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Espagne-élections européennes: courte victoire socialiste et abstention historique

Bipolarisation renforcée de l'électorat espagnol

Josep Borrell, tête de liste du PSOE à l'élection européenne - Photo PSOE
MADRID, lundi 14 juin 2004 (LatinReporters.com) - Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a remporté les élections européennes du 13 juin avec 43,3% des suffrages exprimés, contre 41,3% aux conservateurs du Parti populaire (PP). Quasi égale à la participation moyenne (45,3%) de l'ensemble des 25 pays de l'Union européenne (UE), celle des électeurs espagnols -45,94%- est la plus basse de toute l'histoire électorale du pays. Politiciens et éditorialistes privilégient l'analyse nationale et même régionale des résultats, ce qui renforce l'impression de désintérêt pour l'intégration européenne.

Parmi les 732 députés du Parlement européen, les 54 attribués à l'Espagne seront 25 socialistes du PSOE, 23 conservateurs du PP, 2 élus d'Izquierda Unida (Gauche unie, à majorité communiste) et 4 élus de deux listes dominées par des nationalistes catalans, basques et galiciens.

"En un an, le parti socialiste a gagné trois élections: les municipales, les générales (législatives) et les européennes" clame Rodriguez Zapatero. "C'est notre meilleur résultat à des élections européennes depuis qu'elles existent" estime pour sa part Josep Borrell, tête de liste du PSOE au scrutin de dimanche.

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"Zapatero a des raisons d'être satisfait... Les résultats accréditent que sa victoire (aux législatives) du 14 mars n'était pas un mirage et ne se devait pas uniquement à l'impact des attentats de Madrid" écrit l'éditorialiste du journal centriste "El Mundo", d'ordinaire peu conciliant à l'égard du PSOE.

Dans le même sens, l'éditorial de l'influent quotidien pro-socialiste El Pais affirme que "malgré l'abstention élevée et préoccupante, la victoire socialiste (aux législatives) du 14 mars a été validée par les élections au Parlement européen. Les efforts du PP pour délégitimer lors des européennes les résultats des générales ont ainsi échoué".

Les élections européennes avaient en effet l'allure, en Espagne, de second tour des législatives du 14 mars dernier. Contrairement aux prévisions de tous les sondages et trois jours seulement après les attentats islamistes de Madrid (191 morts et 1.900 blessés), ces législatives ramenèrent les socialistes au pouvoir. Le PP attribua alors son rejet dans l'opposition à la "manipulation" médiatique de l'émotion soulevée par les attentats, revendiqués au nom d'Al-Qaïda en représailles au soutien de l'Espagne à la guerre en Irak.

Néanmoins, les conservateurs du PP sont eux aussi satisfaits. Par rapport aux législatives de mars, ils viennent de réduire de 5 à 2 points l'avantage des socialistes. José Luis Rodriguez Zapatero n'a donc pas réussi à faire du scrutin européen un plébiscite écrasant de sa première décision gouvernementale, à savoir le retrait des troupes espagnoles d'Irak, accompli fin mai et approuvé théoriquement, selon les sondages, par 80% des Espagnols.

"Nos électeurs ont misé sur le futur de l'Espagne stable et constitutionnelle... Le PP représente plus que jamais l'espoir d'une alternative de pouvoir" affirme Jaime Mayor Oreja, ex-ministre de l'Intérieur et tête de liste du PP aux européennes. Lui aussi souligne que le pourcentage du PP, fût-il second, est le plus élevé obtenu par ce parti lors d'une élection européenne.

Bipolarisation

"L'effet immédiat du résultat est la déflation du projet socialiste" analyse l'éditorialiste du journal conservateur ABC. Il croit que le bon score relatif et inattendu du PP aux élections de dimanche réduira "les prétentions (socialistes) de réformes constitutionnelles et statutaires. D'autant plus que les forces nationalistes, dans leur ensemble, n'ont obtenu que quatre sièges et, par conséquent, leur présence dans la politique nationale ne justifie nullement une révision du modèle de l'Etat et encore moins de mépriser le PP en tant qu'interlocuteur ".

Le scrutin européen a en effet élevé la bipolarisation politique de l'Espagne à un niveau également historique. Quasiment au coude à coude, le PSOE et le PP ont réuni ensemble, dimanche, près de 85% des suffrages exprimés. Le PP gagne par ailleurs dans 11 des 17 régions autonomes espagnoles, y compris les régions clés de Madrid, Valence et des deux Castilles. En outre, en Catalogne, deuxième derrière les socialistes, le PP devance pour la première fois les nationalistes catalans.

Les conservateurs du PP sont désormais convaincus que leur force électorale s'appuie sur le rejet par des millions d'Espagnols des concessions promises aux nationalistes, surtout aux Catalans, par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier n'avait conquis aux législatives de mars qu'une majorité parlementaire relative et il a besoin d'appuis régionaux pour assurer la stabilité de son gouvernement. Mais ses promesses d'élargissement des statuts d'autonomie régionale nécessitent une majorité parlementaire qualifiée, parfois des deux tiers, inaccessible sans l'aval des conservateurs du PP. Leur secrétaire général, Mariano Rajoy, s'estime consolidé par le vote de dimanche.

Au-delà de ces enjeux nationaux et régionaux, l'éditorialiste du quotidien El Pais résume l'opinion de la majorité de ses confrères en estimant que l'abstention, dimanche, des électeurs en Espagne et dans l'ensemble des pays de l'Union européenne "est un échec pour l'Europe, un échec de tous".

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