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Grâce à la division de la droite libérale

Nicaragua: triomphe sandiniste aux élections municipales

Les municipales n'ont pas pavé l'avenir du président Bolaños (en pantalon bleu). Son APRE n'a recueilli que 9,5% des voix.
Photo República de Nicaragua
MANAGUA, mardi 9 novembre 2004 (LatinReporters.com) - Le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche) de l'ex-président révolutionnaire Daniel Ortega (1979-1990) a triomphé, dimanche, aux élections municipales du Nicaragua, pays le plus pauvre des Amériques après Haïti. La victoire sandiniste, la première depuis 14 ans, accentue le virage à gauche en Amérique latine. Elle a été facilitée par l'éclatement de la droite libérale, divisée entre le Parti libéral constitutionnaliste (PLC) de l'ex-président Arnoldo Aleman, emprisonné pour corruption, et l'Alliance pour la République (APRE) créée par l'actuel chef de l'Etat, Enrique Bolaños. Ce panorama peut favoriser le retour au pouvoir du FSLN à la présidentielle de 2006.

Avec 44,02% des voix au niveau national, les candidats du FSLN aux fonctions de maire et de vice-maire l'emportaient mardi, après dépouillement de 86,69% des bulletins de vote, dans 84 (contre 53 en 2000) des 152 municipalités en jeu. Sur les 17 capitales départementales, 14 lui reviennent (11 en 2000), dont la capitale, Managua, déjà conquise par les sandinistes en 2000.

L'élection des conseillers municipaux, séparée de celle des maires et vice-maires, dégage un résultat global très proche, avec des pourcentages quasi identiques.

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Le PLC -37,07% au niveau national- n'aura plus que 55 maires, au lieu de 94 en 2000. Ses dissidents regroupés au sein de l'APRE ne s'imposent que dans 7 municipalités, avec un maigre 9,57% national peu prometteur pour l'avenir de cette nouvelle alliance présidentielle qui affrontait les urnes pour la première fois. Théoriquement, si l'on additionne les scores du PLC et de l'APRE, la droite libérale aurait devancé les sandinistes si elle était demeurée unie.

Le 7 décembre 2003, l'ex-président Arnoldo Aleman (1997-2001) fut condamné à 20 ans de prison pour corruption, à l'issue d'une procédure judiciaire encouragée, au nom de l'éthique, par son successeur à la présidence et néanmoins coreligionnaire du PLC, Enrique Bolaños. La majorité des parlementaires du PLC afficha alors à l'égard du président Bolaños une hostilité qui précipita sa décision de créer l'APRE.

Le résultat étriqué, dimanche, de ce nouveau parti n'éclaircit pas l'avenir du chef de l'Etat. Le président Bolaños est depuis plusieurs mois pris en tenailles au Parlement entre les députés sandinistes et ceux de la droite libérale du PLC. Ces deux dernières formations ont même envisagé une destitution parlementaire du chef de l'Etat pour malversation de deniers publics. Les Etats-Unis ont affirmé qu'ils suspendraient leur aide économique si le président Bolaños était destitué. "Une ingérence de plus de Washington dans nos affaires intérieures" commentent les sandinistes.

Le Nicaragua est ainsi à la merci d'un pouvoir présidentiel faible. Ce scénario est idéal pour l'éventuelle reconquête, en 2006, du pouvoir national par les sandinistes. Leur secrétaire général, Daniel Ortega, a été vaincu, depuis 1990, aux trois dernières élections présidentielles.

Dans la capitale, Managua, l'ingénieur Dionisio Marenco, 58ans, assurera la continuité sandiniste à la mairie avec 45,36% des suffrages, contre 36,07% au PLC et 13,41% à l'APRE. "C'est un triomphe de l'espoir sur la peur, de l'intelligence sur la maladresse, du futur sur le passé" s'exclame Dionisio Marenco, étroit collaborateur de Daniel Ortega.

Le principal adversaire des sandinistes à Managua était le journaliste Pedro Joaquin Chamorro, tête de liste du PLC et fils de Violeta Chamorro, première présidente du Nicaragua (1990-1997) élue après onze ans de pouvoir absolu sandiniste. Cette femme demeure la personnalité la plus respectée du pays.

Echec du légendaire Comandante Cero


Quant au légendaire "Comandante Cero", Eden Pastora (le 22 août 1978, sous la dictature d'Anastasio Somoza, il réussissait à prendre le Palais national de Managua avec un commando de guérilleros sandinistes), sa candidature à la mairie de la capitale pour le Parti libéral indépendant (PLI, centre droit) n'a recueilli que 2,2% des suffrages. Ex-vice-ministre sandiniste de la Défense, Eden Pastora avait rompu avec le FSLN, l'accusant de "soviétisation" du pays et de corruption. Il devint même l'un des chefs de la "contra", milice financée par les Etats-Unis pour combattre les sandinistes.

Parmi les 3,3 millions d'électeurs nicaraguayens âgés d'au moins 16 ans, le taux d'abstention aux municipales de dimanche, 51%, est le plus élevé depuis le retour du Nicaragua à la démocratie. Il n'a pas empêché les sandinistes d'augmenter sensiblement leur nombre absolu de voix par rapport aux municipales de 2000.

Plus que jamais d'actualité, le Plan stratégique 2002-2006 du FSLN considère le pouvoir municipal comme "fondamental" pour la reconquête du pouvoir national.

Alliés à l'époque de l'Union soviétique, les sandinistes de Daniel Ortega avaient gouverné d'une main dictatoriale de 1979 à 1990. Désormais, ils projettent une image de gauche occidentalisée, n'admettant plus que le recours aux urnes -et éliminant donc la révolution armée- pour conquérir le pouvoir.

Alors que leur affrontement avec l'Eglise précipita, de l'aveu même de plusieurs de leurs dirigeants, la fin de l'expérience gouvernementale révolutionnaire des sandinistes, leur Plan stratégique 2002-2006 insiste sur la nécessité "d'améliorer les relations avec les Eglises catholique, évangéliques et d'autres expressions religieuses, tant avec leur plus haute hiérarchie qu'avec les prêtres des paroisses, les pasteurs et les prédicateurs, afin d'éliminer les vieux préjugés, ouvrant un dialogue franc sur la base de la coïncidence de préoccupations pour les plus pauvres et pour la défense des droits de l'homme, y compris le respect de la liberté de culte sans restriction".

Le discours sandiniste avait néanmoins retrouvé ses accents castristes, fustigeant "l'impérialisme américain" pour s'opposer en vain, l'an dernier, à l'envoi en Irak d'un contingent de 311 Nicaraguayens.

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