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"Pour défendre nos valeurs démocratiques, comme les nations sérieuses"

Espagne-Irak: Aznar maintient les militaires espagnols, malgré l'assassinat de 7 agents secrets

Texte intégral du message institutionnel de José Maria Aznar

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MADRID, dimanche 30 novembre 2003 (LatinReporters.com) - Malgré le deuil, l'Espagne maintient le cap. Pas de retrait des 1.300 militaires espagnols déployés en Irak. Ce serait "le pire des chemins possibles" a dit le président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, dans un message institutionnel télévisé à la nation dimanche après-midi.

M. Aznar réagissait ainsi à l'assassinat, dans une attaque menée 24 heures plus tôt au sud de Bagdad, de sept agents des services de renseignement militaires espagnols. Comme le président américain George W. Bush, dont il est l'un des plus fidèles alliés, José Maria Aznar estime que la coalition militaire internationale formée autour de Washington contribue à "libérer les Irakiens de la tyrannie" et à défendre, au-delà des frontières, "les valeurs de la démocratie contre le terrorisme".

Voici le texte intégral du message institutionnel de M. Aznar:

Un message qui a aussi une lecture interne en Espagne

Quand José Maria Aznar en appelle au maintien de la lutte contre "le terrorisme qui nous menace ici et là-bas" et qu'il rappelle que "nous, les Espagnols, savons ce que sont des victimes du terrorisme", il donne évidemment à son message une signification liée à l'actualité intérieure espagnole.

Les relations entre le gouvernement espagnol et l'exécutif régional basque, dominé par des nationalistes qualifiés jusqu'il y a peu de "modérés", sont en effet entrées dans une zone de turbulences sans précédent.

L'exécutif régional présidé par Juan José Ibarretxe, élu du PNV (Parti nationaliste basque), prétend convoquer au plus tard en 2005 un référendum clairement anticonstitutionnel qui permettrait aux deux millions de Basques de dire oui ou non à une "libre association" avec l'Espagne. Il s'agirait, selon Madrid, d'un référendum d'autodétermination qui aurait pour but d'ouvrir la voie vers l'indépendance.

Un scénario similaire commence à prendre forme en Catalogne depuis la forte hausse, aux élections régionales du 16 novembre dernier, des indépendantistes d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, Gauche républicaine de Catalogne).

José Maria Aznar accuse les nationalistes basques d'utiliser "les mille assassinats" perpétrés par les terroristes indépendantistes de l'ETA pour obliger Madrid à accepter le coup de force institutionnel de Juan José Ibarretxe. Vendredi dernier, le gouvernement espagnol annonçait la prochaine présentation aux Cortes (Parlement) d'un projet de loi prévoyant jusqu'à cinq ans de prison pour tout mandataire public qui convoquerait un référendum illégal.

On comprend mieux, dans ce panaroma, ce que signifie l'appel à "l'unité, notre principale force", lancé par M. Aznar à la fin de son message institutionnel.

"Tous les Espagnols, nous partageons l'immense douleur pour l'assassinat de sept compatriotes en Irak. José Carlos Rodríguez, Alberto Martínez, José Merino, José Lucas, Alfonso Vega, Luis Ignacio Zanón y Carlos Baró ont perdu la vie en accomplissant leur devoir, le devoir des serviteurs de l'Etat et de la société.

Ils étaient militaires de profession, de bons Espagnols qui ont travaillé pour notre liberté et notre sécurité à l'intérieur et hors de l'Espagne. Nul ne savait mieux qu'eux le risque qu'ils couraient et, tout en le sachant, ils voulurent lutter contre un terrorisme qui nous menace ici et là-bas.

La nation entière a de nombreux motifs de leur être reconnaissante et de ne pas les oublier, ni eux ni leurs familles.

La haine fanatique qui a accompagné cette atrocité nous a donné des images inconcevables, que nous ne devrons jamais oublier.

Ce fanatisme, il n'y a pas d'autre remède que de l'affronter. C'est ce fanatisme qui nous considère comme des ennemis, nous et tous ceux qui ne le suivent pas. C'est ce fanatisme terroriste qui a décidé de nous frapper autant qu'il le peut, que ce soit à New York, Istanbul, Casablanca ou Bagdad.

Il n'y a pas de frontières dans la lutte contre le terrorisme, car les fanatiques ne veulent pas qu'il y en ait. Il n'y a pas d'alternative à la défense de la liberté, à la démocratie et aux valeurs qui définissent notre mode de vie. Cela demeure la réponse à ceux qui se demandent ce que font nos troupes, ce que font nos forces, ce que font nos compatriotes en Irak.

En un jour comme celui-ci, où notre douleur est immense, où nous nous sentons avant tout proches de leurs familles, je veux dire à nouveau à tous les Espagnols que notre présence en Irak à un sens. Notre liberté, celle de tous et de chacun d'entre nous, est menacée par les terroristes qui agissent là où ils le peuvent et quand ils le peuvent et qui infligent le plus grand dommage que peuvent causer leurs mains et leurs esprits.

Un groupe de nations libres, engagées dans la défense de la paix et de la sécurité internationale, appuyées par les Nations unies et par la raison, sont en Irak pour libérer le peuple irakien d'une tyrannie atroce et pour combattre un réseau terroriste international qui menace nos vies et nos libertés.

A ceux qui, pour nous, mettent quotidiennement en danger leur vie, nous leur devons reconnaissance et appui. Probablement plus que n'importe quel autre pays au monde, nous savons, nous les Espagnols, ce que sont des victimes du terrorisme. Nous avons l'expérience de ce qu'est le terrorisme et aussi de ceux qui l'appuient par lâcheté ou conviction.

Nous savons aussi quels sont les chemins qui ne servent à rien. Nous savons regarder le problème en face, l'affronter sans complexes, nous opposer aux terroristes avec tous nos moyens et nous savons que la retraite est le pire des chemins possibles.

Nous savons aussi que nous sommes accompagnés. Auparavant, ce furent des soldats italiens, britanniques, nord-américains, polonais, la population civile irakienne, des fonctionnaires des Nations unies, des collaborateurs de la Croix-Rouge, des diplomates...

Nous sommes là où nous devons être et nous n'abandonnerons pas à leur sort les victimes d'ici et de là-bas. Nous tiendrons nos engagements avec loyauté et sérénité, comme le font les nations sérieuses.

J'ai donné pour instruction au ministère de la Défense de prendre autant de mesures que nécessaire pour garantir au mieux la sécurité de nos troupes et, en particulier, celle des membres du Centre national de renseignement (Centro Nacional de Inteligencia) dont la présence sur le terrain est indispensable pour combattre le terrorisme.

Le gouvernement déclarera journée de deuil officiel celle des funérailles des militaires assassinés. Je solliciterai, avec caractère immédiat, ma comparution en séance plénière du Congrès des députés.

La communauté internationale affronte maintenant le défi d'une tyrannie qui se résiste à disparaître et d'un réseau terroriste qui s'est converti en la menace globale la plus grave pour les sociétés libres, pour nos sociétés.

Le souvenir de nos sept compatriotes assassinés en Irak assure la dignité de tous ceux qui ont donné leur vie pour que la nôtre soit meilleure et plus sûre. Nous ne renoncerons pas à cet engagement.

Enfin, je veux exprimer ma reconnaissance pour les condoléances et l'appui de pays amis et alliés, d'autres forces politiques et, bien sûr, de tous les Espagnols de bien.

Nous sommes une nation forte, qui connaît de près la douleur. Nous savons aussi que l'unité est notre principale force et, maintenant, c'est le moment de la maintenir plus intensément que jamais."

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