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Lettre contenant le bacille du charbon, mais sans poudre visible

L'Argentine, premier pays latino-américain frappé par le bioterrorisme

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BUENOS AIRES, 20 octobre 2001 (latinreporters.com ) - Une lettre postée à Miami (Etats-Unis) et reçue à Buenos Aires contenait le bacille du charbon (anthrax), mais elle n'a pas infecté sa destinataire a annoncé vendredi soir le ministre argentin de la Santé, Hector Lombardo. Il s'agit du premier cas de bioterrorisme reconnu officiellement en Amérique latine.

En dehors des Etats-Unis, où jusqu'à présent 38 personnes sont touchées, l'Argentine est, après le Kenya, le second pays où l'on a détecté le dangereux bacille dans un envoi postal.

Au Brésil, le bureau de Rio de Janeiro du quotidien américain "New York Times" a réceptionné une lettre suspecte, qui est analysée. Au siège new-yorkais du journal, on se dit persuadé que l'envoi est contaminé, mais les autorités brésiliennes ne l'ont pas confirmé.

La lettre incriminée à Buenos Aires est particulièrement inquiétante dans la mesure où, pour la première fois, ce type d'envoi bioterroriste ne contenait aucune poudre visible avertissant d'un danger probable. "Le bacille était cristallisé sur le papier" explique Jorge San Juan, médecin-chef de l'hôpital Muniz de Buenos Aires, où la lettre a été analysée, comme 600 autres envois suspects qui se sont révélés, eux, inoffensifs.

Pour réduire les risques, le ministre Hector Lombardo envisage l'utilisation "d'une chambre d'ozone qui stériliserait les lettres venant de l'étranger".

Celle contenant le bacille du charbon portait sur l'enveloppe une publicité d'une société de tourisme de Miami spécialisée dans les croisières aux Caraïbes. Méfiante, sa destinataire -une femme de Buenos Aires dont l'identité n'a pas été révélée- n'ouvrit pas la lettre, échappant ainsi à la contamination. Elle l'enveloppa dans un sac en plastique et la remit pour analyse aux autorités compétentes.

Les soupçons quant aux auteurs de l'offensive bioterroriste internationale se portent principalement sur les islamistes du saoudien Oussama ben Laden. Le diplomate Juan Jose Echegoyen, attaché commercial l'an dernier à l'ambassade d'Argentine en Arabie Saoudite, confirme que cette ambassade avait reçu en septembre 2000 plusieurs communiqués revendiquant au nom d'Al-Qaïda (l'organisation de ben Laden) "la responsabilité de l'explosion en Argentine".

Cette phrase est interprétée comme se référant à l'attentat à la camionnette piégée commis le 18 juillet 1994 dans la capitale argentine contre la Mutuelle israélite. L'attaque terroriste, la plus meurtrière jamais perpétrée en Amérique latine, fit 85 morts et 300 blessés. En 1992, le bilan d'un autre attentat à Buenos Aires, contre l'ambassade d'Israël, fut de 29 morts et 200 blessés.

Forte de 300.000 âmes, la communauté juive d'Argentine est la plus importante d'Amérique latine et la deuxième du continent après celle des Etats-Unis. En 1991, l'Argentine fut le seul pays latino-américain à participer à la Guerre du Golfe contre l'Irak, envoyant deux frégates soutenir l'offensive de l'alliance qui a libéré le Koweit de l'invasion irakienne.


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