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Analyse, par Christian Galloy

Une faillite de l'Argentine menacerait la démocratie en Amérique latine

BUENOS AIRES / QUITO, 14 juillet 2001 (latinreporters.com) - De plus en plus redouté, un moratoire de la dette extérieure et intérieure de l'Argentine provoquerait une crise globale en Amérique latine, dont les effets seraient mondiaux. Politiquement, cela signifierait une faillite du modèle néo-libéral associé au retour de la démocratie sur l'ensemble du continent latino-américain, Cuba et Haïti exceptées.

Malgré un rebond de 5,59% vendredi, la bourse de Buenos Aires a chuté de 22% en deux semaines. L'Argentine est en récession depuis trois ans. Un tiers des 36 millions d'Argentins vit sous le seuil de pauvreté. La crainte de la faillite du pays, dont la dette publique est de 128 milliards de dollars, ébranle le Brésil, le Mexique, le Chili et le reste de l'Amérique latine.

Les Etats-Unis se disent préoccupés. Pour éviter la panique, le président George Bush a adressé une lettre de soutien au président argentin Fernando de la Rua. Elu il y a 18 mois sur un programme de centre gauche, ce dernier vient de lancer son septième ajustement économique en réduisant les revenus des fonctionnaires et des retraités.

Même le ministre néo-libéral argentin de l'Economie, Domingo Cavallo, a perdu la confiance des grands opérateurs économiques internationaux. Sa récente décision de joindre l'euro au dollar pour définir le taux de change du peso a largement contribué à la méfiance. Le risque-pays de l'Argentine, qui mesure les incertitudes menaçant la rentabilité des investissements, est désormais supérieur à celui de la Turquie et de la Russie. L'Etat ne trouve plus de prêteurs à moins de 14%.

Troisième puissance économique d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique, l'Argentine les entraînerait dans sa faillite. Les plans successifs de redressement économique adoptés ces derniers mois à Buenos Aires menacent déjà l'avenir, voire le présent, de Mercosur, le marché commun sud-américain formé par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay, avec le Chili et la Bolivie comme Etats associés.

Une crise globale de l'Amérique latine aurait des effets mondiaux, frappant les pays émergents d'Asie et d'Afrique, ainsi que l'Europe et l'Amérique du Nord, en proie actuellement à un ralentissement de la croissance.

Un tel scénario condamnerait le modèle néo-libéral intimement lié au rétablissement de la démocratie en Amérique latine. Les doutes sur les bienfaits de la démocratie représentative de type occidental renaîtraient, risquant de rouvrir à terme la voie à de nouvelles expériences de type castriste ou d'extrême droite.

La baisse de 10% de leurs revenus imposée il y a quelques jours en Argentine aux fonctionnaires et retraités fait dire à l'argentin Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix en 1980, que "le terrorisme d'Etat est désormais remplacé par le terrorisme économique".


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