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Election présidentielle au Costa Rica: défaite historique de la gauche

Vainqueur, le social-chrétien Abel Pacheco offre à son parti un second mandat consécutif

SAN JOSE, lundi 8 avril 2002 (LatinReporters.com) - Pour la première fois de son histoire, le Parti de libération nationale (PLN, social-démocrate) a subi une seconde défaite consécutive à une élection présidentielle au Costa Rica. Comme en 1998, il a perdu face au Parti de l'unité sociale-chrétienne (PUSC, droite).

Avec 41,9% des suffrages, le candidat social-démocrate, Rolando Araya, vice-président de l'Internationale socialiste, est largement devancé par les 58,1% de son adversaire social-chrétien, Abel Pacheco. L'ampleur de l'écart entre les deux candidats, une abstention record de 39% et l'obligation d'un second tour pour élire le chef de l'Etat sont d'autres premières dans un pays appelé la "Suisse d'Amérique centrale".

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Reconnaissant rapidement sa défaite, Rolando Araya, austère ingénieur chimiste de 54 ans, a joué les Cassandre. Il voit en son échec la preuve "que le monde et le Costa Rica" suivent "des idées erronées" relevant d'un "matérialisme effréné dont on ne sait où il nous mènera".

Il a accusé Abel Pacheco et les sociaux-chrétiens "de vouloir livrer le pays pieds et poings liés aux intérêts étrangers", avant d'avertir que "le peuple ne pourra pas avaler cette aventure néolibérale".

Cette accusation vise probablement la perspective d'une prochaine zone de libre-échange entre l'Amérique centrale et les Etats-Unis, idée lancée par le président américain George W. Bush en janvier dernier. Dans son programme de gouvernement intitulé "Tout pour le Costa Rica", Abel Pacheco affirme toutefois qu'une "ouverture sans être préparé à la concurrence dans un monde globalisé serait aussi dangereuse que le protectionnisme".

L'amertume du vaincu social-démocrate est le reflet du déclin du PLN, parti qui fut à son apogée lors de la présidence d'Oscar Arias (1986-1990), prix Nobel de la paix en 1987 pour son action pacificatrice en Amérique centrale, longtemps secouée par des guérillas d'extrême gauche.

Un dissident du PLN en guerre contre la corruption et le bipartisme, l'économiste Otton Solis, avait créé la surprise lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 3 février, obtenant 26,3% des voix avec son flambant neuf Parti d'action citoyenne (PAC). Il était devancé par Abel Pacheco (38,6%) et Rolando Araya (30,9%), mais il les obligeait à s'affronter lors d'un second tour inconnu jusqu'à hier dans l'histoire électorale du Costa Rica.

Le vainqueur de l'élection présidentielle, le social-chrétien Abel Pacheco, psychiatre de 68 ans, succèdera le 8 mai à son coreligionnaire Miguel Angel Rodriguez. Dès les prochains jours, il visitera les Etats-Unis.

L'arme de la victoire d'Abel Pacheco est sa capacité de toucher les sensibilités avec un langage simple, une facilité de communiquer cultivée pendant 25 ans, jusqu'à l'an dernier, d'animation d'une émission de télévision qui a largement contribué à sa popularité.

Père de six enfants, actuellement député et directeur du principal hôpital du pays, poète et romancier, Abel Pacheco fut aussi agriculteur et commerçant, propriétaire du "Palais du pantalon", une boutique populaire au coeur de San José, où les clients venaient plus pour la conversation du patron que pour changer de pantalon.

"Si quelqu'un m'avait dit que je serais un jour président, je ne l'aurais pas cru. C'est un honneur que je vous dois à tous" s'est exclamé Abel Pacheco, dimanche soir, dans son discours de victoire.

Le futur président a promis de lutter en priorité pour les pauvres, soit 20% des 4 millions de Costaricains, alors que l'Amérique latine en compte en moyenne 45%. Ses promesses en faveur des déshérités, des paysans et des femmes ont occupé une place centrale dans la campagne électorale d'Abel Pacheco.

Selon lui, son triomphe signifie "la défaite absolue des narcotrafiquants, de l'évasion fiscale, du trafic sexuel d'enfants et de la corruption".

Sans armée, car bannie de la Constitution depuis 1948, considéré comme un modèle de démocratie dans sa région et jouissant d'un produit intérieur brut par habitant de près de 4.000 dollars par an, le Costa Rica suscite l'envie en Amérique latine. Mais son prochain président devra freiner la croissance d'une dette publique dont le service absorbe le tiers du budget national.

Pour mener à bien son mandat de 4 ans, Abel Pacheco devra aussi composer avec le Congrès élu le 3 février, où les sociaux-chrétiens du PUSC , dominant 19 sièges sur 57, sont loin de la majorité absolue, même s'ils constituent la minorité la plus importante devant les 16 députés sociaux-démocrates du PLN, les 14 de l'étonnant PAC, les 7 de l'ultralibéral Mouvement libertaire et l'unique élu du Mouvement chrétien.


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