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Colombie : l’échange de prisonniers est une victoire de la guérilla

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Dossier Colombie

BOGOTA, 3 juin 2001 (LatinReporters.com) - Un échange de prisonniers est l’objet du premier accord conclu entre le gouvernement colombien et la principale guérilla du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes). Malgré l’absence de tout cessez-le-feu, le président conservateur Andres Pastrana et les FARC maintiennent des pourparlers de paix depuis janvier 1999. L’échange de prisonniers est une victoire de la guérilla, qui voit son statut de belligérant reconnu de fait par le pouvoir.

Annoncé officiellement samedi soir, l’accord a été signé par des chefs de la guérilla et par le haut-commissaire colombien à la Paix, Camilo Gomez. Il prévoit la libération dans les jours prochains de 42 soldats et policiers malades prisonniers des FARC en échange de 15 guérilleros, malades également, détenus dans des prisons colombiennes.

Dans un second temps, en " signe de paix ", les FARC libéreront sans contrepartie 100 autres policiers et militaires. Ils en détiennent actuellement environ 500, un chiffre équivalent à celui des guérilleros emprisonnés.

L’accord ne précise pas si ces libérations seront suivies d’autres. Il est en outre muet sur le sort des civils que les FARC séquestrent par centaines chaque année pour obtenir des rançons.

Les familles des policiers et soldats capturés par les FARC manifestent une joie compréhensible. Quant au haut-commissaire Camilo Gomez, il veut voir dans l’accord humanitaire le préalable à un prochain cessez-le-feu et la preuve " qu’il est possible de construire la paix en Colombie ".

Proche du président Pastrana, le haut-commissaire à la Paix défend ainsi la politique très contestée du chef de l’Etat, qui avait offert aux FARC en 1998 un territoire de 42.000 km2, grand comme la Suisse ou le Danemark, en guise " de laboratoire de paix ".

Diffusé samedi à Bogota, un sondage réalisé auprès de 1.648 habitants de 44 villes et villages indique que 82% des Colombiens désapprouvent les pourparlers de paix entre le président Pastrana et les guérillas des FARC et de l’ELN (Armée de libération nationale, pro-cubaine). La popularité du chef de l’Etat n’est plus que de 24%, la plus basse depuis son investiture en 1998. L’hebdomadaire " Cambio " le soupçonnait récemment d’être plus en quête du prix Nobel de la Paix que de la normalisation du pays.

Au moment où le haut-commissaire Gomez augurait d’une paix prochaine, un bilan officiel dénombrait 52 paysans massacrés en cinq jours en Colombie, 34 par les FARC et 18 par les paramilitaires. Depuis 1967, le conflit colombien a fait 200.000 morts et a déplacé plus de deux millions de personnes, essentiellement des paysans qui ont abandonné leurs terres.

Le déséquilibre numérique en faveur du gouvernement dans le prochain échange de prisonniers annoncé samedi est plus que compensé par la victoire politique des FARC. L’accord conclu avec un pouvoir élu légitimement leur permet en effet de passer du statut de terroristes à celui de belligérant reconnu. C’est pourquoi l’armée s’opposa longtemps à l’échange de prisonniers. " Il s’agit d’une décision prise par le gouvernement. Espérons qu’elle favorisera le processus de paix " a commenté brièvement samedi le général Fernando Tapias, commandant en chef des forces militaires.

En outre, l’accord indique que l’Organisation des Nations unies et " dix pays amis " européens et américains sont invités à parrainer l’échange de prisonniers. Donc, sur le plan international aussi les FARC accèderaient à l’honorabilité, malgré leurs massacres quasi quotidiens de civils, leurs campagnes d’enlèvements et d’extorsions et leur implication dans la production et le trafic de cocaïne.


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