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Quatre élections en Amérique du Sud - Tabaré Vazquez, premier président de gauche de l'Uruguay

Uruguay, Chili et Venezuela votent à gauche; le Brésil se recentre

Affiche électorale de Tabaré Vazquez
MONTEVIDEO, mardi 2 novembre 2004 (LatinReporters.com) - Sous réserve de confirmation par la Cour électorale, la première élection dans l'histoire de l'Uruguay d'un chef d'Etat de gauche, le socialiste Tabaré Vazquez, aura accentué dimanche le virage à gauche de l'Amérique du Sud. Petit pays de 3,4 millions d'habitants, l'Uruguay s'aligne sur la tendance dessinée, avec des nuances contrastées, par les présidents Kirchner en Argentine, Lula au Brésil, Lagos au Chili et Chavez au Venezuela. Ces deux derniers sont sortis renforcés, dimanche aussi, d'élections locales. Au Brésil, par contre, Lula a perdu ses citadelles de Sao Paulo et de Porto Alegre.

Uruguay: Tabaré Vazquez pour l'Union sud-américaine

Tabaré Vazquez, cancérologue de 64 ans et ex-maire de Montevideo, briguait la présidence pour la 3e fois. Sur la base de projections d'instituts de sondages qui lui octroyaient plus de 50% des votes, il s'autoproclamait vainqueur et ses adversaires reconnaissaient sa victoire quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. Mais lundi soir, le président de la Cour électorale uruguayenne, Carlos Urruti, avertissait que "ni les enquêtes à la sortie des bureaux de vote ni les politologues" ne sont habilités à proclamer le résultat d'une élection.

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Les bulletins de vote d'électeurs qui ont voté en dehors de leur circonscription, 32.154 exactement, doivent encore être dépouillés. Selon Carlos Urruti, leur examen débutera ce mardi et le résultat final ne serait connu que samedi. En conséquence, le score officiel de Tabaré Vazquez était arrêté lundi soir à 49,97%. A peine 708 voix sur les 32.154 encore en jeu lui permettraient d'atteindre la majorité absolue requise de 50% plus une voix pour éviter la convocation d'un second tour de l'élection présidentielle.

Nul ne doute que Tabaré Vazquez sera officiellement crédité de cette majorité absolue et qu'il sera investi le 1er mars prochain pour un mandat de cinq ans. Les législatives concomitantes de la présidentielle lui donnent en outre une majorité absolue à la Chambre des députés et au Sénat.

Regroupant plusieurs dizaines de mouvements, la coalition Rencontre Progressiste-Front Elargi (Encuentro Progresista-Frente Amplio, EP-FA) de Tabaré Vazquez comprend notamment des socialistes, des communistes, des chrétiens-démocrates et d'anciens guérilleros tupamaros, fondateurs de la principale composante de la coalition. Le vainqueur de la présidentielle a néanmoins projeté au cours de sa campagne électorale et après sa victoire une image modérée ("les yeux dans l'utopie, mais les pieds dans la réalité", dit-il) d'inspiration sociale-démocrate. La conserver sans affrontements internes au sein de sa coalition hétéroclite sera un défi permanent.

Les deux partis historiques de l'Uruguay, le Parti national (conservateur), appelé aussi Parti Blanco, et le Parti Colorado (centre droit) du président sortant Jorge Batlle ont obtenu respectivement 34% et 10% des voix. Ils gouvernaient en alternance l'Uruguay depuis le 19è siècle, avec des intermèdes de dictature militaire, la dernière s'étendant de 1973 à 1985.

L'appui du brésilien Lula et de l'argentin Kirchner, présidents des deux principaux pays du Mercosur (marché commun sud-américain comprenant aussi l'Uruguay et le Paraguay) a contribué à la victoire de Tabaré Vazquez. Ce dernier a aussi bénéficié, sans le vouloir, de l'impact en Uruguay des crises financières qui ont secoué successivement le Brésil et l'Argentine au cours des dernières années. La hausse de l'inflation, du chômage et de la dette extérieure provoquée par cette contamination avait terni l'image du gouvernement dominé par le Parti Colorado.

Alors que le président sortant Jorge Batlle tentait de resserrer les liens avec les Etats-Unis pour réduire la dépendance de l'Uruguay à l'égard de ses grands voisins brésilien et argentin, le prochain gouvernement du Front élargi de Tabaré Vazquez devrait favoriser en priorité la consolidation du Mercosur. Sur la même longueur d'onde de centre gauche que le Brésil de Lula et que l'Argentine de Kirchner, le nouveau président uruguayen appuyera aussi l'Union sud-américaine des nations inspirée par le Brésil et dont l'acte fondateur pourrait être signé le 9 décembre à Cuzco (Pérou).

