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Guatemala: 30 ans de prison pour les militaires assassins de l’évêque Gerardi

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Guatemala

GUATEMALA, 8 juin 2001 (LatinReporters.com) - Trois militaires reconnus coupables de l’assassinat en 1998 de l’évêque Juan Gerardi ont été condamnés chacun à 30 ans de prison, vendredi par un tribunal de Guatemala. Une peine de 20 ans a été infligée à un prêtre complice. Mgr Gerardi accusait l’armée de graves atteintes aux droits de l’homme.

Agé de 75 ans, le prélat avait été frappé à mort avec un bloc de béton dans son presbytère le 26 avril 1998, deux jours après avoir présenté son rapport intitulé " Récupération de la mémoire historique (REMHI), Guatemala : plus jamais ".

Ce rapport imputait à l’armée la majorité des 150.000 morts et 50.000 disparitions au cours de la guerre civile guatémaltèque (1960-1996), qui opposa le pouvoir à des guérillas de type castriste ou sandiniste. La répression frappa particulièrement les communautés indigènes mayas, victimes également des guérilleros.

La religieuse nord-américaine Barbara Ann Ford, qui participa à l’élaboration du rapport REMHI, fut assassinée le 5 mai dernier de plusieurs coups de feu dans une rue du centre de Guatemala.

Cinq procureurs chargés de l’enquête sur l’assassinat de l’évêque Gerardi ont été menacés de mort et trois d’entre eux s’exilèrent avec leur famille. Le 21 mars dernier, deux jours avant le début du procès, une grenade était lancée, sans faire de victime, contre le domicile de la juge Jazmin Barrios.

Dans ce climat de terreur, le verdict rendu vendredi est courageux. Qualifiant l'assassinat "d'exécution extra-judiciaire", les juges ont rompu l’impunité, basée sur la peur, dont jouissaient les militaires et les terroristes paramilitaires. "Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire, on applique la justice à un crime politique" s'est exclamé le président du Guatemala, Alfonso Portillo. Lors de son investiture, en janvier 2000, le chef de l'Etat s'était engagé à faire la lumière sur la mort de Mgr Gerardi.

Le grade et les fonctions passées des condamnés confirment le caractère politique de l’assassinat de l'évêque. Considéré comme le cerveau de l’opération criminelle, le colonel à la retraite Disrael Lima Estruda commanda les services de renseignement militaires. Le capitaine Byron Lima Oliva (fils du colonel Lima Estruda) et le sergent Jose Obdulio Villanueva appartinrent, eux, à l'état-major présidentiel, un corps d'élite aux pratiques réputées violentes. Leur peine de 30 ans ne pourra faire l’objet d’aucune remise.

Le prêtre Mario Orantes est condamné à 20 ans de prison pour complicité. Il a facilité l’accès des assassins au presbytère de la victime. Inculpée également de complicité, la domestique de l’évêque, Margarita Lopez, est innocentée.

Dans la salle bondée du tribunal, on distinguait des prêtres, des religieuses, des défenseurs des droits de l’homme et des diplomates étrangers.

Relevant cette présence diplomatique, l’un des avocats des condamnés critiqua " la pression exercée par la communauté internationale ". Il s’en prit en particulier aux représentants de l’Allemagne et des Pays-bas, pays qui, dit-il , aident l’Office des droits de l’homme de l’archevêché de Guatemala.

Un autre avocat des militaires qualifia de " menaçante " la présence de l’ambassadrice des Etats-Unis, Prudence Bushnell. Washington serait donc désormais l’ennemi des oppresseurs en Amérique latine.


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