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Première réponse à la proposition inédite du président Uribe de libérer 50 rebelles des FARC

Colombie: la guérilla refuserait l'échange d'otages, dont Ingrid Betancourt

Ingrid Betancourt sur une vidéo filmée par la guérilla en mai 2002 - Photo LatinReporters.com
BOGOTA, jeudi 19 août 2004 (LatinReporters.com) - "Nouvelle tromperie", "jet de bave", proposition "mesquine"... C'est ainsi qu'ANNCOL, agence de presse officieuse de la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes), qualifie ce jeudi la proposition inédite du gouvernement colombien d'échanger 50 rebelles emprisonnés contre les otages politiques retenus par les FARC. Parmi eux, l'ex-candidate à la présidence Ingrid Betancourt, séquestrée depuis le 23 février 2002.

Révélée mercredi, la proposition gouvernementale d'échange humanitaire a soulevé l'espoir des familles des otages.

La balle est désormais dans le camp de la guérilla, qui a toujours accusé le président colombien Alvaro Uribe de refuser un échange humanitaire. Mais l'article d'ANNCOL (Agencia de Noticias Nueva Colombia) fait craindre que le refus ne vienne cette fois des FARC. Le correspondant à Madrid qui signe l'article, José Maria Ramirez, n'hésite pas à parler au nom des rebelles pour souligner que la proposition gouvernementale ne répond pas aux exigences des FARC. Il écrit ainsi:

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"Les FARC réitèrent aux familles [des otages], aux Colombiens et à la Communauté internationale leur ferme disposition à rechercher par tous les mécanismes nécessaires l'obtention d'un échange humanitaire général et généreux, qui ne pourra pas se réaliser entre les balles, les blessés et les morts... Les FARC réitèrent que le conflit se situe entre Colombiens et toutes les initiatives en vue de l'échange humanitaire et de la paix doivent venir du gouvernement et de l'insurrection, qui désigneront des porte-parole et des négociateurs directs...".

Pour autant qu'ANNCOL exprime comme d'ordinaire le point de vue des FARC, on peut en déduire, en interprétant ces phrases en fonction de revendications connues, que la guérilla reproche au gouvernement de ne pas envisager la libération de tous les guérilleros détenus (plusieurs centaines) et de ne pas décréter avant l'échange humanitaire une trêve de l'armée colombienne ou de ne pas vouloir effectuer l'échange dans une zone qui serait préalablement démilitarisée.

L'absence d'une négociation directe entre rebelles et émissaires du gouvernement apparaîtrait aussi comme un élément négatif aux yeux de la guérilla. En juillet dernier, le nº2 des FARC, Raul Reyes, estimait possible une négociation directe avec le président Uribe s'il acceptait de retirer l'armée des départements méridionaux du Caqueta et du Putumayo, 114.000 km2 qui sont la principale assise de la guérilla.

Toujours selon ANNCOL, la "mesquine proposition gouvernementale" viserait notamment à "acheter davantage de votes sales au Congrès" pour la réélection d'Alvaro Uribe. (Il ne pourra se présenter à l'élection présidentielle de 2006 que si le Congrès colombien amende la Constitution, qui interdit à un président sortant de briguer un second mandat consécutif).

Dans ce contexte, des sondages confirmant la toujours grande popularité d'Alvaro Uribe décelaient que son attitude la plus vulnérable électoralement était son inflexibilité à l'égard d'un échange humanitaire avec la guérilla.

L'échange proposé par le gouvernement

Le haut commissaire à la Paix du gouvernement colombien, Luis Carlos Restrepo, révélait mercredi à Bogota la brève proposition officielle d'échange humanitaire adressée le 23 juillet dernier aux FARC.

"Conformément aux lois colombiennes et de manière unilatérale, le gouvernement libère[ra] 50 guérilleros poursuivis ou condamnés pour rébellion, leur offrant une alternative pour s'incorporer à la société" dit le texte de la proposition. L'alternative, "sous la garantie de la France et de l'Eglise colombienne", est "voyager à l'étranger" ou adhérer "au programme de réinsertion du gouvernement national".

"Ensuite, la guérilla libère[ra] les séquestrés politiques et les membres de la force publique en son pouvoir. Pour leur libération, on comptera sur l'appui de la Suisse, de la France et du CICR [Comité International de la Croix-Rouge]" indique le paragraphe final de la proposition officielle remise aux FARC.

Concrètement, dans cet échange, la guérilla est invitée à libérer Ingrid Betancourt, des mandataires politiques et des officiers colombiens, ainsi que trois Américains, soit 59 otages.

Après avoir été reçue par le président Alvaro Uribe, la soeur d'un député séquestré, Angela Maria Giraldo, a affirmé que la preuve de la réception par les FARC de la proposition gouvernementale d'échange humanitaire est une photo en possession du chef de l'Etat. Elle montre le dirigeant rebelle Raul Reyes en compagnie des intermédiaires suisses sollicités par le gouvernement colombien.

Le chargé d'affaires de l'ambassade suisse à Bogota, David Best, a confirmé la disposition de son pays à contribuer à un accord en faveur "de personnes privées de liberté".

L'offre d'échange humanitaire marque un tournant du gouvernement du président Uribe. Initialement, le chef de l'Etat écartait toute possibilité d'échanger "des gens de bien contre des délinquants". Puis, il posa comme condition la libération de tous les otages des FARC, quelque 1.600 selon le gouvernement, la plupart étant des civils dont la guérilla rançonne les familles. Alvaro Uribe exigeait aussi un arrêt préalable des attaques des insurgés. Ces conditions ont disparu de la proposition gouvernementale.

Avant la publication de l'article d'ANNCOL, Astrid Betancourt, soeur d'Ingrid, exprimait sur Radio Caracol son "optimisme, mêlé d'expectative et de prudence... J'interprète cela [la proposition d'échange] comme une manifestation du gouvernement d'entreprendre une négociation... c'est une grande nouvelle".

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