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Colombie - Guérilla (FARC): "Nous voulons gouverner, non cogouverner"

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Dossier Colombie

BOGOTA, 5 octobre 2001 (LatinReporters.com) - "Nous voulons gouverner, non cogouverner. Nous allons reconstruire le pays et ce ne pourra pas être avec l'oligarchie actuelle, qui doit abandonner le pouvoir" déclare Simon Trinidad, nom de guerre de l'un des chefs rebelles engagés dans la négociation entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), la plus puissante guérilla du pays, forte de 17.000 combattants.

Dernière heure

Concessions de la guérilla
en échange du maintien
de son sanctuaire
de 42.000 km2

Un accord intervenu vendredi soir entre la guérilla marxiste des FARC et les représentants du président colombien Andres Pastrana devrait permettre le maintien du sanctuaire de 42.000 km2, appelé "laboratoire de paix" ou "zone de détente", octroyé à cette guérilla en novembre 1998.

En échange de la prorogation de la jouissance de ce sanctuaire, dont ont été retirées l'armée et la police, la guérilla fait des concessions de taille, les premières en près de trois années de négociation avec le gouvernement.

Elle renonce aux enlèvements massifs de civils, que les FARC ne libéraient que contre rançon.

Le guérilla ouvre par ailleurs son sanctuaire à tous les candidats en campagne pour les élections législatives et présidentielles de 2002.

Enfin, les FARC étudieront avec les représentants du président Pastrana un document prévoyant notamment un cessez-le-feu, le renforcement de la lutte contre les paramilitaires qui harcèlent la guérilla et la convocation éventuelle d'une Assemblée constituante au sein de laquelle siégerait la guérilla.

"Nous serons la base des nouvelles forces militaires de Colombie et de son nouvel Etat" poursuit Simon Trinidad dans une interview publiée par l'hebdomadaire "Tiempos del Mundo".

Cette volonté de conquérir le pouvoir et de l'occuper sans partage semble donner raison aux nombreux Colombiens qui croient que les FARC n'ont accepté un dialogue que pour renforcer leurs positions, mais non pour aboutir à une solution négociée d'une guerre civile qui a fait plus de 200.000 morts depuis 1964.

En échange de l'ouverture de négociations vaines jusqu'à présent, les FARC ont obtenu en novembre 1998, sans même cesser les hostilités, le contrôle d'un "laboratoire de paix" de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse), cédé par le président Andres Pastrana, qui en a retiré l'armée et la police.

Le président Pastrana doit décider avant le 8 octobre s'il maintient ou non ce "laboratoire de paix", appelé aussi "zone de détente", d'où partent aujourd'hui contre le reste du pays les principales offensives des FARC, plus meurtrières que jamais pour les populations civiles.

La Colombie quasi entière -la plupart des députés et sénateurs, l'Eglise, l'armée, les associations humanitaires et, selon les sondages, une majorité écrasante de Colombiens- prie le chef de l'Etat de ne laisser aux FARC le contrôle de ce territoire qu'à condition que la guérilla accepte enfin un cessez-le-feu et renonce à soumettre la population à l'extorsion et aux enlèvements contre rançon.

"Les gouvernements étrangers doivent solliciter une autorisation de la guérilla"

Les enlèvements frappant aussi les étrangers (231 ressortissants de 70 nationalités séquestrés depuis 1996, y compris des coopérants européens), Simon Trinidad prétend, en guise de justification, que les FARC sont "un Etat en gestation et, comme nouvel Etat, on doit nous mettre au courant des activités que les étrangers viennent développer sur notre territoire".

"Il y a des fonctionnaires (étrangers), poursuit le responsable des FARC, qui donnent des cours pour former des leaders (locaux) et ces cours montent ces leaders contre notre organisation. Tous les membres d'organismes et de gouvernements étrangers qui arrivent en Colombie doivent solliciter une autorisation de la guérilla, tout comme ils le font auprès du gouvernement colombien".

Figurant depuis 1997 sur la liste des organisations considérées comme terroristes par les Etats-Unis, notamment pour l'enlèvement et le meurtre de plusieurs ressortissants américains, les FARC jouissent-elles d'un appui populaire pour imposer un modèle politique, économique et social se réclamant du marxisme?

"Nous n'arriverons pas seuls (au pouvoir), mais avec d'autres forces sociales et politiques qui, historiquement, ont lutté pour le pouvoir en Colombie" répond Simon Trinidad, sans fournir d'autres précisions.

Seul le Parti communiste colombien, pratiquement dépourvu d'électeurs, soutient aujourd'hui publiquement les FARC. Quant à l'unique candidat se réclamant de la gauche pour la prochaine élection présidentielle de mai 2002, Luis Eduardo Garzon, le dernier sondage le crédite de... 1,4% des suffrages. Comme le suggérait récemment un éditorial de l'influent quotidien libéral "El Tiempo", les excès des FARC semblent avoir tué la gauche politique colombienne.

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