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"Acte terroriste" ( pape Jean-Paul II)
"Génocide" (président colombien Andres Pastrana)
"Crime de guerre" (Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme)

Colombie: la guérilla des FARC massacre 108 civils, dont plus de 40 enfants

L'armée colombienne doit reprendre
le contrôle du département du Choco
© Javier Casella, Ministerio de Defensa
BOGOTA, lundi 6 mai 2002 (latinreporters.com) - Le massacre de 108 civils, dont plus de 40 enfants, dans un village du nord de la Colombie par la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) a été confirmé dimanche soir par le président colombien Andres Pastrana.

Il a qualifié la tuerie de "génocide" et interpellé l'Union européenne (UE) pour la prier de considérer les FARC comme une organisation terroriste. Le pape Jean-Paul II a lui-même qualifié le massacre "d'acte terroriste". Pour les Nations unies, il s'agit d'un "crime de guerre".

Dans le département colombien du Choco, limitrophe du Panama, environ 500 paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie, extrême droite) et quelque 800 guérilleros des FARC s'affrontent violemment depuis le début de la semaine dernière pour le contrôle des routes clandestines d'exportation de la cocaïne et d'importation d'armes.

Fuyant les combats, de nombreux habitants du village de Bojaya s´étaient réfugiés jeudi dans leur église. Les FARC l'ont bombardée, probablement pour punir les paysans de l'endroit de ne pas leur avoir fait allégeance.

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"La guérilla a pris comme objectif  la paroisse de la localité, où étaient accourues plus de 100 personnes, enfants, femmes et vieillards, pour se réfugier et se protéger" a déclaré le président Pastrana à l'issue de la réunion d'un conseil extraordinaire de sécurité tenue à Quibdo, capitale du département du Choco.

Selon le chef de l'Etat, le bombardement, qu'il estime délibéré, de l'église de Bojaya par la guérilla des FARC a fait parmi la population civile 108 tués, dont plus de 40 enfants.

Une lettre envoyée samedi par un missionnaire de Bojaya au diocèse de Quibdo indique que dans l'église "nous avions quelque 300 personnes réparties en groupes". Les civils réfugiés dans l'édifice religieux surpassaient donc la centaine évoquée par le président Pastrana. Ceci explique qu'outre les morts, on dénombre également 105 blessés.

"Il s'agit d'un génocide perpétré par les FARC" affirme le président colombien. A Bogota, le nonce apostolique, Mgr Beniamino Stella, a cité les paroles du pape Jean-Paul II, qui "déplore ce nouvel acte terroriste contre la population sans défense, avec de nombreux morts, dont beaucoup d'enfants".

Le bureau colombien du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a rappelé, dans un communiqué, que "le droit humanitaire international interdit d'attaquer des personnes non combattantes, ainsi que les installations médicales et religieuses". Mener de telles attaques, poursuit le communiqué, constitue "un crime de guerre".

"Que faut-il pour qualifier les FARC de terroristes? Si cela n'est pas du terrorisme, de quoi s'agit-il?" s'est exclamé devant la presse le président Andres Pastrana, se référant à la décision de l'Union européenne (UE) de ne pas inclure, la semaine dernière, la guérilla marxiste dans la liste officielle des organisations considérées comme terroristes par l'UE.

La règle de l'unanimité pour la prise de décisions par les 15 pays de l'UE avait permis à la Suède et à la France de bloquer à elles seules cette mise à l'index des FARC. Leur inclusion dans la liste aurait permis de geler leurs biens et leurs actifs et d'interpeller leurs membres en Europe. Les FARC ont pignon sur rue à Stockholm, siège de leur agence de propagande ANNCOL (Agencia de Noticias Nueva Colombia).

Le gouvernement de Bogota et la presse colombienne reprochent à la Suède et à la France de ne condamner que la terreur d'extrême droite, tolérant celle exercée par une guérilla qui se réclame de la gauche marxiste. Contrairement aux FARC, les paramilitaires colombiens des AUC ont en effet été inscrits la semaine dernière sur la liste des organisations terroristes dressée par l'UE.

Tant les FARC que les AUC, ainsi qu'une autre guérilla colombienne, la pro-cubaine ELN (Armée de libération nationale), sont officiellement considérées comme terroristes par les Etats-Unis.

Le président Pastrana a annoncé dimanche qu'il solliciterait auprès des autorités et représentants diplomatiques français et suédois une révision du statut des FARC.

Dans une lettre adressée vendredi au chef de l'exécutif espagnol, José Maria Aznar, président en exercice de l'Union européenne, Andres Pastrana écrivait: "Mettre en doute la condition terroriste des FARC ou de l'ELN, qui violentent et terrorisent chaque jour la population colombienne, qui séquestrent des centaines de personnes... et qui ont séquestré des citoyens européens... constitue un message très douloureux pour tout le peuple colombien".

"La Colombie espère que lors de la prochaine révision de la liste (de personnes et d'organisations terroristes), l'Union (européenne)... corrigera ce déséquilibre flagrant qui démotive les Colombiens et envoie un signal de tolérance de l'Europe à l'égard des actes les plus vils et les plus lâches contre la population civile" ajoutait le président Pastrana, qui approuvait, par ailleurs, la définition comme terroristes des paramilitaires des AUC.

Sur le terrain, quatre mille soldats devraient tenter à partir de ce lundi, avec un retard étonnant, de reprendre le contrôle du département du Choco. Vingt-cinq  mille personnes fuyant les combats entre paramilitaires et guérilla y créent un nouveau drame humanitaire.

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