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Indignés et opposition secouent moins le PP que son ex-trésorier
Espagne-Rajoy-corruption: Barcenas, vengeur du peuple inattendu
 


 
La Création d'Adam de Michel-Ange revue à travers l'affaire Barcenas : au lieu de lui donner l'étincelle de vie, Dieu, à droite avec le visage de Luis Barcenas, remet à Adam, sous les traits de Mariano Rajoy, une enveloppe qui symbolise la corruption. (Source https://lejosdeltiempo.wordpress.com)

MADRID, dimanche 21 juillet 2013 (LatinReporters.com) - Saignés à blanc par les banques, le patronat, leur gouvernement et l'Europe, les Espagnols espéraient l'intervention d'un redresseur de torts. Il a curieusement surgi des bas-fonds du PP, le Parti Populaire (droite gouvernementale). Vengeur du peuple inattendu et sans doute malgré lui, Luis Barcenas, ex-trésorier de ce PP FranciscoFrancophile, colle les étiquettes "mensonge" et "corruption" sur le front du président du PP et du gouvernement de l'Espagne, Mariano Rajoy, désormais fragilisé malgré sa majorité absolue.

Politiquement, l'important n'est pas que le rédempteur Barcenas porte les mêmes étiquettes et dise ou non la vérité, mais qu'après avoir été trompés par Rajoy les Espagnols soient en majorité heureux de croire ce que dit son ancien trésorier. Que 86% des sujets de plus en plus républicains du roi Juan Carlos n'aient pas ou n'aient plus confiance en Rajoy, selon l'institut Metroscopia, ne dément pas cette perception.

Pour mieux comprendre, un brin d'histoire immédiate. Le 30 décembre 2011, huit jours seulement après la prestation de serment de son gouvernement, Mariano Rajoy, vainqueur des législatives de novembre, décrétait une forte hausse d'impôts. En campagne électorale et même dans son discours d'investiture devant le Congrès des députés, il avait pourtant écarté un nouveau saignement des contribuables.

L'austérité se renforçait parallèlement à la fiscalité. "Ces mesures ne sont que le début du début" prévenait sans pudeur, le même 30 décembre, la vice-présidente et porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. Effectivement, depuis, Rajoy a piétiné d'autres promesses préélectorales, dont celles aussi solennelles que de ne pas sabrer les budgets de l'éducation et de la santé et de maintenir l'indexation des retraites sur l'inflation.

Réductions salariales, confiscation de plusieurs milliards d'euros d'épargne privée (dossier des "participaciones preferentes"), nouvelles hausses d'impôts supplémentaires et libéralisation du marché du travail pour faciliter les licenciements complètent le panorama, si antisocial qu'il en devient antisystème en démocratie, dessiné en à peine un an et demi par Mariano Rajoy et son PP, sous les applaudissements du patronat, de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.

Et cela sans résoudre le problème capital du chômage, passé de 22,85% à 27,16 % de la population active (57,2% parmi les moins de 25 ans), soit plus de 6,2 millions de chômeurs, dont 929.100 imputables fin mars aux 15 premiers mois de l'ère Rajoy, selon l'estimation trimestrielle de l'Institut national de la statistique. L'embauche touristique du printemps et de l'été n'offre, comme chaque année, qu'un répit temporaire.

Fraude électorale

Pour la crédibilité de Mariano Rajoy et du PP, l'essentiel n'est pas de convaincre que le déficit public hérité du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero obligeait à alourdir la fiscalité et l'austérité en Espagne. L'essentiel est plutôt d'accréditer que le chef de la droite et son équipe ignoraient au moment de leurs promesses électorales l'ampleur du déficit qu'il allaient devoir gérer. Sur ce point, M. Rajoy peine à convaincre, d'autant que les problèmes budgétaires dits imprévus surgirent essentiellement des gouvernements régionaux, dont le PP contrôle la plupart, et de la déconfiture de Bankia, banque née de la fusion de caisses d'épargne régionales, les principales, celle de Madrid et de Valence, étant aussi dominées par le PP.

