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Colombie: 6 femmes dans le gouvernement de 13 ministres d'Alvaro Uribe

Elles assumeront notamment la Défense et les Relations extérieures

Marta Lucia Ramirez, 1ère femme ministre de la Défense dans l'histoire de la Colombie - Photo CCA
BOGOTA, mardi 18 juin 2002 (LatinReporters.com) - Si, comme l'a dit Aragon, la femme est l'avenir de l'homme, alors les Colombiens seront entre bonnes mains. Six des treize ministres du prochain président colombien, Alvaro Uribe, représenteront en effet le beau sexe après le 7 août prochain, date de la prestation de serment du nouveau chef de l'Etat.

Les portefeuilles clefs des Relations extérieures et de la Défense seront confiés à ce bataillon de charme. C'est la première fois dans l'histoire de la Colombie, pays en guerre civile depuis près de 40 ans, qu'une femme prendra le commandement des armées. Ce défi sera relevé par l'actuelle ambassadrice de Colombie en France, Marta Lucia Ramirez.

Elu le 26 mai dernier avec 53% des suffrages comme successeur du président Andres Pastrana, le "dur" Alvaro Uribe, libéral dissident plébiscité pour son intransigeance à l'égard de la guérilla marxiste, a adouci son image et surpris en révélant la composition de son futur gouvernement. Y insérer une moitié de femmes est peut-être un record planétaire.

Mais la surprise dans la surprise est la volonté du nouveau président de mettre aux ordres de Marta Lucia Ramirez des généraux en guerre à la fois contre le narcotrafic (la Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne) et contre une rébellion intérieure qui a fait plus de 200.000 morts depuis 1964. Dans les casernes, des officiers en ont eu le souffle coupé. "Quel coup!" fut l'expression la plus répandue. "Bon, on va essayer" a murmuré un général.

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Ce n'est qu'en novembre 1991 que le ministère colombien de la Défense était retiré aux militaires pour être confié, depuis, aux civils, mais jamais jusqu'à présent à une femme. En Amérique latine, seul le Chili a devancé la Colombie. En janvier dernier, la socialiste chilienne Michelle Bachelet, fille d'un prisonnier politique torturé à mort sous la dictature du général Pinochet, devenait en effet  la première femme latino-américaine nommée ministre de la Défense.

La désignation de Marta Lucia Ramirez confirme que l'omnipotence des machos en uniforme relève désormais du passé dans cette région du monde, si l'on fait exception du leader cubain Fidel Castro et du président vénézuélien Hugo Chavez. A la question "Etes-vous d'accord qu'une femme soit ministre de la Défense dans la crise actuelle d'ordre public du pays?", 79% des 9.881 internautes sensibilisés par la question avaient,  lundi soir, répondu "d'accord" sur l'édition Internet du grand quotidien bogotanais "El Tiempo".

A 47 ans, la future ministre de la Défense est connue pour faire marcher ses collaborateurs au son du tambour. Avant d'être nommée en février dernier ambassadrice de Colombie à Paris, cette avocate spécialisée en direction d'entreprise et en législation financière fut pendant près de quatre ans ministre du Commerce extérieur à Bogota. Elle a laissé aux industriels colombiens un plan stratégique de développement des exportations étalé sur 10 ans.

Sa rigueur et sa capacité de travail sont considérées comme des gages d'un renforcement et d'une modernisation de l'armée, embourbée sans succès décisif dans une interminable guerre civile. La personnalité et le charme féminin de la ministre contribueront par ailleurs à améliorer l'image internationale de l'armée colombienne, régulièrement mise en accusation par des organisations de défense des droits de l'homme. Ce point est important pour assurer le maintien de l'aide militaire américaine, soumise à Washington au vote de congressistes pointilleux en matière de respect des droits humains.

Comme la majorité de ses futures collègues du gouvernement, Marta Lucia Ramirez a étudié aux Etats-Unis et présente un profil relevant d'une droite libérale et démocratique, plus technocratique qu'idéologique et étrangère à la classe politique traditionnelle corrompue et méprisée. A ce propos, le succès électoral du prochain président Alvaro Uribe s'explique tant par sa promesse de combattre la corruption que par son refus de concessions à la guérilla.

Aux Relations extérieures, Alvaro Uribe va confier les commandes à Carolina Barco, fille de feu l'ex-président Virgilio Barco. Grande technocrate également, la future responsable de la politique étrangère est spécialisée en planification et administration d'entreprises. Elle fut notamment coordinatrice du programme des Nations unies pour l'aménagement du territoire en Colombie. Logiquement, elle affirme qu'elle accordera la priorité aux relations de la Colombie avec les Etats-Unis, l'Union européenne et les pays voisins, en particulier le Venezuela pétrolier du président pro-cubain Hugo Chavez, soupçonné par Bogota d'octroyer des bases arrières à la guérilla colombienne.

Le ministère de l'Environnement reviendra à la sénatrice Cecilia Rodriguez,. suppléante à la Chambre haute d'Ingrid Betancourt, la candidate écologiste à la récente élection présidentielle, enlevée le 23 février dernier par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et toujours séquestrée par cette guérilla marxiste.

Le portefeuille de la Culture sera confié à Maria Consuelo Araujo, nièce de l'ex-ministre de la Culture Consuelo Araujo Noguera, enlevée et assassinée en septembre 2001 par les guérilleros des FARC.

Quant à Marta Pinto De Hart, prochaine ministre des Communications, et Cecilia Maria Velez, qui recevra le portefeuille de l'Education, elles ont jusqu'à présent moins attiré l'attention des médias colombiens.

Le choix de deux des futures femmes ministres, à l'Environnement et à la Culture, semble répondre à un désir d'Alvaro Uribe de rendre hommage aux victimes de la guérilla. Le père du nouveau président lui-même fut assassiné par les FARC en 1983. Alvaro Uribe préfère toutefois souligner que "nous faisons pleinement confiance en une valeur infinie que possède la Colombie: les femmes".

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