Tant cette union que le Mercosur sont aux yeux de Brasilia à la fois des contrepoids à l'influence américaine et des étapes vers l'hégémonie sur le sous-continent d'un Brésil qui ne cache plus ses ambitions géopolitiques.

Brésil: le PT de Lula moins riche après la perte de Sao Paulo

Le second tour des élections municipales brésiliennes a évincé dimanche le Parti des travailleurs (PT) du président Luiz Inacio Lula da Silva de plusieurs grandes mairies, dont celles de deux villes phares, Porto Alegre et surtout Sao Paulo.

Première ville brésilienne et d'Amérique du Sud, Sao Paulo compte trois fois plus d'habitants que l'Uruguay. La candidate du PT et maire sortante, Marta Suplicy, n'y a obtenu que 44,6% des voix, contre 55,4% à José Serra, tête de liste du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) et adversaire malheureux de Lula à la présidentielle de 2002.

Enjeu principal des municipales, Sao Paulo assure 15% du PIB brésilien et le quart des impôts récoltés dans l'ensemble du pays. Sa perte porte un rude coup à la trésorerie nationale du PT. La victoire de José Serra et le panorama général du scrutin municipal consolident le PSDB comme principale force d'opposition au PT présidentiel, qui demeure néanmoins le premier parti national en nombre de voix.

A la présidentielle de 2006, le PSDB devrait être l'unique formation capable de barrer éventuellement la route à un second mandat de Lula. Cette perception témoigne d'un recentrage de l'échiquier politique brésilien. Le président Lula y trouvera argument en faveur de la modération de son propre projet politique, régulièrement critiqué par les secteurs les plus à gauche du PT.

Quant à Porto Alegre, perdue aussi par le PT qui la gérait depuis 1988, elle était le symbole mondial de la gauche altermondialiste. Sous l'égide du PT, le Forum social mondial y était né en 2001 et s'y était développé les années suivantes.

"Il est clair que les défaites à Sao Paulo et Porto Alegre sont significatives pour le parti", qui examinera les causes de la perte de ces villes "stratégiques" a reconnu devant la presse le président du PT, José Genoino.

Chili: les municipales font douter d'une victoire de la droite à la présidentielle de 2005

A 14 mois de l'élection présidentielle de décembre 2005, les élections municipales de dimanche au Chili ont nettement favorisé la Concertation de partis pour la démocratie, appelée couramment la Concertation.

Coalition de centre gauche qui détient le pouvoir national depuis la restauration de la démocratie, en 1990, la Concertation obtient, avec 44,7% des suffrages, deux fois plus de maires que l'Alliance pour le Chili (droite), créditée de 38,6%. Pour l'élection des conseillers municipaux, séparée de celle des maires, le score de la Concertation monte à 47,9%, contre 37,6% à l'Alliance.

La capitale, Santiago, demeure toutefois aux mains de la droite malgré la décision du maire sortant, le populaire Joaquin Lavin, de ne pas se représenter. Il sera le candidat de l'Alliance à la présidentielle de décembre 2005. Les sondages l'ont plusieurs fois désigné comme le successeur probable du président socialiste Ricardo Lagos. Les résultats des municipales font toutefois douter du succès de la droite -et donc de Joaquin Lavin- à la prochaine élection présidentielle.

Venezuela: le président Chavez encore renforcé

Malgré une forte abstention estimée à au moins 55% des électeurs inscrits, les élections régionales et municipales ont accru dimanche le pouvoir du président Hugo Chavez, déjà consolidé en août par le référendum sur sa continuité.

Face à une opposition toujours divisée et désarçonnée par son échec au référendum d'août, les candidats chavistes se sont imposés au poste de gouverneur dans au moins 18 des 23 Etats vénézuéliens. Ils s'emparent en outre de la mairie la plus en vue, celle de Caracas, qui était l'un des principaux bastions de l'opposition. "Le Venezuela a changé pour toujours" commentait lundi Hugo Chavez.

Proche de Fidel Castro, des mouvements indigénistes des pays andins et de la guérilla marxiste colombienne, la gauche qu'incarne le président Chavez est, en Amérique du Sud, la plus éloignée de la social-démocratie.

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