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Guatemala : décrété pour 30 jours, " l’état d’alarme " inquiète

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Guatemala

GUATEMALA CITY, 20 juin 2001 (LatinReporters.com) - " L’état d’alarme " décrété pour 30 jours au Guatemala par le gouvernement du président Alfonso Portillo est officiellement justifié par la nécessité de capturer 63 criminels dangereux évadés le 17 juin d’une prison de haute sécurité. Des libertés fondamentales sont suspendues. Les défenseurs des droits de l’homme s’en inquiètent.

Les arrestations sans mandat et pour une période indéterminée sont autorisées. Tant la police que l’armée peuvent désormais interroger et limiter la liberté de mouvement des citoyens.

Des 78 détenus évadés dimanche de la prison de haute sécurité d’Escuintla, à 50km au sud de la capitale, 2 ont été abattus et 13 ont été capturés par la police. Les 63 autres courent toujours. Cette évasion, la plus grande de l’histoire du Guatemala, provoque un émoi réel. Parmi les fugitifs, une vingtaine sont condamnés à mort pour assassinats et enlèvements. Les témoins et les juges liés à leurs procès, ainsi que les proches des victimes se sentent menacés.

Le président populiste Alfonso Portillo appelle les Guatémaltèques à taire les querelles partisanes pour former un front commun contre la délinquance, l’un des principaux fléaux du pays avec la corruption. Soupçonnés d’avoir été achetés pour permettre l’évasion massive, 19 gardiens et trois directeurs de la prison d’Escuintla ont été arrêtés.

Le parti de l’Avance Nationale, principale formation de l’opposition au Congrès, et l’Alliance Nouvelle Nation, bloc parlementaire de gauche, soutiennent le déploiement militaire et policier pour capturer les évadés. Ils réservent toutefois leur position sur l’état d’alarme, qu’ils vont analyser.

Du côté des défenseurs des droits de l’homme, très en vue au Guatemala pour leur combat en justice contre des militaires accusés de massacres pendant la guerre civile (1960-1996), les critiques contre l’état d’alarme sont vives.

La fondation du prix Nobel de la paix Rigoberta Menchu craint qu’il ne favorise des abus d’autorité, des exécutions extra-judiciaires ou des lynchages que pourraient commettre les forces de sécurité ou des groupes clandestins.

L’augmentation des entraves à la justice dans le cadre de procès ouverts contre des militaires est également redoutée par la fondation, qui appelle la mission des Nations unies au Guatemala à surveiller l’action du gouvernement.

La fondation Rigoberta Menchu et une centaine d’autres associations de défense des droits de l’homme exigent, dans une déclaration commune, à la fois la capture des criminels fugitifs et l’abrogation immédiate de l’état d’alerte. " Le peuple ne doit pas tolérer qu’on lui fasse payer les conséquences de l’incapacité et de la complicité de fonctionnaires de l’Etat impliqués dans l’évasion massive " affirme la déclaration.

Le Groupe d’appui mutuel, association de parents de détenus et de disparus, rappelle que même pendant les pires années de la guerre civile l’état d’alarme n’avait pas été décrété.


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