présidentiel, avait alors déjà applaudi le ministre Maduro en pianotant sur son compte Twitter "En avant chancelier Nicolas : donne-lui une autre leçon à cette extrême droite pitiyanki ! [désignation habituelle par Chavez de toute opposition - ndlr] Vive la Libye et son Indépendance ! Kadhafi affronte une guerre civile !"

Pour l'heure, l'épée de Bolivar restera donc à Tripoli. Que les nouveaux révolutionnaires anti-Kadhafi l'empoignent serait une image très commentée à Caracas. Un présage insinueraient même les antichavistes.


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