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Bolivie : l’Eglise contre la politique de " coca zéro "

LA PAZ, 5 mai 2001 (latinreporters.com) - La révision de la Loi de la coca et des substances contrôlées a reçu vendredi l’appui du vice-président la Conférence épiscopale bolivienne, Mgr Jesus Juarez, évêque de la ville d’El Alto. Une révision de cette loi supposerait, comme le souhaitent des milliers de paysans, la fin de la politique de " coca zéro " soutenue par Washington.

L’ambassade des Etats-Unis a averti, la semaine dernière, qu’elle pourrait revoir ses plans de collaboration avec la Bolivie si ce pays andin modifie sa législation contre la drogue.

Un veto de Washington à la révision de la Loi de la coca serait "une ingérence dans les affaires internes et la libre détermination du gouvernement et du peuple de Bolivie " a déclaré Mgr Juarez lors d’une conférence de presse avec des correspondants de médias étrangers.

L’évêque a comparé les plantations de coca à celles de tabac et s’est demandé " que se passerait-il si les Etats-Unis réclamaient l’arrachage des plants de tabac, qui est aussi une drogue ? "

" Les pays étrangers, a insisté Mgr Juarez, sont ici pour coopérer avec la Bolivie et non pour tenter de la dominer. En outre, la population bolivienne a le sentiment que la politique de l’ambassade des Etats-Unis devrait être différente ".

Conduits par le député socialiste Evo Morales, les producteurs de coca (dont la feuille fournit la cocaïne) réclament l’abandon de la politique de " coca zéro ". Les programmes de culture de substitution ne sont à leurs yeux que de vagues promesses et ils doutent de leur rentabilité s’ils venaient à se concrétiser.

Pendant trois semaines, en avril, les milliers de " cocaleros " du Chaparé (centre de la Bolivie) s’etaient mobilisés, marchant sur la Paz et bloquant des routes pour dénoncer leur misère. Redoutant une répétition des heurts de l’an dernier, qui avaient fait 16 morts, le gouvernement du président Hugo Banzer acceptait, le 2 mai, de négocier une remise de dettes aux petits paysans, ainsi que certains points de la loi agraire et de la loi privatisant les entreprises publiques.

Néanmoins, le ministre de l’Intérieur, Guillermo Fortun, a précisé que les négociations ne porteraient ni sur l’arrachage des plants de coca ni sur une révision de la Loi de la coca et des substances contrôlées.

Le président Hugo Banzer estime que sa politique d’éradication de la coca est irréversible. En moins de cinq ans, son " Plan Dignité ", appliqué avec l’aide de l’armée, a éliminé 40.000 hectares de coca dans le Chaparé. En 2002, " la feuille sacrée des Incas ", comme on l’appelle dans les Andes, ne devrait plus couvrir en Bolivie que 12.000 hectares pour assurer une consommation traditionnelle ou médicale étrangère au trafic de cocaïne.

Le " Plan Dignité " est cité en exemple par les Etats-Unis. Aucun autre pays d’Amérique latine n’a obtenu des résultats aussi spectaculaires dans la lutte contre la matière première de la cocaïne.

En 2000, la coca bolivienne n’employait plus que 16.000 personnes, contre 67.000 en 1997. Au milieu des années 80, l’expansion des plantations illégales de coca avait absorbé dans le Chaparé les vagues de chômeurs boliviens victimes de la grande crise minière. La politique inflexible de " coca zéro " du président Banzer les prive de ce recours et d’un chiffre d’affaires clandestin de 500 millions de dollars.


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