Panorama dominé par l'incertitude vénézuélienne
Amérique latine - élections 2013 : calendrier et ombre de Chavez
 

DERNIÈRE HEURE - VENEZUELA : Emporté par le cancer, le président Chavez est mort le 5 mars 2013. Pour sa succession, une élection présidentielle anticipée aura lieu le 14 avril. Les élections municipales prévues pour le 14 juillet sont reportées au 8 décembre.

 
CALENDRIER ÉLECTORAL 2013
  • 17 mars  PÉROU - LIMA, référendum révocatoire contre Susana Villaran, maire de la capitale
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  • 7 juillet  MEXIQUE, élections régionales dans 14 des 31 États fédérés (Aguascalientes, Baja California, Chihuahua, Coahuila, Durango, Hidalgo, Oaxaca, Puebla, Quintana Roo, Sinaloa, Tamaulipas, Tlaxcala, Veracruz, Zacatecas)
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  • 11 août  ARGENTINE, élections primaires pour désigner les candidats aux législatives de mi-parcours d'octobre
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  • 27 octobre  ARGENTINE, élections législatives de mi-parcours (renouvellement de la moitié des députés et d'un tiers des sénateurs)
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  • 24 novembre  HONDURAS, élections présidentielle, législatives et municipales
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  • 8 décembre  VENEZUELA, élections municipales
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  • 15 décembre  CHILI, second tour de l'élection présidentielle
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SIX PAYS À LA UNE DE L'ACTUALITÉ ÉLECTORALE LATINO-AMÉRICAINE

par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters.com

MADRID, lundi 21 janvier 2013 – Le Venezuela, pour le renouvellement de ses maires et une possible élection présidentielle anticipée qui inaugurerait l'après-Chavez, ainsi que l'Équateur, le Paraguay, le Honduras et le Chili, quatre pays qui éliront effectivement leur président, et aussi l'Argentine, suspendue à ses législatives partielles de mi-parcours, sont les têtes d'affiche du calendrier électoral 2013 en Amérique latine.

Sans le sort incertain du président Hugo Chavez, opéré quatre fois d'un cancer à Cuba, les élections municipales du 14 juillet [nouvelle date annoncée le 29 janvier ; ndlr] au Venezuela ne seraient qu'une formalité de confirmation de la suprématie du chavisme après son triomphe, au dernier trimestre 2012, à la présidentielle du 7 octobre et aux régionales du 16 décembre.

Mais la présidentielle anticipée qui devrait avoir lieu dans les trente jours suivant une incapacité absolue ou le décès éventuels du leader bolivarien, dénouement jugé probable en 2013 par nombre d'observateurs, pourrait conduire le régime à faire coïncider l'élection d'un nouveau président et les municipales, dont la date serait peut-être alors à nouveau modifiée.

Une nouvelle victoire chaviste aux municipales et l'élection à la tête de l'État du dauphin de Chavez, l'actuel vice-président Nicolas Maduro, en cas de présidentielle anticipée à court terme, font peu de doute. Car l'impact émotionnel du calvaire et plus encore de la disparition éventuelle du chef de la gauche radicale latino-américaine réduirait ses adversaires à affronter une fois de plus, par-delà les candidats chavistes, Hugo Chavez lui-même. Un bilan rationnel de ses années de pouvoir et de son héritage politique, qui déborde largement du cadre vénézuélien, ne sera qu'ultérieur et son ombre, vénérée ou maudite, planera longtemps encore sur le pays et le continent.

Peu de doute aussi quant à la réélection de Rafael Correa, un disciple de Chavez, à la présidence de l'Équateur. Les sondages le donnent vainqueur dès le premier tour (comme en 2009), le 17 février. La date d'un second tour éventuel est le 7 avril. Correa profite de la division de l'opposition et d'une popularité entretenue par ses programmes sociaux.

Quoiqu'attaqué sur sa gauche par des communautés de l'importante minorité amérindienne et par l'un de ses anciens ministres, Alberto Acosta, qui brigue la présidence, le chef de l'État équatorien est parfois désigné comme l'un des représentants de la gauche latino-américaine capable d'exercer une partie de l'influence politique d'Hugo Chavez, notamment au sein de l'ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique). Le poids démographique et économique réduit de l'Équateur ne consolide toutefois pas l'hypothèse d'un Correa devenant guide de la gauche régionale après le retrait ou la disparition de Chavez.

Au Paraguay, le 21 avril, et au Honduras, le 10 novembre, le président de la République sera élu en un tour unique, la victoire revenant au candidat obtenant le plus de voix, sans besoin de majorité absolue. Leur Constitution respective interdit l'exercice d'un second mandat aux présidents sortants, le Paraguayen Federico Franco et le Hondurien Porfirio Lobo. Dans ces deux pays, l'élection présidentielle devrait marquer le retour à la normalité institutionnelle, qu'avait mise en doute ou dont doute encore une partie de la communauté internationale.

