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Argentine - Le chef de l’armée mis en cause dans une tuerie politique

BUENOS AIRES, 29 mai 2001 (latinreporters.com) - Le chef actuel de l’armée argentine, le général Ricardo Brinzoni, est impliqué dans une plainte déposée lundi par des organisations humanitaires, des parents de victimes et des parlementaires argentins afin d’éclaircir l’exécution de 22 prisonniers politiques pendant la dictature militaire (1976-1983).

La plainte a été présentée au juge fédéral Carlos Skidelsky de la province du Chaco, située au nord-est de l’Argentine et limitrophe du Paraguay, où est archivé le dossier appelé " Massacre de Margarita Belen ", du nom d’une localité de la région.

Le plaignant qui coordonne l’action est le Centre d’études légales et sociales (CELS), qui avait obtenu en mars dernier d’un autre juge fédéral, mais sous réserve d’une confirmation improbable de la Cour suprême, l’abrogation des lois d’amnistie absolvant les militaires de leurs actions pendant la dictature.

Outre le général Brinzoni, la plainte implique 36 militaires, policiers, autorités politiques et fonctionnaires de la Justice.

Le 13 décembre 1976, neuf mois après le coup d’Etat du 24 mars, 22 prisonniers politiques sortis à l’aube de leur prison furent fusillés par des militaires en rase campagne à proximité de Margarita Belen. L’armée présenta leur mort comme le résultat d’un " affrontement contre des groupes subversifs ".

Néanmoins, le général Brinzoni, à l’époque secrétaire du gouverneur militaire du Chaco, reconnaissait il y a deux semaines à un journal de cette région l’exécution " camouflée " et " par fusillade " des détenus.

C’est cette déclaration qui a conduit la députée Elisa Carrio et le CELS à agir avec d’autres plaignants. Ils demandent à la justice d’établir la responsabilité de toutes les personnes citées dans la plainte afin de savoir qui a tiré, qui a donné l’ordre et qui étaient les instigateurs et les complices de la tuerie.

Le CELS affirme que les victimes furent aussi torturées. Selon cette organisation humanitaire, le général Brinzoni a pour le moins couvert ce crime collectif, qu’il ne pouvait ignorer vu ses fonctions de l’époque, en ne révélant qu’un quart de siècle plus tard qu’il s’agissait d’une exécution.

Les parlementaires socialistes Jorge Rivas et Alfredo Bravo réclament du président argentin Fernando De la Rua la destitution du général Brinzoni, considérant "qu’il n’est pas lié au système démocratique ".

La nouvelle action en justice aura peu de chances d’aboutir si la Cour suprême argentine confirmait la validité des lois d’amnistie abrogées en mars par un tribunal. La Cour a toujours reconnu la constitutionnalité de ces lois depuis 1987, la dernière fois en 1997.

Le bilan des sept ans de dictature militaire en Argentine fut de 30.000 morts ou disparus, selon les organisations humanitaires, de 11.000 selon les chiffres officiels.


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