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Colombie: enquête parlementaire sur la complaisance du président Pastrana envers la guérilla


Andres Pastrana
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BOGOTA, 25 octobre 2001 (LatinReporters.com) - La Chambre des représentants de Colombie a ouvert une enquête préliminaire afin de déterminer si le président de la République, Andres Pastrana, a omis ou non de faire respecter la loi dans l'enclave démilitarisée, appelée "laboratoire de paix", qu'il a cédée en novembre 1998 à la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, 17.000 combattants).

Les Etats-Unis veulent juger
les chefs guérilleros
et paramilitaires colombiens

L'ambassadrice des Etats-Unis en Colombie, Anne Patterson, a affirmé mercredi que son pays souhaite l'extradition, pour les juger, des chefs des trois groupes terroristes colombiens impliqués dans le trafic de drogue.

Les trois mouvements colombiens figurant sur la liste des organisations considérées comme terroristes par Washington sont la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), la guérilla pro-cubaine de l'ELN (Armée de libération nationale) et les paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie).

L'enquête parlementaire a été engagée à la demande du Comité des victimes de la guérilla, qui accuse le gouvernement de manquer à son devoir de garantir l'application des lois dans cette enclave de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse), où vivent 100.000 des 42 millions de Colombiens.

Selon le député Jairo Devia, l'enquête débouchera soit sur un classement du dossier, soit sur "une procédure formelle contre le président".

Le plus étonnant est qu'une telle enquête soit jugée nécessaire. Il est en effet de notoriété publique, en Colombie et pour nombre d'observateurs étrangers, que seule la loi des FARC est en vigueur dans le "laboratoire de paix", baptisé aussi "zone de détente". Les rebelles en ont expulsé les juges et de nombreux prêtres après le retrait de l'armée et de la police ordonné par le président Pastrana.

Dans ce territoire créé en principe pour abriter des négociations de paix demeurées infructueuses, la guérilla a abandonné le romantisme guévariste pour piétiner le droit humanitaire international et, dans la foulée, les lois colombiennes. L'ONU, la Croix Rouge, l'Union européenne, les principales organisations humanitaires mondiales, ainsi que l'Eglise, la presse, l'armée et les parlementaires colombiens ne cessent de dénoncer les crimes multiples commis par les FARC dans la "zone de détente".

Exécutions sommaires de prisonniers, détention de civils (y compris de femmes, d'enfants et de coopérants étrangers) enlevés contre rançon, enrôlement forcé d'enfants dans la guérilla, production et trafic de cocaïne et d'héroïne pour financer les armes arrivant sur des pistes d'atterrissage clandestines, tests obligatoires de dépistage du sida suivis du bannissement des séropositifs, construction de camps d'entraînement de combattants, préparation d'attaques contre le reste du pays, fabrication d'armes et accueil de terroristes internationaux sont les entorses graves à la légalité que les FARC sont accusées de commettre dans le "laboratoire de paix".

La plupart des généraux et des parlementaires appelés à témoigner dans le cadre de l'enquête parlementaire préliminaire ne pourront que répéter ces accusations qu'ils ont si souvent lancées publiquement. Et une fois de plus, l'écrasante majorité de l'opinion publique - plus de 80% selon les sondages- s'étonnera de la complaisance du président Pastrana à l'égard de la guérilla.

Le chef de l'Etat n'a cessé de proroger la "zone de détente". Les FARC n'ont tenu aucune des promesses faites pour obtenir les prorogations successives. Leur engagement, début octobre, d'abandonner les enlèvements massifs de civils a déjà fait long feu.

Dans leur surenchère permanente, les rebelles exigent aujourd'hui, sous peine de suspension indéfinie des négociations de paix, une prorogation de leur enclave jusqu'au terme du mandat présidentiel d'Andres Pastrana (août 2002) et la levée des contrôles militaires autour du "laboratoire de paix".

Pour la première fois depuis 1998, le président colombien donne l'impression qu'il ne cédera pas. Sa fermeté soudaine vise peut-être à désamorcer l'enquête parlementaire ouverte contre lui. L'attitude nouvelle d'Andres Pastrana témoigne aussi des changements dans la perception du phénomène terroriste depuis les attentats du 11 septembre dernier contre les Etats-Unis. D'autant plus que la survie politique du président colombien dépend largement de Washington.

Le 12 octobre dernier, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat, Francis Taylor, déclarait au quotidien colombien El Tiempo: "Aujourd'hui, les FARC sont le groupe terroriste international le plus dangereux basé dans notre hémisphère. Depuis 1980, les FARC ont assassiné 13 citoyens américains et en ont enlevé des centaines. Non seulement les chefs des FARC ont applaudi les attaques du 11 septembre (contre New York et Washington), mais en outre, ensuite, ils ont renouvelé leur appel aux attaques contre des citoyens des Etats-Unis".


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