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Colombie: la guérilla des FARC exécute une ex-ministre de la Culture

Les FARC empêchent aussi une manifestation pacifiste vers leur "laboratoire de paix"

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Dossier Colombie

BOGOTA, 30 septembre 2001 (LatinReporters.com) - Considérée par Washington comme une organisation terroriste pouvant "affecter de manière globale les intérêts" des Etats-Unis, la guérilla colombienne des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes) a assassiné l'ex-ministre colombienne de la Culture Consuelo Araujonoguera. Les FARC l'avaient enlevée le 24 septembre. Samedi, sous la menace des armes, la guérilla a empêché une manifestation pacifiste vers le "laboratoire de paix" de 42.000 km2 octroyé en 1998 aux FARC par le président colombien Andres Pastrana.

Dernière heure

Le président Pastrana
annonce la révision
du processus de paix
avec les FARC

"J'ai décidé d'évaluer l'ensemble du processus de paix, ainsi que chacune de ses composantes, avec la certitude que la douleur des Colombiens et leur dégoût profond pour la violence ne tomberont pas dans le vide" a annoncé dimanche soir le président colombien Andres Pastrana dans un message télévisé à la nation.

La décision du chef de l'Etat, qui pourrait déboucher sur la fin de sa politique de la main tendue à l'égard de la guérilla, a été prise après la réunion extraordinaire, à Bogota, du Conseil national de sécurité et du Front commun pour la paix, qui regroupe notamment les candidats à l'élection présidentielle de 2002.

Ces instances ont analysé la situation créée par les dernières actions de la guérilla des FARC, en particulier l'assassinat de l'ex-ministre de la Culture Consuelo Araujonoguera.

Avant le 8 octobre, le président Pastrana doit décider s'il maintient ou non le "laboratoire de paix" de 42.000 km2 (appelé aussi "zone de détente") cédé aux FARC en 1998.

Le cadavre de Consuelo Araujonoguera, 62 ans, a été retrouvé dimanche dans la Sierra Nevada de Santa Maria, au nord de la Colombie. L'ex-ministre a été exécutée de deux balles dans la tête. Très connue, créatrice du plus grand festival de musique folklorique colombienne et amie du prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, Consuela Araujonoguera était l'épouse de l'actuel procureur général de Colombie.

Le gouvernement et les principaux partis politiques qualifient de "coup dur au processus de paix" ce nouveau crime de la guérilla. Actuel favori de l'élection présidentielle de mai 2002, le libéral Horacio Serpa estime que l'assassinat de l'ancienne ministre prouve "l'absence de résultats" dans les négociations dites de paix ouvertes depuis près de trois ans entre les FARC et le président Pastrana.

Le chef de l'Etat doit décider avant le 8 octobre s'il maintient ou non le "laboratoire de paix" de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse) qu'il avait octroyé en novembre 1998 aux FARC, dans le sud du pays, avec l'espoir d'y négocier une paix mettant fin à la guerre civile. Celle-ci a fait plus de 200.000 morts et déplacé plus de deux millions de Colombiens depuis 1964.

A la tête d'une caravane de plusieurs milliers de personnes, dont des observateurs de l'Internationale socialiste, le candidat présidentiel Horacio Serpa a tenté ce week-end d'organiser une manifestation pour la paix dans le "laboratoire" cédé aux FARC. Un fort détachement armé de la guérilla a fait rebrousser chemin à la caravane, accentuant le ressentiment de la majorité des Colombiens, qui reprochent au président Pastrana ses concessions excessives à la guérilla.

Les éditorialistes de la presse colombienne accusent régulièrement le président de brader la souveraineté nationale au nom d'une paix introuvable. Malgré la politique de main tendue du gouvernement, les FARC accentuent en effet depuis plusieurs mois leurs offensives dans l'ensemble du pays, utilisant le "laboratoire de paix" à la fois comme tremplin et comme base de repli de leurs attaques.

Tous les candidats à la prochaine élection présidentielle invitent le président Pastrana soit à reprendre le contrôle du "laboratoire de paix", soit à y faire accepter par les FARC un contrôle international empêchant les crimes et les exactions imputées à la guérilla. Andres Pastrana a retiré du "laboratoire de paix" l'armée et la police. La guérilla elle-même en a expulsé les juges et y rend une "justice populaire" et sommaire, ponctuée d'exécutions.  

Selon l'organisation humanitaire internationale Human Rights Watch, les FARC sont responsables "d'assassinats et d'enlèvements de civils, de prises d'otages contre rançon, d'utilisations d'enfants soldats, de pseudo-jugements, de traitement cruel et inhumain de combattants capturés et de déplacements forcés de civils".

Les 17.000 guérilleros des FARC et leurs 8.000 ennemis paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, également cataloguées comme terroristes par Washington), sont financés principalement par la production et le trafic de cocaïne. Les groupes armés hors-la-loi sont désormais en Colombie les nouveaux cartels de la drogue.

Depuis plusieurs années, les FARC mentionnent les intérêts et "l'impérialisme" américains parmi les cibles de leur combat pour l'instauration d'un "Etat socialiste".


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