En somme, les Espagnols, comme le reflètent le mouvement des Indignés, l'opposition parlementaire, des médias indépendants (quotidiens El Pais et El Mundo) et les réseaux sociaux Facebook et Twitter sont légions à s'estimer victimes d'une fraude électorale perpétrée par Mariano Rajoy. Il aurait, à leurs yeux, remporté les dernières législatives grâce à des promesses qu'il savait ne pas pouvoir tenir et qu'il renia dès son investiture.

Ne cessant depuis de répondre aux critiques en invoquant la légitimité que lui auraient conférée les urnes, le chef du gouvernement amplifie l'impression qu'il prend les Espagnols pour des demeurés n'ayant droit qu'au silence entre deux convocations électorales.

C'est dans ce contexte que se développe l'affaire Barcenas. Gérant puis trésorier du PP durant 28 ans, Luis Barcenas, dont la justice a découvert qu'il fit transiter jusqu'à 48 millions d'euros sur des comptes en Suisse, est poursuivi pour son implication présumée dans une vaste affaire de corruption, baptisée "Gürtel", qui empoisonne la droite depuis 2009. Mais l'ancien trésorier est surtout au centre d'une autre enquête, ouverte fin janvier, sur la possible existence d'une comptabilité occulte au sein du PP, dont auraient profité financièrement plusieurs de ses hauts responsables, dont Mariano Rajoy et la secrétaire générale du parti, Maria Dolores de Cospedal.

N'entendant pas chuter seul, l'ex-trésorier, en prison préventive depuis le 27 juin, s'est décidé à impliquer un parti et un gouvernement qui l'auraient lâché. Lors de sa comparution du 15 juillet devant le juge d'instruction Pablo Ruz, il lui a remis la comptabilité parallèle du PP qu'il a affirmé avoir tenue pendant près de vingt ans. Il a en outre filtré à la presse des copies authentifiées de messages SMS échangés avec Mariano Rajoy, qui reflètent l'intimité, au moins jusqu'en mars dernier, des relations entre les deux hommes.

Menace de censure et effondrement de la valeur électorale du PP de Mariano Rajoy

Au-delà de gratifications illégales et/ou non déclarées au fisc octroyées, selon la comptabilité B de Luis Barcenas, à M. Rajoy et à l'état-major du PP, en espèces dans des enveloppes qu'ils prétendent n'avoir jamais reçues, le grand déballage de l'ex-trésorier pourrait mettre la justice sur la piste d'une éventuelle corruption institutionnelle à grande échelle.

"Luis Barcenas m'a expliqué que durant au moins ces vingt dernières années, le PP s'est financé de manière illégale, en recevant des donations en espèces de constructeurs et autres chefs d'entreprise qui, à leur tour, obtenaient des adjudications et des contrats des administrations gouvernées par le Parti Populaire", écrivait en effet le 7 juillet le directeur du journal de centre droit El Mundo, Pedro J. Ramirez, dans un compte-rendu de quatre heures d'entretien avec M. Barcenas peu avant son incarcération.

Alfredo Perez Rubalcaba, secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), principale force d'opposition, réclame la démission de Mariano Rajoy et le menace d'une motion de censure s'il ne s'explique pas sur l'affaire Barcenas à la tribune du Congrès des députés. Cette initiative se briserait sur la majorité absolue du PP, mais elle pourrait nuire davantage à l'image du chef du gouvernement.

Que les socialistes soient eux-mêmes confrontés à la justice dans une autre affaire de corruption en Andalousie ne réduit pas le discrédit de M. Rajoy et de son PP. Car ce sont eux qui prêchent et imposent une fiscalité et une austérité radicales après avoir promis le contraire. Et qu'une corruption éventuelle leur permette de se soustraire à l'austérité subie par le commun des contribuables est en période de crise économique aiguë une hypothèse insupportable renforcée par l'affaire Barcenas.