Depuis le limogeage expéditif de son premier président de gauche, l'ex-évêque Fernando Lugo, le 22 juin 2012 par le Parlement pour avoir "mal rempli ses fonctions", le Paraguay est "suspendu temporairement" de son appartenance au Mercosur (Marché commun sud-américain) et à l'Unasur (Union des nations sud-américaines). Le Honduras, lui, avait été suspendu pendant 23 mois par l'OEA (Organisation des États américains) suite au putsch du 28 juin 2009 qui écarta le président pro-Chavez Manuel Zelaya. L'élection présidentielle remportée le 29 novembre de la même année par le conservateur Porfirio Lobo, du Parti national (droite), fut contestée pour avoir été organisée sous le régime de transition issu du coup d'État.

Au Paraguay, les sondages pour la présidentielle sourient à l'homme d'affaires Horacio Cartes, candidat de l'historique Parti Colorado (droite), qui gouverna sans interruption pendant 61 ans avant sa défaite en 2008 devant Fernando Lugo. Ce dernier ne peut pas se représenter et son rassemblement de diverses gauches s'est divisé. A suivre, au sein de cette gauche éclatée, le journaliste et candidat présidentiel Mario Ferreiro.

Au Honduras, le résultat de l'élection présidentielle de novembre demeure incertain. Le pays est dominé alternativement depuis plus d'un siècle par deux partis conservateurs, le Parti national (PN, actuellement au pouvoir) et le Parti libéral (PL, dont l'ex-président évincé Manuel Zelaya est un dissident). Le principal intérêt du scrutin est peut-être d'observer si la gauche regroupée autour du nouveau Parti liberté et refondation (LIBRE) lancé par Manuel Zelaya pourra fissurer le bipartisme séculaire. L'épouse de Zelaya, Xiomara Castro, est la candidate de LIBRE à la présidence de la République. Elle affrontera Juan Hernandez (PN) et Mauricio Villeda (PL).

Au Chili , la présidentielle du 17 novembre (second tour éventuel le 15 décembre) pourrait ramener au pouvoir La Concertation, coalition de centre gauche qui gouverna le pays durant les vingt premières années (1990-2010) suivant la dictature du général Pinochet. Les quatre ans de gouvernement de centre droit du président Sebastian Piñera, auquel la Constitution interdit de briguer un second mandat consécutif, seraient alors ravalés au rang d'intermède.

Mais ce scénario dépend d'une condition : que la socialiste Michelle Bachelet, présidente du Chili de mars 2006 à mars 2010 et actuellement Secrétaire générale adjointe de l'ONU chargée de l'égalité et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes), accepte d'être à nouveau candidate à la présidence, comme l'y poussent ses partisans. Incluse d'office dans les sondages, elle les domine tous. Sa popularité est sans égale dans le monde politique chilien.

Le président sortant, Sebastian Piñera, n'en a pas moins démontré que la nouvelle droite chilienne peut gouverner démocratiquement. Légitimement, certains en doutaient. L'intense mobilisation sociale, en particulier des étudiants, qui a secoué le mandat de Piñera a mis en évidence la disparition du réflexe collectif de peur au sein de la société chilienne.

En Argentine, les élections législatives partielles tenues habituellement à mi-parcours du mandat présidentiel, pour renouveler la moitié des députés et un tiers des sénateurs, auront en octobre un caractère présidentiel très marqué.

Dans un contexte de fortes tensions politiques et de baisse de sa popularité, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner devra en effet tenter d'élever son actuelle majorité au Congrès à une majorité des deux tiers pour mettre en chantier une réforme constitutionnelle qui lui permettrait de porter plus à gauche le modèle idéologique argentin (l'influence chaviste est sensible à Buenos Aires) et de briguer en 2015 un troisième mandat présidentiel consécutif.

Sur un dossier au moins, la présidente Kirchner est unanimement soutenue : la revendication de l'archipel des Malouines, sous domination britannique depuis 1833 et théâtre d'une guerre éclair anglo-argentine du 2 avril au 14 juin 1982. Les 10 et 11 mars, les quelque 3.000 habitants de ces îles défieront Buenos Aires en répondant par référendum à la question : "Voulez-vous que les îles Falkland [nom anglais des Malouines; ndlr] maintiennent leur statut politique actuel de territoire d'outre-mer du Royaume-Uni ?". Le triomphe prévisible du oui et le référendum lui-même accentueront un sentiment antibritannique tant en Argentine que dans plusieurs autres pays d'Amérique latine.

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Pour être situées à cinq ans de la fin du sexennat 2012-2018 du président Enrique Peña Nieto, les élections régionales du 7 juillet dans 14 des 31 États fédérés du Mexique se prêtent peu à des considérations significatives. Et à Lima, capitale du Pérou, le référendum du 17 mars visant à révoquer pour mauvaise gestion supposée la maire de centre gauche de la ville, Susana Villaran, est une initiative dont les conséquences éventuelles sur la politique nationale restent floues ce 21 janvier.


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