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Le président Pastrana annonce l'échec du processus de paix

Colombie-Ultimatum à la guérilla: 48 h pour quitter "la zone de détente"

La mobilisation internationale contre le terrorisme a précipité la rupture

Guérillero des FARC
© FARC-EP

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BOGOTA, jeudi 10 janvier 2002 (LatinReporters.com) - L'armée colombienne est en état d'alerte. Dans un discours télévisé à la nation, le président Andres Pastrana a annoncé mercredi soir la rupture de trois ans de négociations avec la guérilla marxiste des FARC, les Forces Armées révolutionnaires de Colombie, qui comptent 17.000 combattants bien armés.

Le président leur a adressé un ultimatum de 48 heures pour quitter une zone démilitarisée surnommée parfois "l'Afghanistan colombien", que l'armée devra peut-être reconquérir. La mobilisation internationale contre le terrorisme a précipité cette rupture.

Cette zone dite de "détente" que les FARC sont sommées d'évacuer est appelée aussi "laboratoire de paix". Elle s'étend au sud de la Colombie sur 42.000 km2, la superficie de la Suisse. Le président Pastrana l'avait cédée fin 1998 à la guérilla pour y nouer, dès l'année suivante, les négociations de paix qui viennent d'échouer. L'intensité des combats n'avait cessé de croître au cours de ce processus de paix avorté.

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L'ONU tente une médiation de la dernière chance

Le président colombien Andres Pastrana a accepté une médiation de l'ONU pour tenter de sauver le processus de paix avec la guérilla marxiste des FARC.

Mais, a précisé jeudi soir le chef de l'Etat à la télévision, cette médiation doit aboutir avant samedi 21h30. C'est à ce moment-là, en cas d'échec, que commencerait à courir un délai de 48 heures donné à la guérilla pour évacuer la "zone de détente". L'échec serait définitif si les FARC maintenaient leur exigence de suppression des contrôles militaires autour de la zone.

Ce n'est donc pas avant lundi 14 janvier, à 21h30, que l'armée colombienne interviendrait pour récupérer les 42.000 km2 de la zone démilitarisée cédée en 1998 à la guérilla pour y développer un processus de paix aujourd'hui en perdition.

Au moins 13.000 soldats, appuyés par des chars et des hélicoptères, sont en état d'alerte à proximité de la zone.

Relique de la guerre froide et unique conflit violent agitant aujourd'hui le continent américain, la guerre civile colombienne a fait au moins 200.000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes depuis 1964.

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L'actuelle mobilisation internationale contre le terrorisme a durci la situation. Allergiques à "l'impérialisme gringo", les FARC avaient applaudi les attentats du 11 septembre contre New York et Washington. Les Etats-Unis rappelaient alors que les FARC sont à leurs yeux des "narcoterroristes", financés par le trafic de cocaïne, les enlèvements contre rançon et les extorsions sous menace.

Dans ce nouveau contexte international, le gouvernement colombien, armé par les Etats-Unis, a précipité la rupture avec la guérilla en renforçant dès octobre dernier les contrôles autour de la zone de "détente". Les survols de la zone par des avions militaires, l'interdiction de son accès aux étrangers et la vérification des marchandises qui y pénètrent et en sortent ont conduit les FARC à bloquer les pourparlers de paix, sans arriver à faire fléchir le gouvernement.

Les contrôles visent notamment "à empêcher l'entrée d'armes et la sortie de cocaïne" indique le général Hector Fabio Velasco, commandant de la force aérienne.

Très impopulaire aux yeux de la majorité des 40 millions de Colombiens, la zone de "détente" est devenue un Etat dans l'Etat. L'armée et les parlementaires colombiens, ainsi que les Etats-Unis estiment que les guérilleros des FARC y ont développé la culture de la coca et sa transformation en cocaïne, qu'ils y maintiennent des personnes séquestrées, qu'ils y reçoivent des terroristes étrangers experts en explosifs (Irlandais de l'IRA et Basques de l'ETA). La guérilla est aussi accusée d'y entraîner ses combattants et d'utiliser cette zone démilitarisée comme tremplin pour lancer des offensives contre diverses régions de la Colombie.

Les paramilitaires d'extrême-droite, adversaires acharnés de la guérilla, qualifient la zone "d'Afghanistan colombien". C'est cette zone que l'armée devra peut-être reconquérir dans 48 heures. Des véhicules blindés ont quitté Bogota en direction du Sud. Les Colombiens retiennent leur souffle. Ils redoutent une déflagration qui embraserait davantage le pays.

Le président Pastrana dit toutefois vouloir éviter "une terrible guerre sans merci". En cas de fléchissement de la guérilla, il assure que "les portes resteront ouvertes au dialogue et à la négociation".


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