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Vers l'union politique et économique de l'Amérique du Sud

Douze pays lancent la Communauté sud-américaine de nations (CSN)

Alejandro Toledo, président du Pérou et hôte du sommet sud-américain de Cuzco
Photo Secretaría de Prensa de la Presidencia de la República
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Dossier

Globalisation

LIMA, mercredi 8 décembre 2004 (LatinReporters.com) - La Communauté sud-américaine de nations (CSN) va être créée par les douze pays d'Amérique du Sud, réunis pour leur 3e sommet de chefs d'Etat mercredi et jeudi à Cuzco et Ayacucho (Pérou). Avec 360 millions d'habitants, 17 millions de km2 et un PIB global de 800 milliards de dollars, la CSN serait la plus vaste région politico-économique de la planète, mais non la plus riche ni la plus peuplée.

L'ambition est d'unifier politiquement et économiquement l'Amérique du Sud en s'inspirant de la longue marche de l'Union européenne. Le lancement de la CSN est facilité par des accords existants entre le Mercosur (marché commun regroupant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay) et la Communauté andine de nations (Venezuela, Colombie, Pérou, Equateur et Bolivie). Le Chili, le Surinam et la Guyana devraient aussi avaliser le lancement de la nouvelle union.

La création de cette CSN, appelée souvent dans les médias Union sud-américaine, est un geste politique fort. Néanmoins, ses organes de gouvernance, son fonctionnement et les outils communs entre les pays membres ne seront probablement définis que dans plusieurs mois, lors d'un autre sommet de chefs d'Etat.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et son homologue vénézuélien Hugo Chavez seront les personnalités les plus en vue du sommet sud-américain de Cuzco. L'intégration politique et économique de l'Amérique du Sud pour faire contrepoids à la prépondérance des Etats-Unis est la ligne directrice de leur politique étrangère, Lula observant toutefois une prudence sociale-démocrate qui contraste avec le populisme pro-castriste du président Chavez.

L'acte officiel de naissance de la CSN sera signé ce mercredi. Il s'intitulera "Déclaration de Cuzco sur la Communauté sud-américaine de nations". Le lendemain, 9 décembre, les chefs d'Etat ou leurs représentants signeront la "Déclaration d'Ayacucho" dans la ville péruvienne du même nom.

Comme le rappelle le président péruvien Alejandro Toledo, c'est le 9 décembre 1824 à Ayacucho que le général vénézuélien Sucre, au service du légendaire Simon Bolivar, remporta sur les Espagnols la victoire décisive ouvrant l'indépendance à l'Amérique du Sud.

L'ambition hégémonique sur le sous-continent prêtée au Brésil nourrit des susceptibilités régionales. A cet égard, l'absence du président argentin Nestor Kirchner sera très remarquée. (Officiellement, son médecin lui a recommandé de ne pas séjourner à une altitude aussi élevée que celle de Cuzco, perchée dans les Andes à 3.300 m). L'Uruguayen Jorge Batlle, le Paraguayen Nicanor Duarte et l'Equatorien Lucio Gutierrez n'ont pas davantage répondu à l'appel, pas plus que le Mexicain Vicente Fox, invité lui en qualité d'observateur.

Malgré leurs excuses institutionnelles ou personnelles, l'absence de ces chefs d'Etat, qui seront représentés par des vice-présidents ou des ministres, préfigure peut-être les embûches qui compliqueront la construction de la CSN. Au chapitre des difficultés, il faudra tenir compte du peu de sympathie que suscite aux Etats-Unis une éventuelle intégration politique de l'Amérique du Sud. Par contre, une intégration purement économique pourrait être perçue à Washington comme un pas vers la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) que le président George W. Bush voudrait instaurer de l'Alaska à la Terre de Feu.

L'un des principaux artisans de la Communauté sud-américaine de nations, l'ex-président argentin Eduardo Duhalde (ses relations avec son successeur Nestor Kirchner sont tendues) sera présent à Cuzco en sa qualité de président de la Commission de représentants permanents du Mercosur.

Il estime que la CSN -que lui aussi appelle volontiers "Union sud-américaine"- accroîtra l'influence politique et économique de l'Amérique latine dans le monde. Les Latino-Américains se feront entendre avec force au sein des Nations unies et de l'Organisation mondiale du commerce et leur union servira aussi à négocier "dans de meilleures conditions des accords commerciaux, politiques et de coopération avec l'ALCA (sigle espagnol de la ZLEA) et avec l'Union européenne" écrivait lundi Eduardo Duhalde dans le quotidien argentin Clarin.

Allan Wagner, secrétaire général de la Communauté andine (qui tenait une réunion préalable mardi à Cuzco), n'écarte pas le lancement futur d'une monnaie unique sud-américaine, mais il souligne que l'Union européenne a patienté un demi-siècle avant d'instaurer l'euro.

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