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CONDOR : LES AXES DU MAL - "Antiterrorisme" en Amérique latine

Le film de l'Argentin Roberto Vazquez en salle à Paris

Martin Almada, avocat paraguayen victime de Condor, a retrouvé 400.000 documents "inexistants"
Photo Article Z / EuroZoom
PARIS, jeudi 8 janvier 2004 (Eurozoom / LatinReporters.com) - Au nom de "la lutte contre le terrorisme", une opération spéciale -nom de code CONDOR- était menée dans les années 70 et 80 en Amérique du Sud. Cette lutte lancée par le Chili après le coup d'Etat du 11 septembre 1973 d'Augusto Pinochet ciblait les mouvements de gauche. Condor devint un réseau reliant les dictatures militaires, soutenu par les Etats-Unis.

Le film "Condor: les axes du mal" du jeune cinéaste argentin Rodrigo Vazquez accompagne plusieurs victimes de ce réseau. Il pousse des leaders de Condor à témoigner. Depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001, ceux-ci revendiquent être les pionniers de l'actuel combat contre le "terrorisme international".

Synopsis du film

Martin Almada, avocat paraguayen, se bat depuis des années pour retrouver des preuves des exactions commises par les autorités à l'époque du général Stroessner.

Sa plus belle victoire date de 1992, lorsqu'il a trouvé dans un commissariat plus de 400.000 documents, dont l'existence était niée par les autorités. Parmi ces documents qui relatent avec précision les sévices infligés aux prisonniers, Martin retrouve une cassette audio. Elle contient ses hurlements de douleur, enregistrés pendant qu'il était torturé. La police secrète fit écouter cette cassette à sa femme jusqu'à ce qu'elle succombe d'un infarctus.

En exclusivité au cinéma
LE QUARTIER LATIN

Sélectionné pour la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2003, le film "Condor: les axes du mal" (durée 1h26) sort à Paris, en exclusivité au cinéma LE QUARTIER LATIN, le 21 janvier 2004. Il y sera à l'affiche pendant plusieurs semaines. La sortie en province sera programmée en fonction d'une collaboration avec différentes associations sensibilisées sur le sujet.

Distribué par EUROZOOM, le film a été produit par le producteur, réalisateur et journaliste Patrice Barrat, président d'ARTICLE Z.

Dans sa quête permanente d'une justice pour toutes les victimes, Martin veut trouver d'autres archives dont il connaît l'existence, mais qu'il lui faudra localiser avant que la police ne les fasse disparaître.

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Martin et ses anciens compagnons de cellule emmènent le réalisateur visiter le lieu de leur détention.

Petit à petit, le réalisateur découvre les ramifications internationales de l'Opération Condor. L'équipe du film se rend alors au Chili, à la recherche d'un co-détenu arrêté au Paraguay, Jorge Fuentes. Son histoire nous entraîne dans les arcanes de Condor.

Nous découvrons comment le réseau agissait dans toute l'Amérique du Sud, mais également en Europe et aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs en plein coeur de Washington que Condor frappe le 21 septembre 1976, assassinant dans un attentat à la bombe Orlando Letelier, dernier ministre de la Défense du président constitutionnel chilien Salvador Allende.

Cette même année, les services secrets américains informent officiellement Henry Kissinger de l'existence du réseau Condor. Mais Kissinger savait déjà et, toujours en 1976, il donne le feu vert aux militaires argentins pour "rétablir l'ordre" et mener cette "guerre non conventionnelle", l'autre nom de la guerre contre le terrorisme.

Une nouvelle guerre contre le terrorisme a été lancée par les Etats-Unis après les événements du 11 septembre 2001. Les principaux acteurs de l'Opération Condor saisissent l'occasion pour justifier leurs actions.

Pour la première fois, Manuel Contreras -ancien chef des services secrets chiliens et connu sous le nom de Condor 1- accepte de témoigner à l'écran.

Il explique le pourquoi de cette guerre. Il nous fait part de sa fierté quand il constate que les Etats-Unis d'aujourd'hui utilisent les méthodes que lui a pratiquées il y a près de 30 ans. Et il n'est pas le seul.

Alfredo Lobo, un Argentin instructeur de commando formé aux Etats-Unis parle lui aussi des méthodes "insidieuses" qu'il utilisait. Quant à Osvaldo Romo, il ne regrette rien. Et ajoute, très "scientifiquement" que, d'après lui, tout cela n'était que la suite logique des "recherches" menées par la France pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie, puis par les USA pendant la guerre du Vietnam.

Mais Condor n'est pas qu'une sale histoire du passé, puisqu'en janvier 2002 le réseau qu'on pouvait croire disparu organise un enlèvement. La victime sera sauvée de justesse et cet événement permettra d'accentuer la pression sur la justice paraguayenne.

Martin Almada reçoit alors le feu vert des autorités et peut découvrir, "en direct", plusieurs tonnes d'archives qui échappent ainsi à une destruction programmée.

Témoignages

Parmi les nombreux témoignages exclusifs de victimes, mais également de tortionnaires, nombreux sont ceux qui parlent de l'Opération Condor pour la première fois.

-Manuel Contreras, dit "Condor One": bras droit du général Pinochet, il était le chef de la DINA, le département des services secrets chiliens. L'Opération Condor a germé dans son esprit avant d'être mise en place à l'échelon du continent sud-américain.

-Juan Arrom: leader du mouvement de gauche "Patria Libre", il a été kidnappé et torturé en janvier 2002 par la police du Paraguay et des agents secrets chiliens. L'affaire Juan Arrom a été décrite comme marquant le début d'une Opération Condor II.

-Carlos Alfredo Lobo, dit "le Loup": chef de commando argentin formé aux Etats-Unis par la CIA, il a pris part à la "guerre sale" en Argentine, mais également en Colombie, au Nicaragua, au Salvador et au Brésil. Il a également fait partie du commando qui a envahi les îles Malouines en 1982. Pour la première fois à l'écran, il donne un point de vue saisissant sur les actions d'alors.

-Enrique Gorriaran Merlo: chef de l'ERP (Armée Révolutionnaire du Peuple) en Argentine, il fut impliqué dans la création de la JCR, la Junte de coordination révolutionnaire active dans de nombreux pays pour lutter contre les régimes dictatoriaux. La JCR fut l'une des principales cibles de l'Opération Condor. Plus tard, Enrique Gorriaran se battra au Nicaragua avec les sandinistes, puis organisera l'assassinat du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza au Paraguay en 1980. L'entretien avec ce guérillero a été filmé dans la prison de Devoto où il purge une peine de perpétuité.

-Osvaldo Romo: en tant que chef des interrogatoires à la Villa Grimaldi, un camp de concentration en plein coeur de Santiago du Chili, il a participé à de nombreuses opérations "antiterroristes" au sein de Condor. Lors d'un entretien exclusif, il décrit ouvertement ses méthodes de torture favorites et la réaction de ses victimes. La plupart des victimes qui ont croisé son chemin n'ont jamais été retrouvées.

-Martin Almada: avocat et victime de l'Opération Condor, il est à la tête de nombreuses actions pour que justice puisse être rendue. Le film suit sa quête à la recherche d'évidences éclairant les années sombres de l'Amérique latine. En décembre 2002, Martin Almada a reçu le prix Nobel alternatif en Suède et a été reçu à l'Assemblée nationale française.

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