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Ordre à l'armée de récupérer immédiatement la zone démilitarisée cédée aux FARC

La Colombie rompt le processus de paix avec la guérilla marxiste

BOGOTA, jeudi 21 février 2002 (LatinReporters.com) - Le président conservateur colombien Andres Pastrana a annoncé mercredi soir dans un message radio-télévisé la rupture du processus de paix entamé en janvier 1999 avec la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, 17.000 combattants).

Le chef de l'Etat a indiqué avoir donné ordre à l'armée de récupérer à partir de minuit, soit dès ce jeudi à 00h00, la zone démilitarisée de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse) cédée aux FARC en novembre 1998 dans l'espoir, désormais vain, d'y négocier la fin d'une guerre civile qui a fait plus de 200.000 morts depuis 1964.

Andres Pastrana a justifié sa décision par l'offensive déclenchée depuis un mois par la guérilla, qui s'était pourtant engagée, le 20 janvier dernier, à négocier un accord de cessez-le-feu dont la signature était prévue pour le 7 avril prochain.

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La dernière action des FARC, qui fit déborder la coupe, fut le détournement, mercredi, d'un avion des lignes intérieures colombiennes, contraint d'atterrir sur une route du sud. Ses 37 occupants ont été libérés, sauf deux, dont le sénateur Jorge Eduardo Gechem Turbay, président de la Commission de paix du sénat, emmené en otage.

Dans son allocution radio-télévisée, le président Pastrana a, pour la première fois, qualifié la guérilla de terroriste et repris à son compte de graves accusations portées depuis longtemps contre les FARC par la presse, par l'armée et par des parlementaires colombiens, ainsi que par l'administration des Etats-Unis.

Ainsi, interpellant le commandant suprême des FARC, Manuel Marulanda, le chef de l'Etat colombien lui a lancé: "Vous l'avez convertie (la zone démilitarisée) en repaire de ravisseurs, en laboratoire de drogues illicites, en un dépôts d'armes, de dynamite et de véhicules volés".

Présentant des photos aériennes, Andres Pastrana a affirmé détenir la preuve de "l'augmentation des cultures de coca" dans la zone démilitarisée, parsemée de "plus de 25 pistes d'atterrissage clandestines". Des contacts "directs dans la zone avec des terroristes internationaux" ont également été dénoncés par le président colombien.

"J'ai donc pris la décision de ne plus poursuivre le processus de paix avec les FARC" a conclu Andres Pastrana, avertissant les Colombiens qu'ils vont "sans doute vivre des temps difficiles, qui nécessiteront l'union du pays autour de ses institutions démocratiques". Le gouvernement de Bogota redoute en particulier une intensification des attentats terroristes à l'explosif perpétrés par les commandos urbains des FARC.

Le mandat non renouvelable de quatre ans du président Pastrana prendra fin le 7 août prochain. Son successeur sera élu le 26 mai. Tous les sondages donnent comme favori le libéral dissident Alvaro Uribe Velez, principal critique des concessions sans contrepartie faites pendant trois ans par Andres Pastrana à la guérilla.

La rupture du processus de paix avec les FARC était souhaitée par une forte majorité de Colombiens. Elle affaiblit la position de l'Union européenne, hostile au renforcement de l'option militaire inclue dans le Plan Colombie financé principalement par les Etats-Unis. Parmi les dix ambassadeurs étrangers qui parrainaient le processus de paix, quatre représentaient des pays de l'Union européenne (France, Espagne, Italie, Suède).

Les FARC, qui avaient applaudi les attentats islamistes du 11 septembre dernier contre "l'impérialisme gringo", figurent sur la liste des organisations terroristes internationales dressée par les Etats-Unis. Le caractère de "narcoguérilla" attribué par Washington aux FARC pousse désormais le département d'Etat à autoriser l'utilisation contre la guérilla du matériel militaire américain octroyé à la Colombie pour lutter, en principe, contre le narcotrafic.

Contre les organisations colombiennes qu'ils jugent terroristes, les Etats-Unis pourraient faire "usage de la puissance militaire, comme en Afghanistan, si nécessaire" menaçait le 15 octobre dernier Francis Taylor, coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat. Selon Francis Taylor, "les FARC sont aujourd'hui le groupe terroriste international le plus dangereux basé dans notre hémisphère."

L'Armée de libération nationale (ELN, pro-cubaine), guérilla plus réduite avec laquelle Bogota maintient des pourparlers, et les Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires d'extrême droite) sont les deux autres mouvements colombiens considérés comme terroristes par Washington.


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