Une affaire explosive dans la mesure où, indépendamment du cours de la justice, nombre d'Espagnols veulent croire Luis Barcenas, l'érigeant implicitement en bras vengeur inespéré pour faire payer à Mariano Rajoy sa présumée fraude électorale. "Un 83% croit que le PP a reçu de l'argent noir et a distribué des enveloppes à ses dirigeants" titre ce dimanche à la une El Mundo en présentant son dernier sondage.

Cible de de la vindicte populaire, de médias nationaux et internationaux dits de référence et même de secteurs de son propre parti, le président du gouvernement espagnol s'en trouve fragilisé.

La valeur électorale de son Parti Populaire, qui n'a jamais aussi mal porté son nom, sera testée au scrutin européen de mai 2014. Elle est réduite dans plusieurs sondages à la moitié de ses 44,6% obtenus aux législatives de novembre 2011. Une descente aux enfers que ne ralentira pas la découverte, grâce aux papiers de Barcenas, de la condition de militant cotisant du PP du président du Tribunal constitutionnel, Francisco Pérez de los Cobos, contrevenant ainsi à l'indépendance de la justice consacrée par la Constitution qu'il est censé faire respecter.


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Mariano Rajoy à Madrid le 22 juillet 2013 (Photo Pool Moncloa)
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SOUS PRESSION, RAJOY S'EXPLIQUERA
ENFIN SUR
L'AFFAIRE BARCENAS

MADRID, mardi 23 juillet 2013 (avec AFP) - Face à la pression qui montait depuis que son nom est apparu dans un scandale de corruption présumée (voir article ci-contre), le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a finalement cédé et annoncé lundi qu'il s'expliquerait dans les jours à venir au Parlement (le 1er août, selon le quotidien ABC).

"Je me présenterai devant le Parlement pour donner toutes les explications" sur la situation du pays, à la fin du mois de juillet ou au début août, a déclaré Mariano Rajoy, répondant à la presse à l'issue d'une rencontre avec son homologue roumain, Victor Ponta.

L'opposition, menée par le Parti socialiste, réclame avec insistance que le Premier ministre conservateur fournisse des explications depuis que son nom est apparu en janvier dans une liste de dirigeants du Parti populaire, qu'il préside depuis 2004, soupçonnés d'avoir touché des sommes non déclarées versées par l'ex-trésorier du parti, Luis Barcenas.

Elle a menacé, s'il persistait dans son silence, de présenter une motion de censure, qui aurait peu de chances d'aboutir, compte tenu de la large majorité parlementaire dont dispose Mariano Rajoy, mais serait potentiellement désastreuse en termes d'image.

Car jamais, depuis que le scandale a éclaté, le chef du gouvernement n'a donné d'explications publiques au pays.

Soupçons, mécontentement et pressions

En février, il avait nié avoir touché de l'argent au noir, dans un discours devant des responsables de son parti. Le 15 juillet, il avait affirmé, déjà lors d'une conférence de presse protocolaire, qu'il ne démissionnerait pas comme le réclame aussi l'opposition.

Mais face aux soupçons qui s'installent, au mécontentement d'une partie de l'opinion publique et aux pressions politiques, la stratégie semble avoir changé. 

"Je souhaite raconter ce qui s'est passé et donner ma version, ce dont je crois que l'ensemble des citoyens a besoin", a répondu lundi Mariano Rajoy, interrogé sur l'attitude qu'il compte tenir face au scandale.

Ces explications porteront "sur la situation économique que vit le pays, avec les nouveaux chiffres que nous connaîtrons à cette date, mais aussi sur la situation politique, et je parlerai du sujet qui vous intéresse", a-t-il ajouté. "Je crois que le moment est venu d'expliquer au Parlement quelle est la situation et le bilan de ce que nous avons fait ces derniers temps".

Mariano Rajoy, en s'expliquant bien au-delà de la seule "affaire Barcenas", espère pouvoir se prévaloir du même coup de chiffres économiques moins pessimistes que ces derniers mois.

Le gouvernement prédit en effet une amélioration sur le front de l'emploi, alors que les chiffres pour le deuxième trimestre sont attendus jeudi, et une sortie prochaine de la récession dans laquelle l'Espagne est plongée depuis 2011.
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