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Pérou - Et si les "pyramides" de Pantiacolla menaient à l'Eldorado?

QUITO, 2 octobre 2001 (LatinReporters.com) - La recherche de la légendaire Paititi des Incas -le mythique Eldorado des conquistadors espagnols- est à nouveau d'actualité. Un explorateur italo-polonais devrait sillonner l'amazonie péruvienne ce mois d'octobre pour "faire entrer la légende de Paititi dans le domaine de la science". Une expédition française revient de la même région et espère y repartir l'an prochain. L'un de ses membres, Thierry Jamin, réagit à notre article précédent  (Pérou: à la recherche de l'Eldorado des Incas) et nous révèle le mystère des "pyramides" de Pantiacolla qui, peut-être, mèneront un jour à Paititi, donc à l'Eldorado.
 

Opération Pantiacolla 2001

par Thierry Jamin

"Pyramides" de Pantiacolla / Paratoari
photographiées par le satellite SPOT II
© CNES 1998
Un ami m'a signalé votre article intitulé "Pérou : à la  recherche de l'Eldorado des Incas", relatif à l'expédition d'un explorateur polonais, qui partirait dans la région du Madre de Dios ce mois d'octobre, à la recherche de la mystérieuse et légendaire cité perdue de Paititi.

Votre article m'étonne un peu. Je rentre tout juste, en effet, d'une expédition dans le Madre de Dios, que je connais moi-même assez bien, et je peux vous garantir qu'il est vraiment très difficile de s'aventurer dans cette région en octobre, en raison de la saison des pluies.

Je crains que notre explorateur n'aille pas très loin dans cette jungle épaisse, terrifiante de beauté, mais surtout pleine de dangers et impraticable à cette époque.

Cela fait une dizaine d'années que je consacre mes recherches à la quête de cette Cité Perdue que l'on recherche en vain, au fin fond de la jungle péruvienne, depuis le XVIème siècle : la mystérieuse cité de Gran Paititi.

Notre expédition de cette année, l'"Opération Pantiacolla 2001", avait pour objectif l'exploration minutieuse des mystérieuses "Pyramides" de Pantiacolla, repérées par des photos Landsat en 1975, et l'étude des Pétroglyphes de Pusharo, dont nous pensons avoir enfin percé la clef... du moins l'une des clefs !

Les deux sites s'étendent dans une zone du Madre de Dios où l'on espère un jour retrouver la Ville Perdue.

Au coeur de la forêt amazonienne du sud péruvien

Les "pyramides" de Pantiacolla s'étendent au coeur de la forêt vierge amazonienne, au sud du Pérou, à 150 kilomètres à vol d'oiseau de Cuzco, l'ancienne capitale de l'Empire inca.

C'est un site énigmatique dont on ne savait pratiquement rien jusqu'à cet été, et qui a nourri, pendant près de trente ans, bien des fantasmes et des suppositions.

Il se présente comme une sorte d'amphithéâtre, de trois à quatre kilomètres de long, à l'intérieur duquel s'étendent deux alignements de pyramides ! Une douzaine de pyramides au total, dont certaines ont 150 à 200 mètres de côté ! A titre de comparaison, la plus grande des pyramides de Guizeh, en Egypte, celle de Kéops, fait 236 mètres.

D'autres formations circulaires ou rectangulaires ont également été repérées dans le même périmètre.

L'ensemble laissait penser à un immense sanctuaire. Ici se cachaient, peut-être, les restes d'une ancienne cité inca. Peut-être ceux-là mêmes de Paititi.

Compte-tenu de l'esprit de "compétition" -assez malsain !- qui a toujours régné dans cette quête éperdue, il est toujours difficile de livrer les résultats de recherches qui pourraient, bientôt, nous conduire enfin à notre but.

C'est pourquoi notre équipe avait, à l'époque, renoncé à toute publication dans les médias ou sur le Net. Mais, rassurez-vous, l'époque à changé !

Notre expédition 2001, à Pantiacolla/Paratoari et sur le site de Pusharo, a fait l'objet d'un film qui devrait être diffusé en France au début de l'année prochaine. Diverses publications devraient également voir le jour dans des magazines spécialisés, avec force photos, puisqu' une photographe de renom était également de l'expédition.

