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Le football devient source d'inspiration morale, sociale et politique

Equateur: électrochoc social de la 1ère qualification pour un "Mundial"

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Equateur

QUITO, 9 novembre 2001 (LatinReporters.com) - L'Equateur, pays modeste de 12 millions d'habitants, le plus pauvre d'Amérique du Sud après la Bolivie, a changé de visage le 7 novembre 2001. Ce jour-là, un match nul contre l'Uruguay au stade Atahualpa de Quito l'a qualifié pour la première fois pour un Mundial de football, celui qui se disputera en 2002 au Japon et en Corée. Le succès "historique" de la sélection nationale a forgé un slogan, national lui aussi: "Si se puede!" (Oui, nous pouvons!).

D'un seul coup, pour les Equatoriens, l'interminable crise économique, la pauvreté criante, la corruption et la saignée de l'émigration ne sont plus perçues comme une fatalité, mais comme des défis qu'il faut enfin relever.

Le match contre l'Uruguay clôturait un parcours d'un an et demi, semé de succès qui ne cessaient d'étonner et d'enthousiasmer. Même le Brésil s'inclina devant le renouveau équatorien forgé par l'entraîneur colombien Hernan Dario Gomez, dit "El Bolillo". Dans le groupe sud-américain, seuls l'Argentine et le Paraguay devancent l'Equateur.

Au soir du 7 novembre, la qualification pour le Mundial à peine assurée, le président Gustavo Noboa lançait un message télévisé à la nation. Il exhortait le pays à pratiquer, dans toutes les activités, une solidarité identique à celle qui assura le succès des footballeurs équatoriens.

"Aujourd'hui, l'Equateur a mis la chemisette. Mettons-la tous les jours, car le plus important, c'est le pays" poursuivait Gustavo Noboa en montrant le vêtement jaune à lignes bleues et rouges de l'équipe nationale. Selon le chef de l'Etat, la qualification pour le Mundial "renouvelle notre espoir et notre foi en l'Equateur".

Les commentaires de supporters sortis du stade Atahualpa témoignaient du même impact moral, social et politique d'un football devenu joyau du patrimoine national. "Oui, nous pouvons, car c'est en nous, nous améliorer, atteindre le Mundial de la vie, être parmi les grands dans tous les aspects" affirmait l'un de ces supporters. Comme tous les autres, il avait payé son billet entre 10 et 50 dollars, alors que les revenus mensuels de la majorité des Equatoriens n'atteignent pas 200 dollars.

Avant le match, à Quito, plusieurs députés avaient siégé au Congrès revêtus de la chemisette de l'équipe nationale. Alors que les footballeurs apparaissaient sur la pelouse, une escadrille de chasse survolait le stade, traçant dans le ciel des lignes de fumées aux couleurs équatoriennes. Sur toutes les radios, un déluge de nouvelles chansons rendait et rend toujours aujourd'hui hommage à l'équipe nationale sur des rythmes de salsa et de vallenato.

Les éditorialistes confirment l'électrochoc social provoqué par la première qualification de l'Equateur pour un Mundial. Le plus important quotidien national, El Universo, écrivait au lendemain du match: "C'est l'orgueil récupéré que nous applaudissons, après l'avoir considéré comme perdu pendant des décades... Ce ne sera pas facile d'étendre cet exemple à d'autres domaines, de marquer des buts contre la pauvreté, de se jouer des défenses puissantes de la corruption... Avons-nous la valeur, l'intégrité et la conviction nécessaires? "

"La grande leçon est qu'un  pays récolte ce qu'il sème" écrit un autre éditorialiste du même journal. "Pendant un an et demi, poursuit-il, les garçons de la sélection , leur entraîneur et nous, douze millions de fanatiques, revêtant avec orgueil la chemisette tricolore, avons semé ensemble... Pourquoi ne pas appliquer la même recette aux autres affaires nationales? Pourquoi ne pas imaginer le pays comme une grande sélection nationale et gagner une fois pour toutes le match contre la corruption et la pauvreté, la discrimination, le retard technologique et l'insécurité? Ce n'est pas facile, mais oui, nous pouvons!"


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