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Après 166 jours de détention pour "association illicite" de contrebande d'armes

Argentine: libéré par la justice, Carlos Menem veut "redevenir président"

Ses ambitions risquent de diviser les péronistes

Carlos Menem (à gauche) et
Fernando de la Rua (à droite)
© Presidencia de la Nacion
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BUENOS AIRES, 22 novembre 2001 (latinreporters.com) - La remise en liberté, mardi à Buenos Aires, de l'ex-président péroniste Carlos Menem est un événement autant politique que judiciaire dans une Argentine où l'effondrement de la popularité du président de centre-gauche Fernando de la Rua s'accompagne d'un risque de plus en plus marqué de cessation de paiement de la dette publique.

Accusé d'être le chef d'une "association illicite" dédiée à la contrebande d'armes, Carlos Menem était détenu préventivement - à domicile vu son âge, 71 ans- depuis le 7 juin dernier. La Cour suprême a balayé les accusations retenues contre lui.

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A la tête de l’Etat pendant dix ans (1989-1999), Carlos Menem exerça la plus longue présidence démocratique de l’histoire de l’Argentine, ramenant une prospérité qui paraît lointaine dans le marasme actuel.

Entre 1991 et 1995, il signa trois décrets autorisant la vente d’armes au Panama et au Venezuela. Mais les livraisons furent déviées vers l’Equateur et la Croatie. Ces deux pays étaient pourtant sous embargo international, l’Equateur pour son conflit avec le Pérou et la Croatie pour la guerre dans l’ex-Yougoslavie.

Ce détournement d'armes provoqua une longue enquête judiciaire qui aboutit, en juin dernier, à l'inculpation de Carlos Menem. Outre l’ex-président étaient aussi détenus l’un de ses anciens ministres de la Défense, Antonio Gonzalez, son chef des forces armées de l’époque, le général Martin Balza, et l’ex–beau frère et conseiller de Carlos Menem, Emir Yoma. Ce dernier a également été libéré mardi.

Estimant par six voix contre deux et une abstention qu'aucune "association illicite" n'a pu être prouvée, la Cour suprême a critiqué durement "l'arbitraire" et "la légèreté" du juge fédéral Jorge Urso qui avait mené l'enquête et ordonné la détention de Carlos Menem. La plus haute instance judiciaire argentine compare même la procédure du juge Urso à la répression illégale pendant la dictature militaire.

Plusieurs sondages indiquaient pourtant qu'une majorité d'Argentins croyait en la culpabilité de Carlos Menem. Sa libération a provoqué des centaines d'appels téléphoniques indignés aux médias. Des journalistes ont relevé que plusieurs juges nommés sous la présidence de Carlos Menem siègent à la Cour suprême.

L'impact de la libération de Carlos Menem a été ressenti dans l'ensemble de la classe politique, anxieuse de savoir si l'ex-chef de l'Etat tentera de reprendre en mains le Parti justicialiste (péroniste) et de se lancer dans la lutte pour les élections présidentielles de 2003.

La réponse à ces questions fut rapide. "Je redeviendrai président de l'Argentine. Je viens lancer ma candidature à la présidence de la nation pour l'année 2003" s'est exclamé mercredi Carlos Menem devant les milliers de sympathisants qui saluaient sa libération dans sa province natale de la Rioja, à 1.600 km au nord de Buenos Aires.

Auparavant, l'ex-chef de l'Etat convoquait une prochaine réunion du Conseil national du Parti justicialiste pour reprendre la présidence du parti dont il avait été évincé pendant sa détention.

Carlos Menem a en outre la possibilité de siéger prochainement au sénat. Elu sénateur suppléant, malgré sa détention, aux élections législatives du 14 octobre dernier, il entrerait à la chambre haute en cas de démission du moindre élu péroniste.

Avec 40% des votes à l'échelle nationale, les péronistes avaient triomphé lors des élections d'octobre, confirmant leur majorité absolue au sénat et obtenant la majorité relative à la chambre des députés. Victime de trois ans de récession économique, l'Alliance gouvernementale du président argentin Fernando de la Rua s'effondrait alors, ne recueillant que 23% du vote national.

Mais ces élections ont mis en selle des personnalités, telles que le sénateur Eduardo Duhalde et Carlos Ruckhauf, gouverneur de la province clef de Buenos Aires, qui pourraient, elles aussi, revendiquer l'investiture péroniste pour les élections présidentielles de 2003. La libération et les ambitions de Carlos Menem risquent donc de diviser son propre parti et de permettre à l'actuel chef de l'Etat de terminer son mandat.

Une démission de Fernando de la Rua demeure néanmoins considérée comme possible par divers analystes en cas d'échec de la restructuration de la dette publique argentine, qui s'élève à 132 milliards de dollars. Cette restructuration, actuellement en cours, vise à éviter un moratoire (déclaration de cessation de paiements). Mais selon des agences internationales de notation financière, les conditions moins favorables que propose l'Argentine à ses créanciers mettent déjà le pays en défaut de paiement. Cette appréciation risque de compliquer la conversion de la dette et de précipiter un moratoire.


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