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Espagne: mandat d'arrêt international du juge Garzon contre... Ben Laden!

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MADRID, jeudi 18 septembre 2003 (LatinReporters.com) - Etonnant optimisme du juge madrilène Baltasar Garzon, qui a lancé mercredi un mandat d'arrêt international, sous inculpation de terrorisme, contre l'homme le plus recherché de la planète, Oussama Ben Laden, leader des islamistes d'Al-Qaïda. Le juge estime que l'activation de ce mandat empêchera Ben Laden d'éluder l'action de la justice s'il devait être capturé où que ce soit.

Depuis deux ans, l'armée et les satellites américains traquent en vain Oussama Ben Laden. Le juge Garzon demande néanmoins à Interpol de le déférer à la justice espagnole en invoquant "le principe de justice pénale universelle" contre des crimes, à savoir les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, préparés, selon le juge, avec la cellule espagnole d'Al-Qaïda.

Parmi un total de 35 inculpés par Baltasar Garzon, 18 sont déjà à la disposition de la justice en Espagne, y compris Tayssir Allouni, journaliste vedette de la chaîne de télévision quatariote Al-Jazira, arrêté près de Grenade le 5 septembre dernier.

Tous les inculpés sont accusés d'appartenance à Al-Qaïda, qualifiée "d'organisation terroriste". Ben Laden et 9 autres sont en outre jugés responsables "d'autant d'assassinats terroristes, consommés ou frustrés, qu'il y eut de morts et de blessés dans les attentats du 11 septembre à New York, Washington et en Pennsylvanie".

Selon Baltasar Garzon, "Al-Quaïda est implantée dans divers pays et, de façon importante, en Espagne, qui a servi de lieu ou de base de repos, de préparation, d'endoctrinement, d'appui et de financement" à de nombreux militants de l'organisation islamiste.

Dans son acte d'inculpation, le juge justifie les mandats d'arrêt internationaux contre Ben Laden et d'autres inculpés non localisés par la nécessité "qu'ils n'éludent pas l'action de la justice" lorsqu'ils seront détenus. Alors, poursuit en substance le magistrat, la priorité et la compétence des juridictions seront établies, certains des prévenus pouvant être poursuivis par la justice d'autres pays.

L'acte du juge Garzon précise que la compétence de la justice espagnole "dérive de l'application du principe de justice pénale universelle, appuyée sur le fait qu'une part de l'action délictuelle la plus grave s'est développée en Espagne, où plusieurs des inculpés contribuèrent de façon concourante et nécessaire aux actes terroristes perpétrés ensuite aux Etats-Unis, causant plus de 3.000 victimes, dont au moins une de nationalité espagnole".

"Egorger l'oiseau"

L'acte d'accusation, 692 pages, relève notamment que dans sa première vidéo après le début de l'action militaire internationale contre le régime des talibans en Afghanistan, en octobre 2001, Oussama Ben Laden affirmait, dit le juge Garzon, que "l'action de terreur d'Al-Qaïda s'étend à l'ensemble de l'Occident et par conséquent à l'Espagne".

(Tayssir Allouni, journaliste espagnol d'origine syrienne arrêté près de Grenade, obtint pour la chaîne de télévision satellitaire arabe Al-Jazira cette vidéo diffusée le 7 octobre 2001, premier jour de l'offensive militaire américano-internationale contre l'Afghanistan, dans laquelle Ben Laden jurait "par Dieu que l'Amérique ne vivra plus jamais en sécurité").

Le juge Garzon retranscrit, dans le même acte d'accusation, de nombreuses conversations téléphoniques entre les terroristes présumés. Dans l'une d'elles, enregistrée peu avant les attentats du 11 septembre, un certain Shakur (accusé, comme Ben Laden, "d'assassinats terroristes") dit au chef supposé de la cellule espagnole d'Al-Qaïda, Imad Eddin Barakat Yarkas (alias Abou Dahdah), que des militants suivent des cours de pilotage d'avion et qu'ils vont "égorger l'oiseau".

Le magistrat relève aussi le séjour à Tarragone (en Catalogne, nord-est de l'Espagne) du chef des pilotes suicide du 11 septembre, Mohamed Atta, qui pilota l'un des avions détournés contre les tours jumelles du World Trade Center de New York. Selon le juge Garzon, Mohamed Atta était en relation avec Abou Dahdah, chef de la cellule espagnole d'Al-Qaïda, et des préparatifs des attentats du 11 septembre se firent à Tarragone.

"Camps d'entraînement terroriste": en Bosnie aussi

Toujours selon l'acte d'accusation, la cellule espagnole d'Abou Dahdah aurait endoctriné des jeunes pour les convertir à l'islamisme radical au service d'Al-Qaïda. Au moins 19 jeunes auraient été envoyés d'Espagne vers des "camps d'entraînement terroriste" en Bosnie (donc en Europe), en Afghanistan et en Indonésie.

L'un de ces jeunes, Ahmed Abderrahaman, Espagnol né à Ceuta (enclave espagnole sur la côte marocaine), fut capturé pendant la guerre d'Afghanistan et est actuellement détenu dans la base américaine de Guantanamo.

L'une des sources de financement de la cellule espagnole d'Al-Qaïda aurait été, selon Baltasar Garzon, l'usage frauduleux de cartes de crédit volées.

Au tableau des célébrités internationales poursuivies par le juge Garzon -et auxquelles le magistrat doit sa propre renommée- Ben Laden succède aux généraux Pinochet et Videla, ex-dictateurs, respectivement, du Chili et de l'Argentine. Aucune des demandes d'extradition lancées contre eux par Baltasar Garzon n'a abouti. Mais les experts juridiques considèrent que les initiatives du juge madrilène ont fait progresser la notion de compétence universelle de la justice dans la poursuite des crimes contre l'humanité.


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