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Argentine: la démission de Fernando De la Rua offre la présidence à l'opposition péroniste

Prestation de serment du président
Fernando de la Rua, en décembre 1999.
Il n'aura été président que deux ans.
© Presidencia de la Republica
BUENOS AIRES,  vendredi 21 décembre 2001 (latinreporters.com) - "Ayez confiance, 2001 sera une année exceptionnelle" disait, il y a un an, le message de Noël du président argentin Fernando De la Rua. Il ne s'est pas trompé. L'Argentine vit en effet des heures exceptionnelles.

Elle n'a plus de président, car, comme son gouvernement, Fernando De la Rua a démissionné jeudi, après le refus de l'opposition péroniste d'entrer dans un gouvernement d'union nationale pour mettre fin aux émeutes et aux pillages. Le président intérimaire qui succédera à De la Rua viendra du Parti justicialiste (péroniste), majoritaire dans les deux chambres.

Deux jours de chaos ont fait 22 morts et des centaines de blessés. Cinq manifestants qui réclamaient la démission de Fernando De la Rua devant le palais présidentiel, sur la Plaza de Mayo de Buenos Aires, ont été tués par la police. Les Argentins aimeraient voir les forces de l'ordre ailleurs qu'autour des bâtiments officiels, car l'état d'urgence décrété mercredi n'empêche plus les pilleurs de supermarchés de vider n'importe quel commerce et même les domiciles privés.

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Le successeur intérimaire de Fernando De la Rua devrait être désigné ce vendredi au sein d'une assemblée législative exceptionnelle regroupant sénateurs, députés et gouverneurs de province. Majoritaires au parlement depuis les élections d'octobre dernier, les péronistes feront mathématiquement la décision. L'un des leurs, Ramon Puerta, président du sénat, est le plus cité.

Le chef intérimaire de l'Etat dirigera l'Argentine soit pendant trois mois, le temps d'organiser une élection présidentielle anticipée, soit pendant deux ans,  jusqu'à la fin du mandat écourté de Fernando de la Rua.

La Banque centrale ayant bloqué aujourd´hui les opérations de change, les Argentins redoutent que la première décision de leur président intérimaire soit la dévaluation du peso.

Changer de président ne changera pas les problèmes. Au risque de devenir lui aussi impopulaire, le chef de l'Etat intérimaire devra d'abord rétablir l'ordre public, contre les pilleurs et contre les groupes violents entraînés à la guérilla urbaine, surgis, sous des drapeaux rouges, lors du dernier jour d'émeutes. Il faudra éviter que l'explosion sociale provoquée par la politique d'austérité de l'exécutif démissionnaire ne soit récupérée par des groupuscules révolutionnaires.

Par ailleurs, le changement de président ne remplira pas le porte-monnaie vide des 14 millions d'Argentins, plus du tiers de la population, qui vivent sous le seuil de pauvreté. Une pauvreté qui frapperait des milliers de familles de la classe moyenne,
endettées en dollars, si le peso était fortement dévalué pour relancer les exportations.

Et si le nouveau président devait, comme on le redoute, décréter bientôt la cessation de paiement de la dette publique, l'Argentine perdrait toute confiance des investisseurs nécessaire pour résorber un taux de chômage officiel de 18%,
mais plus proche en réalité de 30%.

La lutte entre coqs péronistes, avivée par l'ambition de leur président Carlos Menem de briguer à nouveau la magistrature suprême, ne favorisera pas l'articulation d'une politique nationale efficace.


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