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Chili et guerre contre l'Irak: entre la paix et le TLC (Traité de libre commerce)

par Diego Benavente, économiste

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SANTIAGO DU CHILI, dimanche 23 mars 2003 (latinreporters.com) - Les bombes tombent sur l'Irak et la diplomatie a échoué dans sa tentative d'aboutir à une solution pacifique d'une crise à laquelle, semble-t-il, aucun plan américain ne prévoyait une issue heureuse. En n'appuyant pas au Conseil de sécurité la voie des armes, le Chili a sans doute gagné le respect de la communauté internationale, y compris des Etats-Unis, partisans de la guerre, mais qui vont devoir considérer que le Chili, partenaire commercial intéressant, n'est pas nécessairement un associé complaisant.

Le hasard a voulu que le Chili, conjointement au Mexique, représente actuellement l'Amérique latine au Conseil de sécurité des Nations unies, en tant que membre non permanent. A ce titre, il lui revint de se prononcer sur une seconde résolution qui légalisait la guerre, mais qui finalement ne fut pas soumise au vote pour avoir été retirée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui la soutenaient. Pour mieux apprécier la position de principe du Chili, contraire au recours aux armes malgré les pressions de Washington, il est intéressant d'analyser l'ampleur d'intérêts économiques que le pacifisme chilien ne favorisera sans doute pas.

Voici quelques mois, le Chili aboutissait à un accord avec les Etats-Unis, après douze ans de négociations, sur la signature d'un Traité de libre commerce (TLC). Ce fait n'est pas mineur, compte tenu du petit nombre de pays -Israël, Jordanie, Canada et Mexique- jouissant actuellement d'un tel accord avec la première puissance commerciale de la planète.

Les Etats-Unis ont ajouté le Chili à cette liste de partenaires commerciaux non pour l'attrait de son marché, mais plutôt pour des considérations stratégiques. Le Chili serait la tête de pont ouvrant le marché sud-américain, principalement dans la perspective de la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA, connue aussi sous son sigle espagnol ALCA), dont l'approbation définitive est prévue pour 2005.

Il ne faut toutefois pas dépouiller le Chili de ses propres mérites, les principaux étant la discipline fiscale, la dette publique peu élevée, le haut niveau de son épargne et sa stabilité politique depuis le retour à la démocratie, en 1991.

Un accord de libre-échange avec les Etats-Unis signifie, pour le Chili, l'ouverture à ses exportations d'une économie mesurée par un PIB (produit intérieur brut) 140 fois plus grand et qui absorbe actuellement 18% des exportations chiliennes. Le TLC prévoit le dégrèvement douanier immédiat sur 87% des exportations chiliennes et en particulier sur 80% des exportations de produits agricoles et d'élevage.

Aujourd'hui, 1.900 entreprises chiliennes, dont 900 petites ou moyennes, exportent vers les Etats-Unis. En application du TLC, les droits de douane disparaîtraient entièrement en quatre ans sur 94,8% des exportations. Et au terme d'un délai de douze ans, l'entièreté du commerce entre le Chili et les Etats-Unis serait libre de droits de douane, y compris les produits agricoles et d'élevage et les produits agro-industriels, encore soumis actuellement à des quotas.

Le Chili attend donc du TLC une croissance de ses exportations (qui gagneraient en volume, diversité, stabilité, compétitivité et productivité), ainsi qu'une diminution du risque pays, un élargissement du marché des capitaux, une augmentation des investissements et une modernisation technologique.

L'importance du TLC explique que nombre de Chiliens ont été surpris par la position de leur pays, qui n'a pas appuyé au Conseil de sécurité de l'ONU le bellicisme de Washington contre l'Irak. La surprise est d'autant plus grande que le Congrès des Etats-Unis n'a pas encore ratifié le TLC et que l'économie chilienne, basée en grande partie sur ses exportations, progresse à un taux qui ne suffit pas à résorber un taux de chômage de 8%.

D'un point de vue économique, l'attitude chilienne est extrêmement irrationnelle, vu son énorme coût potentiel, à savoir l'éventuelle remise en cause, par les Etats-Unis, de la ratification du TLC.

Aussi est-il d'autant plus remarquable qu'en ce 21ème siècle, qui voit le rationalisme économique s'imposer, il existe encore des responsables qui octroient plus d'importance aux principes et valeurs de la société qu'aux piliers de la science économique.

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