Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers   | Forum 
Google
 
Web LatinReporters.com

Colombie : cultures de coca en hausse de 60% malgré les fumigations

VOIR AUSSI

Dossier Colombie

BOGOTA, 14 mai 2001 (LatinReporters.com) - Malgré la fumigation aérienne avec défoliants de 58.000 hectares, les Nations unies calculent que la superficie des cultures de coca a augmenté de 60% en un an en Colombie. De 103.000 hectares à la fin de 1999, cette superficie est passée à 162.000 hectares, indique un rapport du bureau colombien du Programme des Nations Unies contre les Drogues (UNDCP).

Dressé en collaboration avec les autorités colombiennes, ce rapport n’a pas encore été diffusé officiellement. Ses conclusions sont publiées lundi à Bogota par l’influent hebdomadaire " Cambio ", dont le conseil éditorial est présidé par l’écrivain Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature en 1982.

Le Monitoring Intégral de Cultures Illégales créé par la Colombie et l’UNDCP, en recourant à un système français de photographie par satellite, révèle que les campagnes d’éradication sont dépassées par la vitesse et les facultés d’adaptation des cocaleros (cultivateurs de coca). Ce monitoring répond au désir de la Colombie et de l’ONU de ne plus dépendre de Washington pour surveiller l’évolution des " narcocultures ".

Confirmant que l’accroissement des superficies de coca surpasse les superficies fumigées, un haut fonctionnaire du gouvernement colombien cité par " Cambio " y voit " un véritable désastre et la preuve que nous suivons le mauvais chemin ". L’hebdomadaire s’interroge, lui, sur le bien-fondé du "Plan Colombie " de lutte contre la drogue, soutenu militairement par les Etats-Unis.

Le général Gustavo Socha, directeur de la section antidrogue de la police colombienne, et d’autres spécialistes expliquent à " Cambio " que les cocaleros ont appris à déjouer la fumigation. Ils sèment des zones bien visibles qui sont la cible des défoliants, mais camouflent l’essentiel des plants de coca parmi des cultures agricoles traditionnelles.

Selon " Cambio ", les 160.000 ha de cultures de coca existant désormais en Colombie représentent une superficie quasi égale aux 170.000 ha que comptaient ensemble, en 1995, le Pérou, la Bolivie et la Colombie. Cette dernière produirait à elle seule plus de cocaïne que n’en consomme la planète entière.

Le marché mondial de la cocaïne en serait menacé d’un effondrement des prix. Paradoxalement, les fumigations viendraient involontairement au secours des narcotrafiquants, réduisant la surproduction et maintenant ainsi des prix assurant une forte rentabilité.

A la question de savoir pourquoi le Pérou et la Bolivie ont réussi à réduire leurs plantations de coca, alors qu’en Colombie elles ont quadruplé en dix ans, " Cambio " répond : " Car en Colombie il y a des guérilleros et des paramilitaires qui protègent les cocaleros, les organisent et les aident à affronter la répression en retirant d’énormes gains de cette activité ".

" Ces groupes armés illégaux, poursuit l’hebdomadaire, ont la capacité de protéger les cultures, l’élaboration et l’exportation de ce produit illicite (la cocaïne) ".

Les guérillas colombiennes d’extrême gauche et les paramilitaires d’extrême droite qui les combattent sont donc une fois de plus désignés comme les véritables cartels de la drogue aujourd’hui en Colombie.


  Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers  
 

© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet).