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Guérilla contenue, criminalité en recul, mais le défi de la pauvreté reste entier

Colombie: popularité sans précédent du président Uribe après un an de gestion

Affiche de la campagne pour l'élection présidentielle de 2002. Alvaro Uribe a conservé ce regard mystique qui entretient son aura d'intégrité appréciée dans un pays miné par la corruption
BOGOTA, lundi 11août 2003 (latinreporters.com) - Jamais, dans les sondages, un président colombien n'a joui d'une popularité égale à celle du président Alvaro Uribe. Un an après son investiture, le 7 août 2002, plus de 70% des Colombiens sondés pour le compte de divers médias soulignent le dévouement, l'intégrité et la conviction d'un président qui a pourtant approuvé la guerre en Irak et qui est le plus fidèle allié des Etats-Unis en Amérique du Sud.

Dans un pays considéré comme l'un des plus violents de la planète, Alvaro Uribe est surtout crédité de l'accroissement de la sécurité. La guérilla d'extrême gauche est contenue, les paramilitaires d'extrême droite négocient leur adieu aux armes et la criminalité recule.

Ce tableau est d'autant plus frappant que l'élection d'Alvaro Uribe à la présidence dès le premier tour, avec 53% des suffrages exprimés, avait été saluée par la majorité de la presse occidentale -et en particulier l'européenne- comme l'avènement d'un homme d'extrême droite ne pouvant que généraliser le conflit intérieur colombien qui a fait plus de 200.000 morts depuis 1964.

Indépendant dissident du Parti libéral, Alvaro Uribe, ex-sénateur de 51 ans, devait sa victoire à la fermeté promise contre la corruption et contre la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, 17.000 hommes). Les concessions sans contrepartie du président sortant, Andres Pastrana, avaient considérablement renforcé les FARC.

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"L'année où l'espoir est revenu", selon le titre de l'hebdomadaire colombien Semana, signifie notamment que l'armée a repris l'initiative contre la guérilla. Cette dernière maintient son existence médiatique par la séquestration de personnalités (dont l'ex-candidate à la présidence Ingrid Betancourt) et par des actions plus terroristes que militaires (véhicules piégés frappant essentiellement des civils) qui n'accroissent pas les zones contrôlées par les guérilleros.

La plupart des grandes routes sont enfin sécurisées. La politique dite de "sécurité démocratique" d'Alvaro Uribe a ajouté 35.000 soldats paysans aux 55.000 hommes des troupes de combat. "Ces soldats paysans ne sont pas des auxiliaires de seconde catégorie, mais des forces régulières qui défendent tout simplement leur foyer, là où elles habitent" explique le président Uribe à l'envoyé spécial à Bogota du quotidien espagnol "El Pais".

Des ministres de plusieurs pays européens et les principales organisations humanitaires internationales avaient critiqué vivement, l'an dernier, la militarisation de paysans, estimant qu'elle risquait de transformer tout Colombien en cible potentielle.

Les enlèvements contre rançon, perpétrés tant par la guérilla que par des mafias apolitiques, ont diminué d'un tiers lors du premier semestre 2003, quoique dépassant encore le chiffre de 600. (De nombreux enlèvements ne sont pas déclarés, les familles craignant l'exécution des séquestrés).

Succès relatif aussi dans la lutte contre la drogue, qui est devenue l'une des principales ressources financières de la guérilla et des paramilitaires. Officiellement, l'administration Uribe aurait réussi à réduire de 160.000 à 120.000 hectares la superficie des cultures de coca et de pavot, matières premières, respectivement, de la cocaïne et de l'héroïne. La Colombie n'en demeure pas moins le premier producteur mondial de cocaïne.

Quant à la criminalité, terroriste et commune, elle a baissé de 65 à 50 morts par 100.000 habitants et par an. (La Colombie compte 44 millions d'habitants). L'appellation "terroriste" vise tant les paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie) que la guérilla des FARC et sa petite soeur maoïste de l'ELN (Armée de libération nationale). Ces trois mouvements sont également considérés officiellement comme terroristes par les Etats-Unis. L'Union européenne n'a inscrit sur sa liste noire que les FARC et les AUC.

Avoir réussi à mettre les FARC sur la défensive, grâce aussi à l'aide militaire américaine, constitue une évolution du conflit intérieur. En l'absence d'un revers massif de la guérilla, on ne peut toutefois pas encore parler de tournant.

L'événement récent le plus spectaculaire est l'accord de Santa Fe de Ralito par lequel, le 15 juillet dernier, les 10.000 à 12.000 paramilitaires commandés par Carlos Castaño y Salvatore Mancuso annonçaient leur intention de négocier un adieu aux armes, qui pourrait commencer à se concrétiser dans quelques semaines. (L'écueil, ici, sera d'éviter l'impunité des crimes des paramilitaires).

Outre les groupes armés illégaux et les narcotrafiquants (ils se confondent tant qu'on parle de "narcoterroristes"), Alvaro Uribe doit affronter, dans sa croisade pour relever la Colombie, deux ennemis que la force ne peut pas contrôler.

D'abord le temps. Le mandat du président Uribe expirera dans trois ans et, constitutionnellement, il ne pourra pas en briguer un second consécutif.

Ensuite, la misère, qui frappe toujours plus de 60% des Colombiens. Les plus favorisés, 20% de la population, accaparent les deux tiers du revenu national. C'est notamment pour mieux le répartir qu'un référendum concernant aussi l'organisation des partis et de la justice proposera le 26 octobre l'extension de l'impôt sur le revenu à tous les Colombiens gagnant plus de 40 millions de pesos (12.000 euros)  par an. Actuellement, l'exemption prévaut jusqu'à un revenu de 60 millions de pesos.

Dans l'attente des résultats incertains et lointains d'un éventuel accord de libre-échange avec les Etats-Unis, les classes moyennes seraient frappées de plein fouet par cette réforme fiscale. Or, elles sont le soutien le plus actif d'Alvaro Uribe. Bref, présider la Colombie demeure un exercice à haut risque.

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