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Crise en Haïti : le retour de paramilitaires préoccupe Amnesty International

AI appelle l'opposition à "faire preuve de son attachement aux droits humains"

Le président haïtien Jean-Bertrand Aristide
Photo Palais National
MADRID, mercredi 18 février 2004 (LatinReporters.com) - L’apparition, à la tête de l’opposition armée au président haïtien Jean-Bertrand Aristide, "d’anciens dirigeants paramilitaires déclarés coupables d’atteintes aux droits humains dans le passé alimente un conflit qui a déjà ôté la vie à de nombreuses personnes alors que la crise en Haïti continue de s’aggraver", estime l'organisation de défense des droits humains Amnesty International (AI) dans un communiqué envoyé mercredi au siège madrilène de LatinReporters.com.

Les violences ont fait plus de 50 morts en Haïti depuis le 5 février. Malgré les réticences américaines, la France a invité la communauté internationale à envisager l'envoi d'une force de paix multinationale.

FRAPH = Frappe

Louis Jodel Chamblain et Jean Tatoune font tous deux partie de l’organisation paramilitaire des FRAPH, formée par les autorités militaires qui se sont trouvées de facto à la tête du pays après le coup d’État de 1991 contre le président Jean-Bertrand Aristide. Les membres du FRAPH ont été reconnus responsables de très nombreuses atteintes aux droits humains avant le rétablissement d’une structure de gouvernement démocratique en 1994.

Intitulé dans un premier temps "Front révolutionnaire pour l’avancement et le progrès haïtiens", le groupe a choisi comme acronyme FRAPH, qui sonne en français et en créole comme "frappe", du verbe frapper.

Antoine Izméry a été abattu par balles à l’église du Sacré Cœur de Port-au-Prince, le 11 septembre 1993, lors d’une messe à laquelle il assistait. L’office se tenait en mémoire du cinquième anniversaire du massacre commis lors de l’attaque contre Aristide, alors simple prêtre, le 11 septembre 1988 à l’église Saint Jean Bosco de La Saline, un bidonville situé dans la banlieue de la capitale.

(Amnesty International)

"Même au meilleur de la situation, le spectre des atteintes passées aux droits humains a continué de hanter Haïti. En ce moment décisif, où l’état de droit est encore si fragile, la dernière chose dont ce pays a besoin est le retour à la tête de l’opposition armée de gens ayant commis des atteintes aux droits humains dans le passé" affirme Amnesty.

Le 14 février, Louis Jodel Chamblain, ancien dirigeant paramilitaire notoire, déclarait avoir rejoint le mouvement armé qui cherche à renverser le président Jean Bertrand Aristide. Il était accompagné d’un ancien commissaire de police.

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Amnesty International rappelle qu'en septembre 1995, Chamblain faisait partie des sept hauts dirigeants militaires et paramilitaires reconnus coupables par contumace et condamnés aux travaux forcés à perpétuité pour leur implication dans l’exécution extrajudiciaire, en septembre 1993, d’Antoine Izméry, militant connu pour ses positions en faveur de la démocratie. Chamblain était parti en exil pour échapper aux poursuites. Il a rejoint les dirigeants de l’opposition armée basée aux Gonaïves, la quatrième ville en importance d'Haïti.

Toujours selon Amnesty, "un autre de ces dirigeants, Jean Pierre Baptiste, alias Jean Tatoune, est également un ancien chef paramilitaire, condamné aux travaux forcés à perpétuité pour sa participation au massacre de Raboteau en 1994. Il faisait partie des prisonniers qui se sont échappés d’une prison des Gonaïves en août 2002 en même temps qu’Amiot "Cubain" Métayer, chef aujourd’hui décédé du groupe qui a pris le contrôle des Gonaïves par la force le 5 février."

"Les membres de la bande dont Jean Tatoune était le chef ont été accusés d’avoir perpétrés de très nombreuses atteintes aux droits humains contre des représentants et des partisans du gouvernement ainsi que contre des habitants des Gonaïves au cours des mois passés." précise Amnesty.

L'organisation estime que "les autorités haïtiennes doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour arrêter ces personnes, déjà reconnues coupables de graves atteintes aux droits humains",  et que, pour leur part, "les partis d’opposition politique doivent condamner la réapparition de ces personnes de triste notoriété à la tête du mouvement armé qui cherche à faire partir Aristide; ils doivent également faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire la preuve de leur attachement aux droits humains et à l’Etat de droit.»

Après l’attaque du 5 février dernier aux Gonaïves, rappelle Amnesty International, les troubles se sont étendus à près d’une douzaine d’autres villes dans le centre et le nord d’Haïti. L’inquiétude grandit au sujet de la situation humanitaire des villes sous contrôle des forces anti-gouvernementales et des zones coupées du reste du pays à cause du conflit.

La première manifestation de l’opposition politique depuis le début des violences s’est déroulée à Port-au-Prince le 15 février. Les manifestants ont essuyé des jets de pierre de la part de partisans du gouvernement ; la police a fait usage de gaz lacrymogènes et tiré en l’air pour disperser les deux groupes.

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