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Le gouvernement socialiste de Zapatero domine mal la symbolique internationale

Espagne - Fête nationale: "Hitler aurait pu défiler s'il vivait encore"

 
José Luis Rodriguez Zapatero (à gauche) et son ministre de la Défense, José Bono
Photos PSOE / Ministerio Defensa

Par Christian Galloy

MADRID, mardi 12 octobre 2004 (LatinReporters.com) - Comment l'Espagne, socialiste de surcroît, a-t-elle pu devenir l'unique démocratie à honorer publiquement, le jour de sa fête nationale, l'adhésion au nazisme de non-Allemands engagés volontairement dans l'armée hitlérienne qui envahissait l'Union soviétique? L'explication a pour point de départ l'anti-américanisme militant du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Au pouvoir depuis avril dernier, il domine encore mal la symbolique internationale.


"Même Adolf Hitler aurait pu défiler s'il vivait encore" ironise, mais avec amertume, Santiago Carrillo, l'un des pères, il y a près de trente ans, d'un eurocommunisme qui facilita la transition de l'Espagne de la dictature franquiste à la démocratie.

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La polémique dominait la parade militaire traditionnelle du 12 octobre, anniversaire de la découverte des Amériques par Christophe Colomb et fête nationale espagnole, la première sous le gouvernement socialiste de Zapatero.

Pour le nouvel exécutif socialiste, la fête et la parade devaient projeter l'image politique de l'opposition à la guerre en Irak et du rapprochement entre l'Espagne et le camp européen dit de la paix, en particulier la France.

D'où l'élimination d'un détachement militaire et du drapeau américains, présents chaque 12 octobre à Madrid depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001 contre New York et Washington. Les Etats-Unis sont un pays ami et allié, explique en substance le ministre espagnol de la Défense, le socialiste José Bono, mais ce n'est pas parce que nous sommes "moins puissants" que nous allons "nous mettre à genoux" devant un autre pays.

(Dès le lendemain de leur investiture, en avril dernier, Zapatero et Bono organisaient le retrait des troupes espagnoles d'Irak, mettant fin à l'alliance privilégiée avec Washington nouée par le gouvernement conservateur de José Maria Aznar. Le 12 octobre de l'an dernier, dans la tribune officielle du boulevard madrilène de la Castellana, Zapatero fut la seule personnalité demeurée assise au passage du drapeau et du détachement américains).

Symboles du virage européen de l'Espagne socialiste, quarante-huit militaires français et le drapeau bleu-blanc-rouge ont remplacé la bannière étoilée le 12 octobre de cette année. Et pour renforcer l'imagerie populaire, ce détachement de l'Hexagone a été choisi pour sa filiation avec la division Leclercq, qui libéra Paris en 1944. En outre, l'un des exilés républicains espagnols entrés dans Paris sous l'uniforme de cette division, Luis Royo, a déposé avec le roi Juan Carlos une couronne de laurier en hommage aux morts pour l'Espagne.

Mais la présence de Luis Royo avait une contrepartie, suggérée -comme l'a reconnu le ministre Bono- par le général Felix Sanz, chef d'état-major de l'armée espagnole: le choix, pour déposer la même couronne, d'un vétéran -Angel Salamanca- volontaire de la Division Azul (Division bleue) envoyée par Franco soutenir l'invasion hitlérienne de l'Union soviétique.

"Difficile à expliquer en Europe"


Le ministre José Bono a présenté cette étonnante contrepartie comme le symbole de la réconciliation entre Espagnols "de gauche et de droite". Interrogés dans la rue, des Madrilènes admettent être surpris de la nécessité d'un tel symbole 65 ans après la fin de la guerre civile espagnole et 29 ans après la mort de son vainqueur, le général putschiste Francisco Franco. Tant célébrée, la transition démocratique espagnole ne serait-elle pas terminée?

Mettre sur le même pied libération de Paris et offensive hitlérienne en Russie "sera difficile à expliquer en Europe" estime le député européen catalan Ignasi Guardans. Nationalistes basques et catalans, gauche communiste et associations de victimes du franquisme jugent honteux d'honorer à la fois le combat contre Hitler pour la liberté en Europe et l'engagement volontaire, avec serment de fidélité au Führer, dans les troupes nazies qui étouffaient cette liberté.

Les protestataires sont néanmoins minoritaires et la presse madrilène du 12 octobre, même celle dite "progressiste", ne leur offrait pas de grands titres. L'Espagne, il est vrai, n'a pas vécu le même 20e siècle que la plupart des autres pays d'Europe.

L'émotion des contestataires est sans doute comparable à celle que soulèverait en France un hommage aux morts pour la patrie auquel participeraient des anciens de la L.V.F., la Légion des volontaires français contre le bolchevisme organisée sous le gouvernement de Vichy. Comparable aussi à l'émotion en Belgique si était invité devant la flamme du soldat inconnu, aux côtés du roi, un vétéran de la Légion Wallonie que conduisait le rexiste Léon Degrelle sur le front russe.

Le 12 octobre, l'Espagne socialiste de Zapatero semble donc s'être fourvoyée dans le maniement de la symbolique internationale. Ce fut déjà le cas lors du retrait d'Irak du contingent militaire espagnol après les attentats islamistes qui firent 191 morts et près de 2.000 blessés le 11 mars dernier à Madrid.

Les Espagnols savent qu'en campagne électorale, avant ce massacre, Zapatero avait promis de ne plus suivre les Etats-Unis en Irak. Mais hors d'Espagne, à Washington, à Londres, à Moscou, à Canberra, à Varsovie, dans divers médias occidentaux et surtout aux yeux des extrémistes musulmans, la précipitation de ce retrait militaire après la tuerie de Madrid fut et reste considérée comme une victoire du terrorisme islamiste.

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