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Annoncé simultanément par Raul Castro et Barack Obama
Rapprochement historique Cuba-États-Unis, une victoire de l'Amérique latine
 

  

 
Présidents Barack Obama et Raul Castro annonçant simultanément à la télévision, le 17 décembre 2014 à Washington et à La Havane, un rapprochement bilatéral qualifié d'historique. (Capture d'écran et photo Estudios Revolución)

par Christian GALLOY
 

MADRID, 18 décembre 2014 (LatinReporters.com) - "Todos somos americanos" (Nous sommes tous Américains)... Prononcée hier en espagnol, cette phrase de Barack Obama donne la véritable dimension de son annonce du rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba. Washington se rapproche en réalité de l'ensemble de l'Amérique latine, qui remporte une belle victoire sur l'oncle Sam.

Car les 33 pays latino-américains et des Caraïbes, soit tous ceux du continent américain en exceptant les États-Unis et le Canada, sont quasi unanimes à exiger la levée de l'embargo américain qui frappe Cuba depuis 1962. Aussi n'est-ce plus La Havane, mais Washington qui est isolé aujourd'hui sur le continent.

Preuve en est l'octroi à Cuba, en 2013, de la présidence annuelle de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), qui englobe les 33 pays situés au sud du Rio Grande. Cette reconnaissance diplomatique sans précédent, fruit notamment de l'influence de feu le président vénézuélien Hugo Chavez, entérina la réintégration de l'île communiste dans le concert régional.

Preuve en est aussi le triomphe diplomatique de Cuba en avril 2012 à Carthagène (Colombie), au VIe Sommet des Amériques, dont l'île des frères Castro était pourtant exclue à la requête des États-Unis et du Canada. L'Amérique latine avertit alors en choeur le président Obama qu'une telle réunion de tous les pays du continent serait la dernière sans Cuba. Était ainsi clairement posée la survie des Sommets des Amériques, voire de l'institution qui les chapeaute, l'Organisation des États Américains (OEA), longtemps considérée comme instrument de la domination états-unienne.

Obama et Castro à la même table au prochain Sommet des Amériques

"Nous sommes préparés à voir Cuba se joindre, en avril [2015 au Panama], aux autres nations de l'hémisphère au [VIIe] Sommet des Amériques" admettait hier Barack Obama dans son intervention télévisée. Il s'assoira donc à la même table que Raul Castro. Au-delà de cette victoire de Cuba, il s'agit de celle de l'Amérique latine. La courbette diplomatique de Washington pourrait néanmoins avoir pour contrepartie, grâce au réchauffement politique qu'elle suscite, une relance de la pénétration économique nord-américaine dans une région progressivement colonisée par les investisseurs chinois.

Dan Restrepo, principal conseiller de Barack Obama pour l'Amérique latine de 2009 à 2012, le confirme peut-être implicitement en affirmant à l'agence EFE que "ce qui se produit aujourd'hui est historique et ouvre une nouvelle étape importante, non seulement dans les relations entre les États-Unis et Cuba, mais aussi entre les États-Unis et les Amériques". Selon lui, on assisterait à l'élimination du "dernier vestige de la politique régionale états-unienne relevant encore du siècle dernier".

Dans le même registre, l'Espagnol Javier Solana, ancien Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne, a estimé sur les ondes de la radio Cadena Ser que le dégel entre Cubains et Nord-Américains "est très important pour les États-Unis, car il résout leur incapacité d'avoir une politique latino-américaine".

Annoncé simultanément à La Havane et à Washington par les présidents Raul Castro et Barack Obama, le rapprochement entre les deux pays devrait se concrétiser par le rétablissement de leurs relations diplomatiques et une plus grande coopération économique.

Parmi les mesures annoncées, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L'exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer internet sur l'île.

Il sera permis aux ressortissants américains d'envoyer jusqu'à 2.000 dollars (1.610 euros) par trimestre à des Cubains ou des organisations humanitaires basées à Cuba, contre 500 dollars aujourd'hui. Ces transferts ne seront plus soumis à autorisation préalable.

Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants ou encore les journalistes.

Médiation du pape François

Les pays latino-américains, même les plus critiques envers les États-Unis, ont applaudi, le président vénézuélien Nicolas Maduro allant jusqu'à saluer "le geste courageux" de Barack Obama.

Le pape argentin François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret depuis le printemps 2013 au Canada et au Vatican, a salué lui aussi une "décision historique".

La bataille autour d'une éventuelle levée de l'embargo économique, commercial et financier imposé depuis plus d'un demi-siècle à Cuba par les États-Unis s'annonce cependant rude au Congrès américain où plusieurs parlementaires hostiles à toute main tendue envers Cuba ont vivement réagi à l'initiative du président Obama.

Le sénateur républicain Lindsey Graham a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir "pour bloquer l'utilisation de fonds pour ouvrir une ambassade à Cuba", jugeant que normaliser les relations avec l'île était "une mauvaise idée au mauvais moment".

"La Maison Blanche a tout concédé, mais obtenu peu de choses", a de son côté déclaré Marco Rubio, sénateur de Floride, où vivent de nombreux réfugiés cubains hostiles au régime de Raul Castro.

En constatant l'échec et l'isolement des États-Unis dans sa politique de sanctions contre Cuba, Barack Obama avait déjà répondu aux anti-castristes les plus acharnés, rappelant que "nous avons depuis 35 ans des relations avec la Chine, un pays beaucoup plus grand gouverné aussi par un parti communiste" et que "voici près de deux décennies, nous avons rétabli des relations avec le Vietnam, où nous avions mené une guerre qui coûta plus de vies américaines que n'importe quel affrontement de la Guerre froide".



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