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Espagne - Tourisme en crise: modèle plage-soleil démodé et trop cher?

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MADRID, samedi 24 août 2002 (latinreporters.com) - Première industrie du pays, avec 12% du produit intérieur brut et 10% de l'emploi national, le tourisme subit en 2002 en Espagne un déclin dont l'ampleur alarme les professionnels du secteur. Pour expliquer cette crise, les médias invoquent des causes internationales et nationales. Les plus citées sont la stagnation économique mondiale, l'insécurité, la détérioration de la relation qualité-prix et l'attrait moindre du modèle plage-soleil.

La chute des réservations d'hôtel pour août et septembre varie en moyenne de 11 à 17 % selon les régions d'Espagne. Ces taux sont dépassés aux Canaries et aux Baléares. En juillet, selon l'Institut national de statistiques, l'occupation hôtelière fut de 65,3%, soit 5,5% de moins qu'en juillet 2001.

"Nous nous attendons à une chute du taux d'occupation comprise entre 5 et 10% cette année" admet José Guillermo Diaz, président de Zontur, la principale organisation patronale du secteur. L'occupation hôtelière reculerait donc pour la troisième année consécutive en Espagne, mais cette fois de manière nettement plus accentuée que les baisses de 1,5% subies en 2001 et 2000.

Les revenus du tourisme pourraient eux-mêmes fondre de 10% cette année. Selon la Banque d'Espagne, les pertes du secteur risquent de frôler les 7 milliards d'euros en 2002.

Parmi les facteurs expliquant ce déclin, la presse espagnole et des responsables du tourisme soulignent le recul mondial du commerce et des activités touristiques depuis les attentats terroristes islamistes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis.

Une autre cause est le succès croissant dans d'autres pays européens d'un tourisme intérieur culturel, gastronomique et sportif qui devient l'alternative au modèle plage-soleil développé massivement à partir des années 1960. La croissance de ce tourisme alternatif, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne, grands émetteurs traditionnels de touristes vers l'Espagne, affecte directement l'industrie des loisirs dans la péninsule ibérique.

"Nous avons aussi nos propres problèmes qui ne contribuent pas à améliorer l'image de l'Espagne comme pays destinataire du tourisme international" écrit Cambio 16. Selon cet hebdomadaire, "les prix élevés dans n'importe quel hôtel ou restaurant, abusant clairement du touriste national ou étranger, et l'insécurité croissante sont suffisamment dissuasifs".

Des hausses de prix abusives qui ont accompagné le remplacement de la peseta par l'euro ont en effet contribué à détériorer la relation qualité-prix en Espagne. Par ailleurs, le développement économique exceptionnel du pays au cours des vingt dernières années s'est accompagné d'une hausse des salaires qui a fortement réduit la compétitivité de l'offre touristique espagnole par rapport à celle de l'Europe de l'Est, de la Turquie et de divers pays en développement.

Quant à l'insécurité due à l'explosion de la criminalité, le vice-président du gouvernement Mariano Rajoy, alors ministre de l'Intérieur, n'hésitait pas en mars dernier à la mettre en relation avec l'immigration, affirmant que les étrangers constituaient 40% du total des personnes détenues par la police espagnole en 2001. Attirées par le miracle économique espagnol, les communautés maghrébines et latino-américaines se sont fortement accrues ces dernières années en Espagne.

"Durant des années, l'Espagne a préféré, en matière touristique, stimuler la quantité plutôt que la qualité" affirme un éditorial de l'influent quotidien madrilène El Pais. En fonction des chiffres de cet été "qui déclenchent toutes les alarmes", le journal appelle le gouvernement à ouvrir "un grand débat national" d'où surgiraient des "propositions viables".

L'éditorialiste d'El Pais estime prématuré d'annoncer "le début de la fin du modèle touristique espagnol". Mais il croit que "l'obligation de l'exécutif et du secteur (touristique) est d'assumer le pire scénario et de travailler pour le corriger".

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