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Négociations avec la Colombie, le Pérou, l'Equateur et la Bolivie

Libre-échange / Amérique latine-ZLEA: les Etats-Unis vont multiplier les traités bilatéraux

Cette stratégie déjoue les réticences, surtout brésiliennes, à l'égard de la ZLEA

Robert Zoellick
Photo White House
MIAMI, jeudi 20 novembre 2003 (LatinReporters.com) - Le représentant des Etats-Unis pour le Commerce, Robert Zoellick, a annoncé l'ouverture de négociations de traités bilatéraux de libre-échange avec la Colombie, le Pérou, l'Equateur et la Bolivie. Il a souligné les progrès de négociations similaires avec d'autres pays d'Amérique latine. M. Zoellick s'exprimait en marge et à la veille de la réunion, ce jeudi à Miami, des ministres ou responsables du Commerce des 34 pays des Amériques (sans Cuba) pour un nouveau round sur la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA; ALCA en espagnol). La stratégie bilatérale de Washington déjoue les réticences, surtout brésiliennes, à l'égard de la ZLEA, dont le lancement est prévu pour 2005.

"Ces accords (bilatéraux) pourraient stimuler la ZLEA" a reconnu M. Zoellick. Il dit avoir informé le Congrès américain de l'intention de l'administration du président George W. Bush d'ouvrir des négociations avec les pays andins qui bénéficient déjà, dans leurs relations commerciales avec les Etats-Unis, de l'Accord de préférences douanières andines (ATP), à savoir la Colombie, le Pérou, l'Equateur et la Bolivie. Parmi les pays de la Communauté andine de nations (CAN), seul le Venezuela en est exclu. (Les relations entre Washington et le président vénézuélien Hugo Chavez, pro-cubain et hostile à la ZLEA, sont tendues).

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Les négociations, "à deux vitesses", s'ouvriront au deuxième trimestre 2004 avec la Colombie et le Pérou, a précisé Robert Zoellick. L'Equateur et la Bolivie s'y incorporeront plus tard.

Le représentant américain était entouré des ministres du Commerce extérieur équatorien, Ivonne Baki; péruvien, Alfredo Ferrero; colombien, Jorge Humberto Botero, ainsi que du vice-ministre bolivien des Affaires étrangères, Jorge Gumucio. Les quatre mandataires latino-américains ont estimé qu'un accord de libre-échange bilatéral avec les Etats-Unis représentait "une opportunité pour le développement et la démocratie".

Accompagné ensuite des ministres de l'Economie et du Commerce du Costa Rica, du Nicaragua, du Salvador, du Honduras et du Guatemala, Robert Zoellick a fait état de "progrès significatifs" dans les négociations du Traité de libre commerce centraméricain.

Les Etats-Unis ont déjà des accords de ce type avec le Canada et le Mexique (ALENA, accord de libre-échange nord-américain) et avec le Chili.

Plus vaste zone de libre-échange de la planète

Lancé par le président américain Bill Clinton et considéré comme prioritaire par son successeur George W. Bush, le projet de ZLEA prend donc déjà forme de l'Alaska à la Terre de Feu. Si tous les pays des Amériques y adhéraient, la ZLEA constituerait, avec plus de 800 millions d'habitants, la plus vaste zone de libre-échange de la planète.

Faute de démocratie, Cuba n'a pas été invitée à s'y joindre. Solidaire de Fidel Castro, le président vénézuélien Hugo Chavez s'oppose à cette globalisation continentale, qui suscite par ailleurs des réticences, surtout brésiliennes, au sein du Mercosur, l'embryon de marché commun sud-américain formé par le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay.

Les réserves du Brésil ne sont pas nécessairement idéologiques. Elles marquent en effet une continuité entre la présidence de centre droit de Fernando Henrique Cardoso et l'actuelle gestion de centre gauche de son successeur, Luiz Inacio Lula da Silva. Les Brésiliens disent ne pas pouvoir embrasser le libre-échange continental aussi longtemps que l'Amérique du Nord ne supprimera pas le protectionnisme et les subventions dont elle fait bénéficier certains de ses producteurs, en particulier les agriculteurs.

L'affrontement sur le protectionnisme agricole et la protection de la propriété intellectuelle entre, d'une part, une nouvelle coalition (le G-21) de pays émergents ou en développement menée par le Brésil et, d'autre part, l'Union européenne, les Etats-Unis et le Japon avait fait échouer, en septembre dernier à Cancun (Mexique), la 5e Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le Brésil estime être sorti grandi diplomatiquement de cette crise qui freine la mondialisation du commerce. Au-delà d'aspects strictement économiques, Brasilia cherche -c'est aussi une constante de plusieurs gouvernements brésiliens successifs- à jouer un rôle politique international à la mesure de sa dimension quasi continentale.

Consensus de Buenos Aires

Le mois dernier, les présidents brésilien et argentin, Luiz Inacio Lula da Silva et Nestor Kirchner, s'engageaient à Buenos Aires à renforcer un ordre international multilatéral basé sur l'égalité des Etats et rejetant l'unilatéralisme. Ce "Consensus de Buenos Aires" est opposé par les médias au "Consensus de Washington", qui a défini au cours des dix dernières années les règles néo-libérales imposées ou pour le moins recommandées aux économies latino-américaines. Le Mercosur, si possible élargi, devrait être l'instrument privilégié, à la fois politique et économique, soutenant la prétention brésilienne et argentine de résister à un diktat nord-américain dans l'élaboration de la ZLEA.

La stratégie bilatérale de Washington a pour effet de limiter la portée de cette résistance en évitant sa contagion aux nombreux pays d'Amérique latine déjà liés -ou qui le seront bientôt- aux Etats-Unis par un traité de libre-échange.

"Notre commerce (annuel) avec les pays andins qui ouvrent aujourd'hui avec nous des processus bilatéraux est de 50 milliards de dollars et nos investissements directs y atteignent 40 milliards de dollars. Plus qu'avec le Brésil" a lancé à Miami Robert Zoellick. Le représentant américain pour le Commerce et d'autres hauts fonctionnaires de l'administration du président George W. Bush ont menacé de construire la ZLEA avec ou sans le Brésil et d'autres pays réticents.

Luis Lauredo, président exécutif américain de l'actuel sommet ministériel de Miami, accuse pour sa part le Brésil de "tenter de déplacer les négociations sur un terrain politique, de la séquestrer politiquement, avec une rhétorique inappropriée des années 1960". Et il confirme la menace de Robert Zoellick: "Il n'y aura pas d'échec, car les Etats-Unis se sont engagés à signer la ZLEA avec ceux qui veulent y entrer. Ceux qui disent non peuvent rester en arrière".

Dans le projet de déclaration finale du sommet ministériel de Miami, le Brésil et les Etats-Unis ont trouvé un compromis basé sur un socle de règles communes. Chacun des 34 pays concernés serait libre d'adhérer ou non aux clauses de la ZLEA qui restent contestées.

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