Les "pyramides" sont d'origine naturelle

Nous avons, cette année, effectué une exploration minutieuse et systématique des fameuses "pyramides". Au risque de décevoir un certain nombre de "passionnés" de mystères archéologiques, nous avons pu déterminer, sans l'ombre d'un doute, que ces formations étaient bien d'origine naturelle, sans aucune intervention de l'homme. Ce faisant, elles constituent un cas unique en géologie !

Elles sont le résultat d'un phénomène d'érosion "catastrophique" de la montagne au pied de laquelle s'étend le site du Paratoari, la Sierra Baja de Pantiacolla. Ce phénomène d'érosion est connu sous le terme de "dents du Diable", ou de formation "en chevrons".

Est-ce pour autant la fin du mythe ? Non ! Nous avons en effet découvert, dans les abords du site, un certain nombre d'objets d'origine inca (notamment des machettes en pierre et en métal-chumpi), qui prouvent que les Incas fréquentaient bien cette zone.

Nous avons pu vérifier, par ailleurs, auprès des indigènes qui peuplent cette partie de la "selva", les Machiguengas, que la présence de ces pyramides est connue de tous. Ces derniers considèrent d'ailleurs ces "pyramides", comme un sanctuaire des "Anciens"... S'ils connaissent les "pyramides", il paraît évident que les peuples, incas ou non, qui par le passé habitaient également cette région, connaissaient également l'endroit.

Bref, l'intérêt archéologique de ces formations, loin de disparaître, peut désormais rebondir sur de nouvelles bases... plus solides et plus sérieuses.

En effet, on connaît l'attrait des Incas et de leurs prédécesseurs pour les montagnes, qu'ils vénéraient comme "apus", et pour la forme pyramidale. Laquelle a une place de choix dans la cosmogonie de toutes ces cultures.

C'est l'exemple de Machu Picchu : la célèbre Cité Perdue d'Hiram Bingham ne fut pas construite n'importe où. Trois pics, de types "pyramidaux", la surplombent, dont le plus haut -et le plus connu !-, n'est autre que le Huayna Picchu, le Jeune Pic.

Imaginons alors un lieu où existeraient deux alignements fantastiques d'une vingtaine (!) de "Huayna Picchu"...

Contrairement à l'ensemble des publications existant sur le sujet, nous avons, pour notre part, dénombré non pas 12, comme il est généralement admis, mais 18 formations pyramidales ! (ce que nous avions déjà établi en 1998)

Nous n'avons repéré sur leurs abords immédiats aucune trace de construction quelle qu'elle soit. Cela ne signifie pas qu'il n'y en ait jamais eu, mais dans ce cas l'érosion l'aura complètement dévoré. Nous avons repéré des amoncellements étranges de pierres angulaires qui pourraient renvoyer à cela... mais cela reste douteux.

Les "pyramides" ont pu faire l'objet d'un culte

Il semble, en réalité, que les "pyramides" aient été en quelque sorte un sanctuaire INDIRECT des anciens peuples de la région. Le site n'a visiblement jamais été touché.

Nous savons, cependant, que ces peuples s'y sont intéressés. Il existe sur la sierra du Pantiacolla mille endroits où pourraient avoir été bâtis un observatoire ou un adoratoire, voire même une petite cité magico-religieuse, consacrée au culte des "Pyramides".

Nous pensons, à dire vrai, avoir localisé le site, mais il nous faudra nous armer de patience et attendre l'an prochain pour en être certain.

Les Pétroglyphes de Pusharo pourraient être également liés aux "Pyramides", car certains symboles semblent bien les représenter!

Comme le pense l'un de mes amis, Herbert Cartagena (Cf.: "Paititi, dernier refuge des Incas", Robert Laffont), qui était aussi de l'expédition, ces Pétroglyphes pourraient bien constituer une sorte de "carte géographique mémoire" de la région... et cette carte mènerait à Paititi.

Pantiacolla/Paratoari fut-il un sanctuaire du Gran Paititi ? Pas impossible en effet...

Nous avons mis au jour cette année quantité d'éléments qui nous permettront, je l'espère, l'an prochain, d'en révéler davantage.

Les jours tranquilles de la Reine des Cités Perdues me paraissent de plus en plus comptés. Mais faisons confiance à l'esprit humain, il partira encore à la recherche d'un inaccessible Eldorado... celui que nous avons tous quelque part dans un coin du cerveau... A SUIVRE

Thierry Jamin
Contact : paititi.expedition@caramail.com


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