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Venezuela - Le président Chavez "pense sérieusement" à déclarer l'état d'exception

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Venezuela

CARACAS, 11 mai 2001 (LatinReporters.com) - Le président du Venezuela, Hugo Chavez, envisage l’état d’exception pour faire face aux " graves problèmes " économiques et sociaux du pays. Il pourrait, ajoute-t-il, soumettre cette décision à un référendum populaire. L’opposition redoute un virage totalitaire du président Chavez, ancien lieutenant-colonel putschiste de 46 ans, élu triomphalement en 1998 et " ami " déclaré de Fidel Castro.

" Je pense sérieusement (à recourir à l’état d’exception) et à mesure que j’étudie la situation, la probabilité que je le fasse s’accroît " déclarait jeudi soir Hugo Chavez à la radio et à la télévision. Il s’agirait, selon le président vénézuélien, de lutter plus efficacement contre la pauvreté, le chômage et la corruption.

Curieusement, 24 heures plus tôt, il qualifiait " d’imbécillités " les articles de presse lui prêtant l’intention de réclamer les pouvoirs exceptionnels prévus par la Constitution bolivarienne (Hugo Chavez se réclame du libertador Simon Bolivar) en vigueur depuis décembre 1999.

Le constitutionnaliste Hermann Escarra avait déclenché une polémique nationale en révélant au début de la semaine avoir été chargé par Chavez d’élaborer un rapport juridique sur l’état d’exception. L’opposition parlementaire, morcelée et inconsistante face à l’écrasante majorité chaviste, accusait aussitôt le président de préparer un " autogolpe ", un coup d’Etat interne pour renforcer son propre pouvoir. Des alliés socialistes du chef de l’Etat lui ont adressé le même grief.

Le procureur général du Venezuela, Isaias Rodriguez, affirme que l’Assemblée nationale, contrôlée par le Mouvement Ve République de Chavez, est parfaitement apte à édicter des mesures extraordinaires, sans besoin d’état d’exception. Pour déclarer ce dernier, précise le procureur général, il est nécessaire d’être confronté à l’un des trois problèmes suivants : " une commotion interne, une urgence économique ou une calamité naturelle ".

Isaias Rodriguez croit que seul le motif d’urgence économique pourrait être invoqué. Mais il ajoute que la durée constitutionnelle de l’état d’exception, 60 jours au maximum, est insuffisante pour résoudre une crise économique structurelle. " L’état d’exception doit servir à prendre des mesures provisoires, explique le procureur général, mais non à résoudre des problèmes qui nécessitent beaucoup plus de temps ".

L’article 337 de la Constitution bolivarienne permet au chef de l’Etat, moyennant approbation parlementaire, de gouverner par décrets pendant un temps limité, mais sans suspendre les libertés individuelles. L’opposition croit néanmoins que Hugo Chavez utiliserait l’état d’exception pour réprimer une vague de grèves et de contestation sociale, notamment dans le secteur du pétrole et l’enseignement.

Quant à la corruption dénoncée par le président Chavez, ses adversaires et la presse notent qu’elle est surtout le fait de militaires nommés par le chef de l’Etat pour appliquer le Plan Bolivar 2000 de développement social.

Quatrième exportateur mondial de pétrole, le Venezuela connaît une pauvreté qui frappe 80% de ses 24 millions d´habitants. " Si notre révolution sans armes échouait, une révolution armée lui succéderait " déclarait mercredi Hugo Chavez devant une assemblée d’agriculteurs et de chefs d’entreprises.

Le mois dernier, au Canada, le président vénézuélien fut le seul des 34 chefs d’Etat ou de gouvernement signataires de la Déclaration de Québec à faire consigner ses réserves sur la " démocratie représentative " , ciment politique de la future Zone de libre-échange des Amériques.

Ami de Fidel Castro, Hugo Chavez livre à Cuba du pétrole à un prix préférentiel. Universités et hôpitaux cubains sont ouverts aux Vénézuéliens. Le président Chavez fut le premier chef d’Etat à visiter l’Irak de Saddam Hussein depuis la guerre du Golfe de 1991. Il sympathise aussi avec la guérilla marxiste colombienne.

" Et proclamons-le : la révolution chinoise est la soeur de la révolution bolivarienne " lançait Hugo Chavez le 17 avril dernier a son homologue chinois, Jiang Zemin, en visite officielle au Venezuela.


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